« Fin de vie, le dernier exil », l’euthanasie en débat ce soir sur France 5

Publié le 23 mai 2018 par Corinne Manoury
Monique, 84 ans, a fait son choix. C'est en Suisse qu'elle ira finir sa vie. © Grand Angle Productions.

En mars, un quart des députés a réclamé une nouvelle loi sur la fin de vie. L’euthanasie et l’aide au suicide étant toujours interdites en France, certains se tournent vers la Belgique ou la Suisse pour choisir leur mort. Comme Monique et Hélène que l’on suit dans le documentaire Fin de vie, le dernier exil, diffusé ce mercredi 23 mai dans l’émission Le monde en face.

Pot de départ dans une maison de retraite. Monique, 84 ans, trinque – et ce n’est pas banal ! – à sa mort prochaine. L’ancienne prof de yoga qui avait « un corps très libre » n’en peut plus de sentir qu’il « ne fait plus rien » et vit sous la menace d’un troisième AVC.

Elle ira se suicider en Suisse, assistée par une association, Dignitas, qui assure ce type de “prestation” pour de nombreux étrangers. En Suisse, il n’y a pas de loi. Mais un article du Code pénal autorise l’aide au suicide tant qu’il n’est pas motivé par un « mobile égoïste ».

« Souffrir jusqu’au bout, c’est plus éthique ? »

Hélène s’accroche à la vie mais n’a pas envie d’aller jusqu’aux dernières semaines. © Grand Angle Productions.

Hélène, elle, n’en est qu’au début de son parcours pour mourir en Belgique. Elle a 29 ans, un mari aimant et attentif, une petite fille de bientôt 4 ans… Mais aussi une maladie de Charcot, diagnostiquée un an plus tôt, qui grignote rapidement ses capacités. Quand elle comprend que la fin de vie passe par une détresse respiratoire, c’est « panique à bord !», dit-elle.

« Le seul moment où j’ai réussi à me calmer, à me dire que je n’allais pas mourir étouffée, c’est quand j’ai pensé qu’il y avait des pays qui proposaient un plan B », explique-t-elle avant d’ajouter : « C’est mon corps, c’est moi qui souffre. Je ne vois pas pourquoi on me refuse le droit de choisir ma fin de vie. Souffrir jusqu’au bout c’est plus éthique ? »

« Ne pas accompagner jusqu’au bout serait une lâcheté. »

Ce à quoi, Jean Léonetti, dont la loi encadre la fin de vie en France, répond : « C’est une loi pour ceux qui vont mourir, pas ceux qui veulent mourir. Nous avons les moyens de faire en sorte que la mort soit sereine. »

Tous ne sont pourtant pas convaincus que cela soit suffisant. Ainsi, Bernard Senet, médecin retraité, milite pour le droit à mourir dans la dignité. Il ne se cache pas mais n’a jamais été inquiété. Il a pourtant aidé une soixantaine de personnes à partir. Pour lui, ce serait une lâcheté de ne pas accompagner ses patients jusqu’au bout.

Des systèmes suisse et belge qui posent aussi question

Émily, dépressive, demande l’euthanasie pour la deuxième fois. Un cas qui fait débat © Grand Angle Productions.

Le documentaire d’Aude Rouaux et Marie Garreau de Labarre n’est pas pour autant un plaidoyer pour l’euthanasie. Il constate aussi les limites et dérives possibles des systèmes suisse et belge.

Dans le premier, il serait possible de se “payer” son suicide sans avoir de graves problèmes de santé. Dans l’autre, l’ouverture de l’euthanasie aux personnes dépressives pose question. Comme l’illustre le cas d’Émily, 26 ans, qui en est à sa deuxième demande.

Toujours à la bonne distance, avec parfois des séquences fortes en émotion, le film pose ainsi avec justesse toutes les questions du débat actuel sur la fin de vie.

À voir dans Le Monde en face à 20h50 sur France 5.
La diffusion sera suivie d’un débat animé par Marina Carrère d’Encausse

Comment 4 commentaires

J’ai vu le débat hier et je ne suis pas d’accord avec vous. Ce n’est pas avec justesse que le débat était animé. Il y avait clairement 3 personnes pro-euthanasie et une contre, la malheureuse personne des soins palliatifs qui était systématiquement contré par les autres et ne pouvait en placer une.

Entièrement d’accord. Ce n’était d’ailleurs pas un débat c’était plutôt une soirée en faveur de l’euthanasie!!! Et voilà comment on informe ou plutôt désinforme les gens!!!!

Bonjour, pouvez vous me donner les coordonnés du Dr Bernard Senet ,médecin retraité .Je vous en remercie .

Merci de ne pas publier mon commentaire

La loi du 28 mai 2002

Dès l’adoption de cette loi, le gouvernement belge a autorisé la dépénalisation de l’euthanasie. Cela signifie que cette pratique n’est plus considérée comme un crime. Il ne s’agit toutefois pas d’un droit reconnu au malade tout comme l’euthanasie n’est pas exigible d’un médecin à un autre.

La loi exonère de toute responsabilité le médecin qualifié en la matière qui met intentionnellement fin à la vie d’une personne à la demande de cette dernière.

Cependant, la pratique du droit à l’euthanasie doit respecter certaines conditions, à savoir :

Le patient doit être majeur ou mineur émancipé, capable d’exprimer sa volonté. Pour ce faire, il doit rédiger une demande écrite à son nom. Depuis la loi du 28 février 2014, la procédure est désormais ouverte aux mineurs, mais sous certaines conditions.
Le médecin doit vérifier que le patient n’est soumis à aucune pression extérieure et qu’il a pris sa décision de manière réfléchie.
Le patient doit souffrir d’une pathologie incurable, sa souffrance physique et psychologique doit être insupportable, constante et inapaisable.
Le médecin doit consulter un deuxième médecin, qui vérifiera que toutes les conditions sont correctement remplies. Si le patient n’est pas en phase terminale, l’avis d’un troisième médecin, spécialiste de la pathologie du client, sera obligatoire. Un délai de 1 mois devra être respecté.
Seul un médecin peut réaliser l’euthanasie. À l’issue de la procédure, il devra remplir un formulaire et devra le déposer, sous 4 jours, à la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie.
Les médecins ne souhaitant pas réaliser d’euthanasie peuvent invoquer une clause de conscience. Cette clause découle de la loi belge du 28 mai 2002 énonçant « qu’aucun médecin n’est tenu de pratiquer une euthanasie » et également « qu’il est tenu, à la demande du patient ou de la personne de confiance, de communiquer le dossier médical du patient au médecin désigné par ce dernier ou par la personne de confiance ». En invoquant ce principe, le médecin peut refuser de mettre fin à la vie d’un patient. En outre, une obligation déontologique de renvoi vers un autre médecin intervient, c’est-à-dire que le médecin concerné et qui refuse l’euthanasie communique le dossier à un autre praticien

Arrêtez de dire qu’en Belgique une personne souffrant de dépression a le droit à l’euthanasie ….
Les règles voir si dessus sont sévères et ne permettent pas comme je l’ai entendu en fin d’émission de permettre à la famille de pousser à l’euthanasie. Certaines personnes sur votre plateau m’ont particulièrement énervés pour leurs mauvaises fois ou par leur non connaissance de la réalité. Je suis belge et je me suis renseigné pour l’euthanasie et croyez-moi ce n’est pas si facile que ce monsieur x sur votre plateau voulait bien le laisser croire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.