Du sirop contre la toux pour lutter contre l’AVC

Publié le 14 juin 2017 par Olivier Clot-Faybesse
Composant des sirops contre la toux, la N-acétylcystélne fragmente les caillots sanguins, débouchant ainsi les artères. © Inserm

Une équipe de chercheurs français vient de démontrer que le principal composant du sirop contre la toux était également capable de déboucher les artères obstruées par un caillot sanguin. Un résultat qui ouvre la voie vers une nouvelle stratégie de traitement des accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Quel rapport entre le fait de soigner sa toux et sa (bonne) circulation sanguine ? A priori aucun. Sauf que comme bien souvent, un médicament a montré un effet positif dépassant le cadre de sa prescription première. C’est, en l’occurrence, le cas d’un des ingrédients de base du sirop contre la toux, la N-acétylcystéine. Ce composant se retrouve dans nombre de sirops (Mucomyst, Exomuc, Fluimucyl…) car il favorise l’expulsion du mucus par les voies aériennes. Il s’agit d’un agent dit mucolytique : son action fluidifie les sécrétions bronchiques et donc aide à l’expectoration.

Nécessité d’agir vite et bien en cas d’AVC

Avec de telles vertus, le choix de cette molécule pour lutter contre la toux s’est imposé comme une évidence. Néanmoins, il s’avère qu’elle possède un second rôle sur l’organisme, encore plus intéressant. En effet, les scientifiques de l’Inserm (Unité physiopathologie et imagerie des maladies neurologiques de Caen) ont récemment mis en évidence ses propriétés anticoagulantes. Ainsi, la N-acétylcystéine aide à dissoudre un caillot sanguin dans une artère.

Or, l’obstruction d’une artère par un caillot sanguin est la première cause de mortalité dans le monde. Appelée thrombose, elle entraîne des accidents vasculaires cérébraux (AVC) avec ischémie (privation d’apport en oxygène et en nutriments du cerveau). Et aussi, des infarctus du myocarde et des ischémies de membre. Lorsque la thrombose survient, il s’agit d’une urgence thérapeutique : le caillot doit être détruit au plus vite afin de rétablir le flux sanguin et éviter des dommages irréversibles.

Une molécule efficace et peu chère à produire

Si la N-acétylcystéine joue un rôle à la fois sur le mucus et sur le caillot, elle le doit à son mécanisme d’action. Elle est capable de casser les liaisons entre molécules. Celles entre les mucines (composantes du mucus) comme celles entre les plaquettes, empêchant ainsi leur agrégation et la formation de caillots sanguins. Encore mieux, cette molécule semble même bien plus efficace que les traitements des AVC ischémiques actuellement disponibles !

De plus, la N-acétylcystéine représente un traitement à bas coût, déjà utilisé dans le monde entier comme médicament contre la toux. Au vu de tous les bénéfices de cette molécule, un essai clinique devrait démarrer très rapidement. O. Clot-Faybesse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.