Troubles mentaux et pathologies physiques : une espérance de vie en berne

Publié le 27 octobre 2017 par Valérie Di Chiappari
Selon l'enquête, les politiques de prévention contre le tabagisme ou les autres addictions ne prennent pas en considération les personnes atteintes de troubles mentaux et d'un handicap en général..

L’espérance de vie des personnes atteintes de troubles mentaux est bien plus basse que celle de la population générale. En cause : des pathologies associées mal prises en charge. Mais aussi des politiques de prévention notamment contre les conduites addictives qui ne les atteignent pas.

Les conclusions de l’étude publiée le 24 octobre par l’Agence Santé Publique France, le nouveau nom de l’Institut de veille sanitaire, sont sans appel. Dans l’Hexagone, on meurt prématurément si l’on est atteint de troubles mentaux. Ainsi, en 2017, l’espérance de vie de la population générale en métropole s’élève à 79,4 ans chez les hommes, 85,4 ans pour les femmes.

En moyenne, vingt ans d’espérance de vie en moins

Mais les hommes atteints de schizophrénie par exemple ont, eux, une espérance de vie de… 55,9 ans, les femmes de 67,6 ans, soit 20 ans de moins en moyenne ! Lorsque les troubles mentaux sont liés à des problèmes d’alcoolisme, l’âge de décès se situe à 59,4 ans pour les hommes, 60,7 pour les femmes.

Les maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité

Plus surprenant encore, les chercheurs révèlent que ces hommes et femmes ne meurent pas principalement de leurs pathologies, ni suite à un suicide. D’autres maladies, mal prises en charge pour ces populations, sont responsables leur mort prématurée. Première cause de mortalité ? Les maladies cardiovasculaires, avec plus d’un quart des décès (27,3 %). Les cancers (18,1 %) et les suicides (11,1 %) arrivent en deuxième et troisième position. Ces personnes s’avèrent aussi davantage victimes de problèmes digestifs (8,6 % contre 4,2 % dans la population générale) ou respiratoires (8,6 % contre 6,4 %).
Pour les auteurs de cette enquête, une conclusion s’impose. Si les personnes atteintes de troubles mentaux font l’objet d’un suivi pour leur pathologie mentale, elles ne sont pas suffisamment prises en charge pour des maladies classiques. Une lacune d’autant plus regrettable qu’elles présentent plus de facteurs de risques. Chez elles, malnutrition, conduites addictives (consommation de tabac, d’alcool, etc.), sédentarité… se révèlent fréquentes.

Dépistage et prévention défaillants chez les personnes handicapées

Au-delà des personnes concernées par les troubles mentaux, cette moindre prise en charge des causes de maladies classiques se retrouve dans la population des personnes handicapées dans son ensemble. Elles sont le plus souvent suivies pour la cause première de leur déficience, motrice par exemple. Mais elles demeurent parfois négligées en matière de dépistage de cancers. Quant aux politiques de prévention contre le tabagisme ou les autres addictions, elles ne les prennent pas en considération.

L’étude a été menée sur toute la France, Dom inclus (Mayotte excepté), de 2000 à 2013. Les causes de 783 403 décès de personnes touchées par une maladie mentale ont été analysées. Avec 55 957 décès avec troubles mentaux par an, ces personnes représentent 10,3 % de l’ensemble des décès sur cette période. Sophie Massieu

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