« Avec le service civique, j’ai pris conscience que je pouvais être utile aux autres. »

Publié le 5 février 2020 par Corinne Manoury
Pendant neuf mois de service civique, Guillaume Bourdiaux a œuvré à rompre l'isolement des aînés et des familles avec un enfant handicapé. Notamment via des sorties et beaucoup d'écoute.

En 2018, Guillaume Bourdiaux entame un service civique au sein de l’association Unis Cité. En binôme, il rend visite à des personnes âgées et des familles d’enfants en situation de handicap. Aujourd’hui, ce jeune homme de 22 ans atteint d’infirmité motrice cérébrale se forme à l’animation en Ehpad. Heureux d’avoir trouvé sa voie.

« J’avais commencé un DUT Carrières sociales. Mais des problèmes de santé m’ont contraint à l’interrompre. Je me suis orienté vers le droit, mais ça ne m’a pas plu. C’est alors que ma conseillère, à la Mission locale, m’a parlé du service civique. De cette possibilité de s’investir dans une mission d’intérêt général.

Ça me tenait à cœur d’intervenir auprès de personnes en situation de handicap. Nous avons donc balayé les différentes missions possibles. Et d’octobre 2018 à juin 2019, j’ai rendu visite à des enfants atteints de trisomie ou autistes ainsi qu’à des personnes âgées.

Des journées adaptées pour concilier travail et soins

Deux jours auprès des jeunes à les divertir, les écouter et échanger avec leurs parents. Deux jours auprès des aînés, à se promener dans Montpellier, aller avec eux au café, écouter leurs souvenirs. Et le lundi en formation.

Ma coordinatrice a joué un rôle très important. En organisant les visites de manière à ce que je puisse honorer mes rendez-vous médicaux. Avec des journées moins lourdes qu’à l’université, j’ai finalement mieux pris soin de moi. Elle m’a aussi souvent rassuré. M’occuper d’enfants handicapés me renvoyait à ma propre enfance. Et puis, j’avais parfois peur de mal m’y prendre.

Travailler en équipe, sans discrimination ni barrière

Il m’est également arrivé de craindre que les parents soient mécontents que leur enfant me soit confié. Je boîte et j’ai une paralysie du côté gauche. Une adolescente trisomique, qui s’était retrouvée en fauteuil suite à un AVC, préférait d’ailleurs que ma binôme la pousse. Elle devait me trouver moins efficace. Dans ce cas, la coordinatrice a renforcé notre binôme d’une troisième personne.

Mon service civique m’a permis de prendre conscience que je pouvais être utile aux autres. Depuis toujours, je me sentais plutôt un poids, notamment pour ma famille. Là, j’étais actif, je travaillais dans une équipe de neuf personnes, sans discrimination, sans barrière… C’est ça, la vraie richesse du service civique !

J’ai aussi constaté que les personnes âgées étaient souvent seules alors qu’elles ont tant de choses à nous transmettre. Du coup, j’ai entrepris une formation en alternance. Un brevet professionnel d’animateur social, en travaillant aussi à mi-temps dans un Ehpad. »

Davantage de volontaires en situation de handicap pour la rentrée 2020

Seuls environ 6 000 (1,5 %) des 400 000 jeunes aujourd’hui engagés dans un service civique sont en situation de handicap. Un pourcentage que l’État et l’Agence du service civique aimeraient voir grimper jusqu’à 2,5% à la rentrée 2020. Pour y parvenir, l’Agefiph et l’association Unis Cité viennent de lancer une expérimentation dans six régions pilotes.

Dans chacune d’elles, un référent handicap a été désigné. L’expérimentation prévoit des formations au handicap et de l’information sur les aides Agefiph ainsi que des échanges de pratiques. Parmi les objectifs poursuivis, une meilleure accessibilité du service civique, une meilleure préparation des professionnels accompagnant les jeunes durant leur service civique ainsi qu’une étude d’impact du service civique sur le développement de compétences et l’insertion professionnelle.

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