Personnes âgées, handicapées, en prison…. : un webdoc à la rencontre des exclus du sexe

Publié le 11 avril 2018 par Élise Descamps
Détenus, personnes âgées, handicapées, SDF... le webdocumentaire Sexclus ouvre les yeux sur la misère sexuelle de tout un pan de la population.

L’exclusion comporte une facette rarement explorée : la sexualité. Notre société, où le bien-être est érigé en impératif, se préoccupe pourtant peu de celles et ceux qui rencontrent des difficultés pour vivre et faire l’amour de manière apaisée. En prison, en maison de retraite, en hôpital psychiatrique, ou parce qu’ayant un handicap. Des élèves de Sciences-Po Rennes ont enquêté pendant trois mois auprès des exclus du sexe. Ils livrent un webdocumentaire très intéressant, Sexclus, à regarder en ligne.

« Quelquefois, je fais des rêves, comme si j’avais quelqu’un. Je me réveille, comme si j’avais eu une relation sexuelle, alors que je n’ai rien eu. » Yvon, 53 ans, atteint d’infirmité motrice cérébrale, décrit le manque. Il raconte aussi le système D, quand il avait rencontré quelqu’un. Mais alors, il était contraint de faire l’amour sans sortir de son fauteuil, faute d’auxiliaire de vie à l’instant clé.

Les témoignages du webdocumentaire Sexclus sont touchants, concrets, variés. Complétés du regard d’éducateurs, personnels soignants, parents, militants, sociologues, ils exposent parfaitement la problématique de la vie affective et sexuelle des personnes handicapées. La souffrance s’exprime sans fard. Ainsi témoigne Julien : « On vous regarde comme un malpropre, comme un pervers. Moi, cela me fend le cœur. »

 

Mise en avant de solutions, initiatives, prises de position

Des solutions sont exposées, comme l’assistant sexuelle. Ou bien encore cette aide technique, le Handy Lover, facilitant l’acte sexuel. Des initiatives, aussi, comme la formation des personnels de l’IME de Lanester, dans le Morbihan, bien décidés à lever le tabou auprès de ses jeunes déficients intellectuels.

Également mises en avant, des prises de position courageuses, comme ce médecin de l’Agence régionale de santé bretonne, regrettant que la sexualité des personnes handicapées soit encore traitée comme un problèmeL’internaute choisit de cliquer où il le souhaite. Ici, sur une vidéo, là sur un son, là de faire défiler le texte, et de passer d’un thème à un autre, comme on apprivoise, par touches, un sujet complexe.

Des mondes différents, des personnes toujours asexuées

Pourtant, Sexclus n’est pas un énième dossier sur la sexualité des personnes handicapées.Ce webdocumentaire, réalisé par les 14 étudiants du master 2 (bac +5) “journalisme : reportage et enquête” de Sciences-Po Rennes, s’intéresse à tous les exclus du sexe. Et met l’accent sur une société qui se préoccupe bien peu de l’équilibre personnel de ses membres les plus fragiles et les plus contraints.

Sur la page d’accueil, il est possible de choisir d’explorer cinq mondes : celui des handicapés, des détenus, des SDF, des personnes âgées, et des patients d’hôpital psychiatrique. Ils ont en commun d’être vus comme asexués, réduits à leur difficulté de vie. Tous doivent surmonter des obstacles immenses, certes différents selon les situations, pour aimer et le dire avec leur corps.

On découvre les stratégies pour se masturber tranquille, derrière les barreaux, ou l’homosexualité de circonstance. Le faible nombre de lits médicalisés doubles en Ehpad est mis en avant. Tout comme la quasi impossibilité d’avoir un moment à soi, le personnel entrant 20 à 40 fois par jour dans chaque chambre.

Le respect de l’intimité, un enjeu de dignité

Mais, sans céder au voyeurisme, les auteurs du webdocumentaire ont particulièrement réussi à montrer qu’il existe un immense enjeu de dignité. « Le sexe n’est pas qu’une affaire de jouissance et de plaisir. Ce dont nous parlons beaucoup, finalement, c’est tout simplement d’humanité. De la manière dont, vivant à la rue, ils et elles se cachent pour s’aimer. De la violence, qui conditionne la sexualité des détenu.e.s. Des raisons pour lesquelles, avec un corps handicapé, la route de l’amour se cabosse en chemin de croix. De la frustration, lorsque la libido paie le prix du traitement qui soigne un esprit torturé. Ou de la rage, lorsqu’à plus de quatre-vingts ans, on vous rit au nez juste pour vouloir “avoir des rapports”. Pour s’épanouir, il faut batailler. Leur intimité est un combat ». Élise Descamps

Sexclus, webdocumentaire en ligne et gratuit, sur la plateforme Racontr ou sur France 3 Bretagne.

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Comment 3 commentaires

Est ce à cause qu’on handicapé ou invalide doit on faire la croix sur une vie intime dois t’on pour cela être insulter hein

ca dit que les handicapés on doit pas etre vu comme des asexuels, et pourquoi, moi je suis née avec une maladie qui m’a rendue handicapée,avec une lourde maladie neurodegenerative touchant tous les nerfs et muscles de mon corps,au final j’ai tout quu dysfonctionne,que ce soit la rythme respiratoire,cardiaque,digestif,intestinal,meme si je suis valide et que ca se voit pas, et meme sans traitement,puisque je peux en prendre aucun sous peine d’aggravations,je n’ai plu aucune libido,du fait de l’epuisement,et de la douleur chronique,et l’impossiblité depuis l’age de 23 ans d’obtenir du plaisir et des orgasmes,comme j’ai des atteintes de la sensibilité profonde…donc désolé si certaines personnes sentent et peuvent c’est pas le cas de tous les handicapés,et je me considere comme asexuelle, au jour d’aujourdhui,ce n’est pas choisit, c’est certain,mais pourquoi la encore on les discrimine eux aussi.Apres tout 1% de la population est asexuelle,et une personne malade peut l’etre avant,ou le devenir je pense,et la aussi ca devrait etre recu et acceuilli sans tabou,car ca existe.

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