L’entrepreneuriat, une piste pour l’emploi des personnes handicapées?

Publié le 21 novembre 2018 par Sophie Massieu
À l’heure où plus de 510 000 personnes handicapées sont inscrites à Pôle emploi, créer son activité faute d’en trouver une devient un nouveau credo.

Créer son emploi pour lutter contre le chômage de masse des personnes en situation de handicap. Voilà une invitation largement relayée pendant cette édition 2018 de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Mais il reste des freins et obstacles, que même la ténacité des créateurs ne suffit pas toujours à contourner.

Ils sont encore relativement peu nombreux mais font de plus en plus parler d’eux. Eux ? Les TIH : travailleurs indépendants handicapés. Ils seraient quelque 75 000, chiffre avancé dans les derniers cahiers conjoints du cabinet Handiréseau, de Humanis et du Comité national coordination action handicap (CCAH).

À l’heure où plus de 510 000 personnes handicapées sont inscrites à Pôle emploi, créer son activité faute d’en trouver une devient un nouveau credo. Mais peut-être davantage dans les mots que dans les faits. Depuis 2010 en effet, relèvent les mêmes auteurs, le nombre de créations d’entreprises soutenues par l’Agefiph reste stable, à hauteur de 3 000 par an.

L’accès au prêt et à l’assurance : deux freins importants

« On n’observe pas de boom de l’entrepreneuriat des personnes handicapées parce qu’il reste plusieurs freins importants, note Dominique Du Paty, directrice du cabinet Handiréseau. Les deux principaux : l’accès au prêt et à l’assurance. On demeure très éloignés des besoins. »

Ce que confirme Deza Nguembock, fondatrice, en 2011, d’Esthétique et handicap, une agence parisienne de communication et d’événementiel, spécialisée en responsabilité sociale des entreprises et handicap. Elle a renoncé à recourir à l’emprunt et a investi ses fonds personnels dans sa SARL. Celle-ci compte cinq salariés. « Lorsque j’ai sollicité un prêt, j’ai eu des demandes de bilans de santé. Une position discriminante qui n’a pas lieu d’être. J’ai fait sans. »

Résilience personnelle et gestion d’entreprise

À l’inverse, le Niortais Louis Gibert confie n’avoir pas eu de difficulté à convaincre des partenaires de le suivre. Mais il a bénéficié, en amont, d’un parcours d’accompagnement à la création BGE. En 2014, il a ainsi créé H2S, Handi service sport, une boutique de vente, location et conception sur mesure de matériel médical et paramédical. « Il faut travailler et croire en son projet », résume ce battant pour qui tout semble simple. Ancien patron d’une entreprise de couverture de toitures, un accident du travail l’a rendu paraplégique. Louis Gibert planche actuellement sur la fabrication d’un fauteuil roulant de sport qui coûterait seulement 1 000 € au lieu de 3 000 environ actuellement.

« Les besoins diffèrent selon que l’entrepreneur monte une première structure ou était déjà en activité avant la survenue d’un handicap ou l’arrivée d’une maladie », commente Xavier Doublet, chef de projet chez TIH business, plateforme de mise en relation entre travailleurs indépendants handicapés et donneurs d’ordres. Les nouveaux créateurs d’entreprise sont les moins nombreux à les solliciter. L’accompagnement consiste alors à les aider à définir leur offre. Les seconds ont davantage besoin de reconquérir une clientèle, de se réorganiser… pour rebondir au plus vite.

Une résilience personnelle qui se retrouve dans la gestion de l’entreprise. Frédérique d’Arras, animatrice territoriale pour BGE sud-ouest, accompagne chaque année de nombreux entrepreneurs, avec ou sans handicap. Son expérience dans l’étude de faisabilité, la structuration et le suivi des projets entrepreneuriaux au sein de ce réseau national associatif d’appui à l’entrepreneuriat, lui font observer : « Les entrepreneurs handicapés sont excessivement tenaces. » Et ce même si, parfois, des contraintes de santé les conduisent à aménager leur temps de travail.

Des outils pour ouvrir sa boîte

Faire Face a consacré un dossier complet aux créateurs d’entreprise en situation de handicap. Parce que se lancer demande beaucoup d’énergie et une grande connaissance du marché. Comment procéder ? Par qui se faire accompagner ? Quelles aides financières solliciter ? Est-il possible de cumuler revenus du travail et prestations ? Le dossier Faire Face de novembre-décembre 2017 vous donne toutes les clés pour monter votre société.

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