« Invalide, je n’ai pas les moyens de me faire soigner les dents. »

Publié le 11 octobre 2019 par Franck Seuret
Virginie Buissette : « Là, je m'inquiète pour trois dents de devant qui sont en mauvais état. Si je ne peux plus sourire, cela va devenir dur moralement. » © Franck Seuret

La vie de Virginie Buissette est lourdement affectée par les dizaines d’allergies dont elle souffre. Pour faire soigner ses dents, elle doit suivre un protocole particulier mais la CMU ne le prend pas en charge. Consciente qu’une mauvaise dentition est un marqueur social, elle ne peut néanmoins faire face à une lourde dépense et se sent « mise hors système ».

« Si je ne peux plus sourire, cela va devenir dur, moralement. » Faute d’argent, Virginie Buissette est dans l’incapacité de se faire soigner correctement. Infections après infections, les dentistes ont été progressivement contraints de lui arracher des dents. Huit au total, au fond de la mâchoire.

« Et là, je m’inquiète pour trois de devant qui sont en sale état », lâche-t-elle consciente qu’une mauvaise dentition est un marqueur social stigmatisant. « Tout ça à cause de mes allergies et des règles trop restrictives de la Couverture maladie universelle (CMU) », résume-t-elle.

Des allergies toujours plus nombreuses

Depuis qu’elle a vingt ans, Virginie Buissette développe de nombreuses allergies alimentaires, de contacts, respiratoires… La liste s’étoffe un peu plus chaque année. Et rend ainsi sa vie toujours plus compliquée. Impossible de continuer à exercer son métier de croupière, dans le cercle de jeux où elle travaillait. Ou de cuisiner pour ses trois enfants.

Des métaux interdits dans la bouche

Même soigner une simple carie n’est pas chose aisée. « Mes allergies font qu’il est impossible de me mettre des métaux dans la bouche et d’utiliser certains produits classiques, explique-t-elle. Il faut suivre un protocole particulier… que la CMU ne prend pas en charge. » 

Des dents et un devis de 11 190 €

Aujourd’hui, pour restaurer sa dentition, Virginie Buissette devrait débourser 11 190 €. Un reste à charge impossible à régler pour cette Tarnaise de 42 ans, qui a pour ressources sa pension d’invalidité, l’allocation supplémentaire d’invalidité et l’allocation de solidarité spécifique, versée aux demandeurs d’emploi en fin de droits. Soit 1 300 €/mois au total.

Impossible d’emprunter pour faire soigner ses dents

Elle était prête à s’endetter pour pouvoir payer ce devis de 11 190 €. « Mais aucun établissement n’accepte de m’accorder un crédit au vu de mes ressources. Ni pour soigner mes dents, ni pour créer une activité professionnelle adaptée à mes allergies. Depuis que je suis en invalidité, j’ai l’impression d’avoir été mise hors système. On me laisse tout juste le droit de pourrir progressivement. »

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N’oublions pas que nous sommes aussi privés de CMU ou d’Aide à la complémentaires (ACS) si nous faisons partie du groupe le plus lourdement handicapé. 860 E (AAH) + 179 E (complément de ressources) en soi donne un total qui rend les personnes éligibles aux aides. Mais, depuis Macron, le calcul a été revu de façon à rajouter une somme fictive aux revenus pour pénaliser ceux qui vivent indépendamment. si on veut des soins, il faudrait accepter de se faire institutionnaliser. Horreur!

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