Elèves handicapés : quatre mois de concertation pour construire une école inclusive

Publié le 23 octobre 2018 par Franck Seuret
L'inclusion scolaire ne se limite pas à l'accessibilité des bâtiments ni à l'accompagnement par des AVS. Cela passe aussi par la formation des enseignants ou des adaptations pédagogiques.

La concertation sur l’école inclusive, lancée le 22 octobre, doit déboucher sur l’annonce de mesures en février prochain. Sur le métier d’auxiliaire de vie scolaire mais aussi sur l’accompagnement pédagogique des élèves handicapés.

Voilà un dossier sur lequel Sophie Cluzel est très attendue. La secrétaire d’État chargée des personnes handicapées a lancé, lundi 22 octobre, la concertation sur l’école inclusive. Aux côtés bien évidemment de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale. Associations de personnes handicapées, collectifs d’auxiliaire de vie scolaire (AVS) et syndicats participeront à ces discussions qui se dérouleront jusqu’à janvier 2019. Le gouvernement annoncera des mesures le 11 février, jour anniversaire de la loi de 2005.

Des milliers d’enfants sans AVS

340 000 enfants handicapés vont à l’école en milieu ordinaire. Parmi eux, 175 000 se sont vu reconnaître, par leur Maison départementale des personnes handicapées, le besoin d’être accompagnés, partiellement très souvent.

Mais l’Éducation nationale peine à répondre à leurs besoins, en temps et en heure. Chaque rentrée scolaire est marquée par des couacs. Selon l’enquête annuelle de l’association Toupi, 12 000 à 15 000 enfants étaient toujours sans auxiliaires de vie scolaire, quelques jours après la rentrée 2018. Et 2 000 à 3 000 n’étaient pas scolarisés, faute d’AVS.

75 000 travailleurs précaires

Il en sera toujours ainsi tant que l’accompagnement des enfants en situation de handicap reposera sur des personnels précaires. Pour assurer ces fonctions d’AVS, l’Éducation nationale emploie en effet soit des contrats aidés (29 000 cette année), soit des accompagnants d’élèves en situation de handicap (45 600 AESH équivalent temps plein).

Mais les conditions de ces AESH ne sont guère attractives. Leur temps de travail ne dépasse pas une vingtaine d’heures, voire moins, car beaucoup sont à temps partiel. Leur rémunération est donc faible (très souvent 600 à 700 € par mois). Et il leur faut enchaîner six CDD avant de pouvoir prétendre à un CDI !

Une promesse d’Emmanuel Macron

Mettre en place « un métier d’AESH attractif avec des perspectives d’avenir » sera donc l’un des « trois axes majeurs » de la concertation. C’est d’ailleurs une promesse de campagne du président de la République. Emmanuel Macron s’était engagé, en 2016, à « pérenniser ces emplois, les stabiliser ». Ce qui passe par « la mise au statut et la rémunération digne de ces professions », avait-t-il annoncé, lors d’un meeting.

L’une des pistes est de « leur permettre d’intervenir comme accompagnants sur les activités éducatives péri- et extra-scolaires des élèves », ont fait savoir Sophie Cluzel et Jean-Michel Blanquer. Les AESH qui le souhaitent pourraient ainsi « compléter leur temps de travail ».

https://www.facebook.com/EmmanuelMacron/videos/1922366361329274/

Adapter les méthodes d’apprentissage

Mais la scolarisation des enfants handicapés ne saurait se limiter à cette question. « Dans le système éducatif actuel, l’accompagnement des enfants handicapés est devenu le principal recours, souligne Bénédicte Kail, la conseillère nationale éducation d’APF France handicap. Mais il ne faut surtout pas négliger la formation des enseignants, l’adaptation des méthodes d’apprentissage… Ce n’est que comme cela que l’école deviendra réellement inclusive. »

Ce sera au menu du premier groupe de travail qui doit plancher sur « les attendus des familles et des associations pour une scolarisation de qualité ».

