Violences sexuelles et sexistes : les femmes handicapées aussi

Publié le 24 novembre 2017 par Claudine Colozzi
Chaque mois, le numéro « Écoute Violence femmes handicapées » reçoit une cinquantaine d’appels. Avec une recrudescence depuis l'affaire Weinstein.

25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Une journée avec une résonance singulière cette année, dans un contexte de libération de la parole des femmes au sujet des violences sexuelles et sexistes. L’occasion de rappeler que les femmes en situation de handicap subissent aussi régulièrement ce type d’agressions. 

Longue énumération d’insultes et de comportements indignes… À l’image de beaucoup d’autres témoignages lus ces dernières semaines, celui de Christelle (le prénom a été modifié) fait froid dans le dos. On a pu l’entendre sur BFMTV mercredi 22 novembre. Celle qui s’exprime sous couvert d’anonymat est la deuxième femme à porter plainte contre l’islamologue suisse Tariq Ramadan pour violences sexuelles. Et elle est en situation de handicap.

Dans son récit, elle précise que Tariq Ramadan aurait même donné « un coup dans sa béquille » pour la faire tomber. Puis, il l’aurait « récupérée par les cheveux » et l’enfer aurait commencé. Chronique ordinaire des violences sexuelles insupportables qui n’épargnent pas les plus vulnérables.

Trouver le courage de décrocher son téléphone

Le numéro Écoute violences femmes handicapées figure cette année sur la communication de la ville de Paris.

Depuis les premières révélations dans l’affaire Weinstein et l’apparition des hashtags #balancetonporc et #metoo, on assiste à un phénomène sans précédent. Des victimes qui avaient jusque-là préféré se taire ont décidé de prendre la parole. Les femmes en situation de handicap commencent, elles aussi, à oser se faire entendre.

Comme en témoigne l’association Femmes pour le dire, Femmes pour agir (FDFA) qui tient l’unique permanence téléphonique d’accueil et d’accompagnement juridique, social et psychologique de femmes handicapées victimes de violences voire de maltraitances.

Chaque mois, le numéro “Écoute Violence femmes handicapées”* reçoit une cinquantaine d’appels. « Depuis quelques semaines, nous avons constaté une recrudescence de sollicitations, explique Isabelle Dumont, chargé de mission communication et développement associatif à FDFA. Les femmes en situation de handicap sont portées elles-aussi par le mouvement et trouvent le courage de décrocher leur téléphone. » Une démarche encore moins facile à entreprendre quand on est dépendante d’un proche violent.

Lancé le 9 mars 2015, ce numéro d’appel national, gratuit et anonyme dédié aux besoins spécifiques des femmes handicapées a acquis une notoriété grandissante. Plus de 4 000 affiches ont été envoyées partout en France dans des structures médico-sociales. Via ce numéro, l’association propose un accompagnement spécifique.

Lancer un plan d’urgence anti-violences

En France, trois millions de femmes ont déjà subi – ou subissent encore – du harcèlement sexuel au travail. Chaque jour, 1 500 femmes sont victimes d’agressions sexuelles et plus de 200 sont violées, dans 90 % des cas par une personne de leur entourage. Chaque année, plus de 100 femmes meurent sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon. Les femmes en situation de handicap n’échappent pas à ces statistiques.

La militante féministe Caroline de Haas a lancé une pétition pour inciter Emmanuel Macron à décréter un plan d’urgence contre les violences sexuelles. Parmi les propositions, le doublement immédiat des subventions aux associations accueillant les femmes au téléphone ou physiquement et du nombre de places d’accueil pour les femmes victimes. Se pose alors l’accessibilité de ces centres d’hébergement.

Elle insiste aussi sur la nécessité d’une formation de tous les professionnel.le.s en contact avec des femmes victimes : enseignant.e.s, magistrat.e.s, policier.e.s, gendarmes, professionnel.le. s de santé, notamment de la santé au travail. Claudine Colozzi

* 01 40 47 06 06. Les lundis de 10 heures à 13 heures et de 14h30 à 17h30. Les jeudis de 10 heures à 13 heures.

Vous êtes une femme en situation de handicap et vous avez subi une agression, un acte de harcèlement ou un comportement inacceptable ? Vous avez envie de partager ce qui vous est arrivé, y compris sous couvert d’anonymat. Envoyez-nous un mail à faire-face@apf.asso.fr. Nous vous recontacterons.

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