Clichés et préjugés : «Les gens me réduisent à mon handicap.»

Publié le 21 avril 2017 par Franck Seuret
« J'ai dû me battre pour avoir le droit de suivre des études. C'est mon droit de vouloir apprendre et travailler. » © Franck Seuret

PRÉSIDENTIELLE 2017. Xavier Ballery a beaucoup de mal à parler et donc à être reconnu comme un adulte capable de décider et de choisir sa vie. Les préjugés limitent de nombreuses personnes en situation de handicap.

Se concentrer. Déchiffrer. Parfois deviner. Discuter avec Xavier Ballery exige de la patience et de la ténacité. Mais si les mots peinent à sortir de sa bouche, ses pensées, elles, sont fluides et percutantes. « Comme j’ai de gros problèmes pour parler, on ne cherche pas à connaître mes capacités, explique-t-il à l’aide de la synthèse vocale utilisée pour poursuivre l’entretien. Les gens me réduisent à mon handicap. Et on fait des choix pour moi, à ma place. Moi, je veux être entendu. Je ne suis pas un animal. »

14 % des 20 à 59 ans sont en situation de handicap

Le Parisien de 31 ans, atteint d’infirmité motrice cérébrale, « souffre » du regard porté sur lui. Comme de nombreuses autres personnes qui se heurtent aux clichés auxquels est associé le handicap. Les handicaps, devrait-on plutôt dire, tant ce terme recouvre des réalités diverses.

Selon la Drees, le service des études du ministère des Affaires sociales, 14 % des adultes âgés de 20 à 59 ans vivant à domicile, en France, sont en situation de handicap. Soit 4,6 millions de citoyens. Une population aux profils extrêmement variés même si, dans l’imaginaire collectif, la personne handicapée est avant tout en fauteuil roulant, aveugle ou trisomique.

Aucun poste pour les travailleurs handicapés

Cette méconnaissance des situations de handicap demeure associée à une vision réductrice des capacités des personnes concernées. Selon le baromètre de l’emploi de la Fondation Malakoff Médéric handicap, 68 % des employeurs estiment que seules certaines fonctions peuvent être assumées par des personnes handicapées. 7 % considèrent même qu’aucune fonction ne leur est accessible ! Pas étonnant, dans ces conditions, que le nombre de demandeurs d’emploi handicapés batte des records.

Des capacités et pas seulement des incapacités

« Il faut que la société voit les capacités des personnes handicapées et pas uniquement leurs incapacités, témoigne Xavier Ballery. Bien sûr, il y a des évolutions positives. La ville est plus accessible qu’avant par exemple. Mais cela ne sert pas à grand chose si les gens ne me considèrent pas différemment. Je suis un être humain comme eux. » Franck Seuret

Victimes ou surhommes

Les clichés sur le handicap sont alimentés par le traitement médiatique des personnes en situation de handicap. Il oscille entre leur représentation comme victimes, à plaindre, ou comme surhommes, à admirer. Cette seconde tendance s’exprime à plein sur les sujets sportifs, durant les jeux paralympiques notamment, comme l’explique le sociologue Pierre Dufour. « Ce sont des histoires de réussite individuelle qui sont mises en avant. Les questions politiques et sociales sont passées sous silence. Pourtant, les situations de handicap résultent du fait que nous vivons dans une société avant tout conçue par et pour des valides. »

Comment 3 commentaires

Loin d’imaginer chers employeurs que nous ne sommes que des handicapés. Nous avons une tête, sommes bien plus réfléchis que la moyenne et nous essayons toujours d’aller de l’avant.
Sans vous ou avec vous nous irons toujours plus loin car telle est notre volonté.
Nous ne sommes ni des pions ni des gens que vous pouvez manipuler ou regarder du coin de l’oeil.
Non notre force c’est notre confiance et nos valeurs qui sont bien plus utiles que vos : ” nous avons d’autres candidats à évoluer et on vous rappelle”.

bien dit michael.

en reconversion j’ai aussi été confronté aux idiots 2.0 : et oui j’ai “seulement” un bac +2.

alors que j’ai fait des études courtes à cause du handicap…
comme si le dernier diplôme obtenu était une référence ; je me “marre” presque tellement même certains soi disant bien pensants sont bourrés de préjugés.

je comprends cette situation douloureuse :
3/4 sourd, presque aphone, ayant du mal à me concentrer, écrire etc suite à un avc, j’ai pourtant toute ma tête.

j’ai surtout retenu que le handicap est principalement dans le regard des autres.

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Société