De l’expérimentation à la généralisation

Le développement des pôles inclusifs d’accompagnement localisés pourrait également contribuer à améliorer l’école inclusive. Ces Pial visent à mieux coordonner les aides humaines et pédagogiques, au niveau des établissements scolaires. Le troisième axe de la concertation portera sur leur mise en œuvre sur tout le territoire.

Depuis la rentrée 2018, chaque académie est en phase d’expérimentation. Un groupe de travail doit élaborer un document « afin de faciliter leur déploiement dès la rentrée 2019 ». Il est temps de passer un cap.

Les députés s’écharpent sur les AVS

Les mesures sur le métier d’AVS seront particulièrement observées, à en croire les récents échanges musclés sur le sujet à l’Assemblée nationale. Une proposition de loi visant a améliorer leur sort avait été déposée, fin août, par Aurélien Pradié, un député Les Républicains. Elle prévoyait, entre autres, de créer un statut unique. Il aurait été aligné sur le régime commun applicable aux contractuels de la fonction publique.

Mais les élus de la République en marche, majoritaires à l’Assemblée nationale, ont adopté, le 11 octobre, une motion de rejet préalable, arguant qu’une concertation aurait bientôt lieu. Le texte n’a donc pas pu être débattu en séance publique. Ce qui a déclenché la colère d’un député de La France insoumise. « Ce vote vous collera à la peau comme une infamie », a vitupéré François Ruffin.

Comment 3 commentaires

Bonjour,

Je suis AESH depuis 2007. Ce métier est formidable excepté la reconnaissance quasi inexistante de notre institution. Afin d’augmenter notre “gros salaire” il est envisagé d’accompagner les enfants sur des activités périscolaires. Pourquoi pas ? Mais il me semble que cela avait déjà été proposé par le gouvernement précédent via l’accompagnement de l’enfant pendant les TAP (Temps d’activité périscolaire) désormais disparus.

Plusieurs questions se posent :

– Qui sera notre employeur ? municipalité, association, Éducation Nationale ?
– Si l’enfant que l’on accompagne ne fréquente pas les activités péri scolaires comment fait-on ?
– Est -ce réellement bénéfique pour l’enfant d’être accompagné en permanence , école, activités extra scolaires alors que l’on travaille sur l ‘augmentation de ses capacités d’autonomie ?

Ce ne sont que quelques questions qui reviennent régulièrement car cette solution déjà proposée, sous couvert d’augmenter notre temps de travail, justifiera l’impossibilité de le faire.

J’espère que mon scepticisme, voire mon pessimisme seront mises à mal et qu’ENFIN l’ETAT nous considèrera comme des professionnels que nous sommes, qu’il fera preuve à notre égard d’une réelle volonté d’inclusion à travers des décisions nous permettant de vivre décemment de ce formidable métier.

Merci

Quand on voit que les enseignants gagnent minimum 1500 euro pour faire le même nombre d’heure. ça me fait vomir. On est dans un système qui marche sur la tête. Les gens qui sont AESH devraient être à 2500€ brut minimum par mois…. Ce sont eux les véritables héros du quotidien des enfants en situation de handicap

Je suis bien d’accord avec toi.
Je trouve que nous gagnons très peu par rapport à notre investissement .
Notre emploi nous demande d’être très patient, de prendre sur nous face à des situations. C’est un grand investissement personnel. Mais, hélas, je trouve vraiment pas normal qu’on soit rémunéré 693€ net pour 24h. On ne peut pas avoir une qualité de vie.
J’espère toujours que l’état va réagir et que les personnes qui dirigent s’interpellent et se disent:” comment peut-on vivre avec 693€/mois”???
De mon côté, ce qui me fait mal au cœur, c’est quand j’écoute le salaire de footballeur qui gagne des millions d’euros/mois. Et moi, j’essaie de vivre avec seulement 693€.
Tous les mois, je fais attention quand je fais les courses. J’achète le minimun, mais même en achetant le minimun, les fins de mois sont difficiles. Et je suis maman de 3 enfants.
Monsieur le Président, faites bouger les choses.

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