Parcoursup : les étudiants handicapés seront-ils bien orientés ?

Publié le 21 mars 2018 par Franck Seuret
La candidature des étudiants handicapés risque d'être noyée dans la masse. Or, à la différence des autres candidats, certains ont des besoins spécifiques.

Les procédures d’affectation prioritaire des étudiants handicapés ont été supprimées dans les académies où elles avaient été mises en place. Tout se joue désormais sur Parcoursup, la nouvelle plateforme d’orientation vers l’enseignement supérieur.

La prochaine rentrée universitaire sera-t-elle plus compliquée que les précédentes pour les étudiants handicapés ? La mise en place de la nouvelle plateforme d’orientation post-bac en inquiète plus d’un. Notamment, les lycéens des académies qui avaient mis en place une commission spécifique pour les jeunes en situation de handicap.

Cette dernière examinait le dossier des élèves pour lesquels elle avait été saisie. Si leur handicap ou leur situation médicale le justifiait, elle pouvait alors décider d’une affectation prioritaire. Cette procédure était complémentaire à celle de la plateforme APB, en vigueur jusqu’à la rentrée 2017.

Parcoursup, comment ça marche ?

Les candidats avaient jusqu’au 13 mars pour formuler leurs vœux, dix maximum (ex  : licence de droit) avec pour chacun d’entre eux, la possibilité de choisir différents établissements. Mais ils n’avaient pas à hiérarchiser ces vœux, comme c’était le cas dans APB. À partir du 22 mai, ils recevront les réponses. Dès qu’ils auront reçu deux réponses positives, il faudra choisir entre les deux dans le délai imparti. Au final, ils ne conserveront donc que leur proposition préférée .

« Uniformiser l’accès des étudiants handicapés à l’enseignement supérieur. »

Mais le remplacement d’APB par Parcoursup a sonné le glas de ces commissions. « Nous avons souhaité uniformiser l’accès des étudiants en situation de handicap à l’enseignement supérieur, précise le ministère de l’Enseignement supérieur, contacté par Faire-face.fr. Seules cinq académies avaient en effet une commission spécifique pour ces étudiants, les 25 autres n’en avaient aucune. »

Parcoursup remplace APB.

Jusqu’au 31 mars pour compléter son dossier

Désormais, leur demande sera traitée comme les autres. Ou presque. Les candidats peuvent en effet spécifier, sur la plateforme en ligne, « leur situation de handicap, les besoins qu’ils ont et les demandes particulières qu’ils peuvent avoir vis-à-vis d’une formation » dans une des rubriques d’expression libre (1). Bien que la date limite pour la saisie des vœux était le 13 mars, ils ont jusqu’au 31 mars pour compléter leur dossier.

« Ils peuvent, dans ce cadre, renseigner tous les éléments utiles pour faire connaitre à la formation de leur choix, des particularités liées à leur scolarité et à leur projet de formation, précise le ministère. Les éléments renseignés dans ces rubriques sur Parcoursup seront portés à la connaissance des établissements et seulement d’eux. »

Une situation particulière sans garantie de prise en compte

Pas sûr que cela suffise à justifier les parcours moins linéaires de lycéens handicapés (quatre à cinq années de lycée, un trimestre sans note en raison d’une longue hospitalisation, etc.). A contrario, certains élèves  pourraient être réticents à se montrer transparents sur leurs besoins (prise de notes, etc.), par crainte d’être discriminés, dans les filières en tension, notamment.

Plus fondamentalement, leur candidature risque d’être noyée dans la masse. Or, à la différence des autres candidats, certains étudiants en situation de handicap ont des besoins spécifiques. Que ce soit pour les soins, les transports, l’hébergement… Ils seraient donc en mesure de poursuivre leurs études dans telle ville ou tel établissement mais pas ailleurs. Or, rien ne garantit que leur situation particulière soit prise en compte et qu’ils obtiennent l’affectation nécessaire.

Une procédure de réexamen trop tardive

« Aucun candidat ne sera sans formation à la rentrée 2018, assure le ministère de l’Enseignement supérieur. Une procédure ou un droit de réexamen des candidatures fondées sur la situation de handicap des étudiants sera garantie par le recteur. »

La loi sur l’orientation et la réussite des étudiants instaure en effet le droit au réexamen du dossier d’un candidat lorsque « des circonstances exceptionnelles tenant à son état de santé ou à son handicap » le justifient. Mais il s’agit d’un recours, après les premières phases d’affectation. « Que se passera-t-il s’il n’y a plus de place disponible dans aucun des BTS souhaités par exemple ? », s’inquiète Bénédicte Kail, la conseillère nationale éducation à l’APF.

Une occasion manquée

Le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) avait donc demandé qu’une commission soit instituée dans chaque académie. Elle aurait été chargée d’accorder, ou pas, une affectation prioritaire aux candidats handicapés, en fonction de leurs besoins spécifiques, tout en tenant bien évidemment compte de leurs résultats scolaires. Ce que faisaient, peu ou prou, les cinq commissions académiques supprimées cette année… Franck Seuret

(1) Projet de formation motivé ou éléments liés à ma scolarité.

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