Jacques Chirac : un engagement fort au service de la politique du handicap

Publié le 26 septembre 2019 par Franck Seuret
Trois lois majeures concernant le handicap ont été adoptées alors que Jacques Chirac occupait les plus hautes fonctions. © Patrick Kovarik / APF

Jacques Chirac vient de décéder jeudi 26 septembre. Cette figure de la vie politique française aura marqué de son empreinte la politique du handicap. Et pas seulement lors de son double mandat présidentiel.

« Je voudrais marquer ce quinquennat par trois grands chantiers, mais qui ne sont pas de pierre. » Le 14 juillet 2002, deux mois après sa réélection à la présidence de la République, Jacques Chirac dresse les priorités de son second mandat. Elles portent ainsi sur l’insécurité routière, le cancer et « les handicapés qui, en France, n’ont pas encore trouvé leur place convenablement de façon digne ».

L’expression n’est pas très heureuse. Mais en février 2005, le Parlement adopte la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Le texte instaure de nouveaux droits. En matière de compensation notamment.

Deux lois fondatrices en 1975 et 1987

Jacques Chirac vient de s’éteindre, ce jeudi 26 septembre, à l’âge de 86 ans. Son engagement dans la politique du handicap sous-tend son parcours politique. Il est en effet premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing lors de la précédente “grande loi”. Dite d’orientation en faveur des personnes handicapées, elle est adoptée le 30 juin 1975.

Et lors de son second passage à Matignon, de 1986 à 1988, il appose sa signature au bas d’un autre texte fondateur : la loi du 10 juillet 1987 en faveur de l’emploi des personnes handicapées. Elle oblige en effet toutes les entreprises de vingt salariés et plus à employer au moins 6 % de personnes en situation de handicap. Celles qui ne respectent pas ce quota sont tenues de verser une contribution à un nouvel organisme : l’Agefiph.

L’expérience personnelle du handicap

Que ces trois lois majeures aient été adoptées alors que Jacques Chirac occupait les plus hautes fonctions ne doit rien au hasard. L’homme politique a été personnellement confronté au handicap. Sa fille, Laurence, née en 1958 et décédée en avril 2016, souffrait, depuis ses 15 ans, d’anorexie mentale.

Œuvrer pour la réconciliation nationale

« Mais Jacques Chirac n’a pas œuvré pour la loi de 2005 parce qu’il était concerné en tant que père, précise Marie-Anne Montchamp, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées de 2004 à 2005 et actuelle  présidente de la Caisse nationale de la solidarité pour l’autonomie (CNSA). C’était un homme politique avant tout. Il l’a fait parce qu’il était sûr que cela aurait un impact sur la réconciliation nationale qu’il souhaitait, dans un esprit gaulliste. Il voulait lutter contre les fractures françaises. Et, pour lui, il ne pouvait y avoir de société française apaisée si ce sujet des personnes handicapées exclues restait ignoré. Pour lui, c’était crucial d’agir sur la citoyenneté, sur le “faire société”. »

« Jacques Chirac, un grand homme qui a œuvré politiquement à l’avancée des droits des personnes en situation de handicap et ainsi contribué à l’émergence d’une société plus inclusive et solidaire, souligne, pour sa part, Alain Rochon, président d’APF France handicap. Impliqué aussi sur le terrain puisqu’il est le seul président en exercice à s’être déplacé à un congrès de notre association, en 2003, à Toulouse. »

Une fondation, vingt établissements

Dans son département de cœur, la Corrèze, Jacques Chirac s’était également engagé en faveur des personnes handicapées. À la manière dont cela se faisait encore au début des années 70, c’est-à-dire en favorisant la création de structures d’accueil.

Aujourd’hui, la Fondation Jacques Chirac gère une vingtaine d’établissements. Lors d’un discours sur la politique en faveur des personnes handicapées, prononcé juste après l’adoption de la loi de 2005, il fera d’ailleurs pudiquement référence à « sa longue expérience, dans ce domaine, depuis plus de trente ans ».

 

 

Comment 3 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.

Sujets :
Société