École inclusive : du soutien scolaire pour les enseignants

Publié le 2 septembre 2019 par Franck Seuret
Le plan pour une école inclusive contient plusieurs mesures qui devraient assurer davantage de soutien aux enseignants : équipes mobiles d'appui, plateforme de ressources en ligne, etc.

Le ministère de l’Éducation nationale semble vouloir aider les enseignants à mieux répondre aux besoins des élèves en situation de handicap. Mais pour le spécialiste de l’inclusion scolaire, Alexandre Ployé, ces mesures ne suffiront pas si le système éducatif ne se transforme pas en profondeur.

L’inclusion scolaire ne se fera pas sans les enseignants. Une évidence ? Sans aucun doute. Pourtant, jusqu’à présent, les quelque 870 000 professeurs ont été les oubliés de ce mouvement de fond lancé en 2005. Il se sont retrouvés soumis à l’impératif, légitime, d’inclure les élèves handicapés. Mais beaucoup se sont sentis désemparés, car livrés à eux-mêmes, sans mode d’emploi. Le plan 2019-2022 pour « créer un grand service public de l’école inclusive » marque-t-il un réel tournant ? Il contient plusieurs mesures qui devraient leur assurer davantage de soutien.

Des équipes mobiles pour conseiller les enseignants

Des équipes mobiles d’appui médico-social vont être déployées sur tout le territoire, après l’expérimentation menée par 60 équipes en 2019. Elles auront, entre autres, pour mission de conseiller les enseignants rencontrant des difficultés avec un élève en situation de handicap.

De plus, la plateforme Cap école inclusive leur proposera « des ressources pédagogiques simples, immédiatement utilisables en classe ». Elle leur permettra également de contacter des professeurs-ressources.

Par ailleurs, un « cahier des charges » va définir les « contenus de la formation initiale spécifique concernant la scolarisation des enfants en situation de handicap ». Ce qui garantira que tous les enseignants disposent des mêmes bases.

Seulement dix heures de formation aux processus d’apprentissage

Alexandre Ployé a consacré des recherches à l’école inclusive.

« Le véritable enjeu, c’est le nombre d’heures qui seront consacrées à ce sujet et ce qui y sera enseigné », souligne Alexandre Ployé. Ce maître de conférences à l’Université Paris-Est a consacré des travaux de recherche à l’inclusion scolaire, dont il défend le bien-fondé. « Dans mon université, cette formation se limite à vingt heures pour les futurs enseignants, poursuit-il. Dont dix heures seulement consacrées aux processus d’apprentissage. »

« Un pansement sur une jambe de bois. »

Et les équipes mobiles d’appui médico-social ? « C’est un pansement sur une jambe de bois, estime-t-il. Même lorsqu’elles seront toutes déployées, combien d’enseignants pourront en bénéficier ? Et ce qu’elles pourront leur apporter restera très limité. Le ministère de l’Éducation nationale met en œuvre l’inclusion scolaire avec une économie de moyens qui est cohérente avec sa pénurie de ressources mais pas avec l’enjeu de ce projet. »

Les élèves handicapés dedans et dehors à la fois

Plus fondamentalement encore, c’est la manière même dont est pensée l’inclusion en France qui pose problème, selon Alexandre Ployé. « Les pays qui font figure de modèle ne se sont pas contentés d’amender le système scolaire à la marge. Ils l’ont revu de fond en comble. Ils ont remis en cause les programmes, les normes scolaires habituelles… Tant que l’on restera dans notre logique actuelle d’évaluation et d’orientation, de nombreux enfants en situation de handicap ne trouveront pas réellement leur place à l’école. Ils seront dedans et dehors à la fois. L’inclusion scolaire reste aujourd’hui un processus inachevé. »

Les Pial, autre nouveauté de la rentrée

Plus de 3 000 pôles inclusifs d’accompagnement localisé (Pial) doivent être mis en place dès cette année. Leur mission principale : coordonner les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). À l’échelle de plusieurs établissements, qu’il s’agisse d’écoles maternelles et élémentaires ou de collèges et de lycées.

« Cette gestion de proximité apportera certainement plus de souplesse, analyse Bénédicte Kail, conseillère nationale éducation d’APF France handicap. Ce nouveau dispositif peut donc être intéressant à condition que ce soient les besoins de l’ensemble des enfants qui déterminent le volume d’heures d’accompagnement dont dispose le pôle et non pas le contraire. Sinon, les Pial devront se contenter de gérer la pénurie. »

Pour plus d’informations, consultez cet article de Faire-face.fr. Il pointe notamment le risque que les notifications d’AESH individuelles deviennent l’exception et les AESH mutualisées, la norme.

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