Le manque d’accessibilité met tous les Français en grande difficulté

Publié le 29 janvier 2020 par Franck Seuret
55 % des Français estiment qu'il n'est pas facile de se déplacer avec les transports en commun. L'arrivée du tramway, comme ici à Caen, offre toutefois une solution 100 % accessible. ©Bmazerolles

Près de 9 personnes sur 10 rencontrent aujourd’hui des obstacles dans leurs déplacements, selon une récente consultation Ifop-APF France handicap. Le manque d’accessibilité n’impacte donc pas que les Françaises et les Français en situation de handicap.

Les questions de mobilité animent la campagne municipale, dans de nombreuses villes de France. Ça tombe bien car il y a du retard à rattraper, à en croire les résultats de l’enquête sur l’accessibilité menée par l’Ifop pour APF France handicap, dévoilés ce mercredi 29 janvier.

Une consultation pour mesurer le ressenti des habitants sur la facilité à se déplacer, se loger ou bien encore à accéder aux commerces, aux loisirs…, là où ils habitent. 

Un constat et un combat communs

Près de neuf répondants sur dix (86 %) déclarent ainsi rencontrer, au moins de temps en temps, des difficultés d’accessibilité lors de leurs déplacements. Et près de six sur dix y sont souvent confrontés (57 %).

Logiquement, les personnes en situation de handicap font davantage état de difficultés (souvent, pour 67 %). Mais la problématique n’épargne pas pour autant celles sans handicap (souvent, pour 33 %). Particulièrement, lorsqu’elles se déplacent régulièrement avec des poussettes (souvent, pour 72 %).

12 000 répondants, une thématique au cœur des préoccupations

C’est l’un des enseignements essentiels de ce sondage ou plutôt une confirmation. « Nous le martelons depuis des décennies : l’accessibilité concerne tout le monde, pas seulement les citoyens en situation de handicap, » insiste Alain Rochon, le président d’APF France handicap. La forte mobilisation démontre d’ailleurs l’intérêt que les Françaises et les Français portent à ce sujet.

Près de 12 000 ont répondu au questionnaire mis en ligne par l’Ifop, au dernier trimestre 2019 . Une consultation « inédite par son ampleur », selon l’institut de sondage. Parmi eux, quasiment un quart (23 %) ne sont pas concernés par le handicap.

 

La voirie, cible de vives critiques 

Trottoirs étroits, bateaux trop hauts, voitures omniprésentes… : c’est la voirie qui concentre le plus de critiques. Près de trois répondants sur quatre en sont insatisfaits (72 %). Et 65 %, chez les seules personnes valides.

Les transports en commun ? Ce n’est guère plus brillant. Plus d’une personne sur deux (55 %) estime qu’il n’est pas facile de se déplacer en bus, en métro… Dans les communes rurales, c’est encore pire. Plus de sept habitants sur dix (72 %) se déclarent insatisfaits des services de transport.

Par ailleurs, 60 % des répondants ont éprouvé des difficultés pour trouver un logement adapté à leurs besoins. Et la loi Élan, qui a divisé par cinq le quota de logements accessibles dans les immeubles neufs, ne va pas améliorer les choses.

Coincés en campagne

Dans les communes rurales, plus de sept habitants sur dix (72 %) se déclarent insatisfaits des services de transport. Un chiffre beaucoup plus élevé que sur l’ensemble des répondants (55 %).

« Sans véhicule, on est coincé, dans le hameau où j’habite », témoigne l’un d’entre eux.  Plus d’une personne sur deux vivant en milieu rural regrette d’ailleurs l’inexistence de transports spécialisés pour les usagers à mobilité réduite. Cette proportion tombe à une sur dix dans des agglomérations de plus de 100 000 habitants.

Un testing aux résultats édifiants

Ce ne sont pas les agendas d’accessibilité programmée (Ad’ap) qui vont suffire à inverser la tendance. Tout établissement recevant du public est censé se mettre aux normes en effectuant les travaux programmés dans son Ad’ap. Or, un testing mené par APF France handicap dans les Pays-de-Loire a dévoilé une réalité édifiante. Sur 442 établissements s’étant déclarés accessibles, seuls 14 % ne présentent aucune non-conformité majeure à la réglementation.

Pour une véritable politique publique de l’accessibilité…

À quelques jours de la clôture de la conférence nationale du handicap, le 11 février, APF France handicap lance un appel au président de la République et au gouvernement. « Nous demandons la mise en place d’une véritable politique publique de l’accessibilité. Avec des mesures incitatives et des mesures répressive, à la hauteur de l’enjeu. »

Les préfectures doivent déclencher un plan de contrôle et appliquer enfin les sanctions prévues par la loi. L’association réclame aussi le retour au 100 % de logements accessibles. Certaines villes ont déjà pris cette résolution.

… et des plans de mobilité municipaux

De plus, elle veut impliquer les futurs élus municipaux. Elle les invite à réaliser un plan municipal de mobilité. Objectif : évaluer tous les obstacles liés au déplacement et financer leur élimination. Il faut également qu’ils améliorent l’offre de transport spécialise, déficiente.

Mais aussi qu’ils recensent systématiquement les logements accessibles. Qu’ils favorisent l’implantation de maisons de santé aux normes. Qu’ils assurent l’accueil des enfants handicapés dans tous les lieux de la petite enfance. Un beau programme municipal.

Comment 3 commentaires

Le manque d’accessibilité en milieu rural entraîne l’isolement : la misère sociale, culturelle, intellectuelle, médicale… et par la même la désertification de nombre de nos territoires. Il contraint ainsi le handicap au moins bien vivre en ville. C’est une vrai souffrance pour la personne handicapée … une double peine supplémentaire !!!

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