Kalune, chanteur engagé, en tournée

Publié le 5 juin 2019 par Élise Descamps
Damien, alias Kalune, chante l'urgence écologique et le respect des hommes. © DR

Son rap-slam-chanson s’accompagne d’un violon. Il prône l’autosuffisance et fait chanter par la foule un hommage à la dernière ourse des Pyrénées. Atypique dans le paysage musical actuel, Kalune et ses quatre roues sont tout l’été en tournée en France. Rencontre avec le leader du groupe, Damien, 38 ans.

Faire Face : Vous vous produisez au Café de la Danse ce vendredi 7 juin à Paris. Quel a été jusqu’à maintenant votre parcours d’auteur-interprète ?

Kalune : Je viens de sortir mon premier album solo, Amour, résolument écolo, avec la violoniste Anaïs Laffon. Et Kalune fait une tournée de 40 dates en France durant toute l’année 2019.

Auparavant, je suis passé par plusieurs groupes de rap et chanson : Ketama, Kaëm, Les Gueules de Wab. J’écris depuis tout petit. Je me suis mis au rap pour chanter mes poèmes, avant même l’accident de ski qui m’a rendu paraplégique à 14 ans.

À 15 ans, j’ai fait ma première scène en première partie de Jacques Higelin, déjà avec des textes engagés. Parallèlement, entre 16 et 20 ans, j’ai fait partie de l’équipe de France de ski handisport. Mais c’est dans l’écriture et la culture que je me suis ouvert au monde.

Entre résistance et utopie

F-f.fr : Vous vous définissez comme anti-capitaliste, anarchiste, écologiste radical. Se dégage de vos chansons un grand élan de fraternité. Tout cela en fauteuil roulant mais sans porter la cause du handicap. Atypique, non ?

Kalune : Oui, je me situe à mi-chemin entre résistance et utopie. Le divorce de mes parents à neuf ans, le suicide de mon père à 13 ans, mon accident m’ont sans doute rendu très sensible aux injustices de ce monde. Peu à peu j’ai naturellement orienté mes combats vers la plus grande injustice : celle subie par notre planète.

Nous avons besoin d’un changement radical et absolu de société, fondée sur l’amour, pas l’exploitation de la terre et des hommes. C’est pourquoi j’ai écrit l’hymne du mouvement Alternatiba ou que la photo de la pochette de mon dernier album a été prise devant des CRS, lors d’une manifestation de gilets jaunes.

Sur le handicap, il y aurait beaucoup à dire. J’ai écrit Toute ma différence il y a quelques années. Dans une chanson actuelle, je remercie mes quatre roues de m’emmener partout. Mais je ne tiens pas à en dire plus. Cela peut choquer, mais moi qui habite Paris, je préfère chanter mon idéal en communauté rurale, avec une vie de partage, les mains dans la terre, que de me battre pour une dalle en béton accessible.

Scènes penchées et toilettes sèches

F-f.fr : Il n’empêche que la vie d’artiste en fauteuil n’est pas une sinécure, n’est-ce pas ?

Kalune : Si vous saviez le nombre de projets d’écriture pour des interprètes, dans de grandes maisons de disques, qui n’ont pas abouti faute de studios accessibles ! En tournée, c’est terriblement galère. J’ai dû investir beaucoup dans un camion adapté. Il y a quelques jours, dans un festival, la scène était penchée de trois degrés et je n’arrêtais pas de partir en arrière, ce qui m’empêchait de mener mon show comme je le voulais.

Les hébergements adaptés sont aussi difficiles à trouver. Il nous faut une troisième personne pour porter tout le matériel. Sur les Zad (zones à défendre), dans les festivals aux toilettes sèches, l’hygiène n’a rien d’évidente quand je dois me sonder. Et je n’ai pas le droit de cumuler AAH et statut d’intermittent du spectacle, alors que côté ressources, c’est la catastrophe.

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