Chloé, étudiante tétraplégique, lance une cagnotte pour financer son AVS

Publié le 26 février 2020 par Claudine Colozzi
Les plans d’accompagnement prévus par les universités concernent uniquement les aides à l’apprentissage : assistant de communication, aide à la prise de note, aide au travail en bibliothèque…

Étudiante en situation de handicap à Sciences Po Grenoble, élève brillante, Chloé, 21 ans a décidé d’ouvrir une cagnotte en ligne. Histoire de continuer de financer le salaire de son auxiliaire de vie scolaire. Une situation qui soulève incompréhension et indignation. Tout en pointant les limites du dispositif d’accompagnement actuel.

Sur la page de sa cagnotte Leetchi, elle se présente avec simplicité et franchise. « Je m’appelle Chloé, j’ai 21 ans et je suis étudiante en première année à Sciences Po Grenoble. À ma naissance, mon cerveau a manqué d’oxygène. J’ai une paralysie cérébrale qui, chez moi, s’est traduite par une tétraplégie sans usage de parole. Pour faire bref, je suis donc totalement dépendante pour tous les gestes quotidiens. Mais également pour ma communication orale. »

Malgré cela,  Chloé a suivi toute sa scolarité, décroché son bac avec mention très bien. Et surtout, elle a réussi le concours d’entrée à Sciences Po Grenoble en 2019. Un parcours exemplaire. On imagine aisément combien de « murs d’incompréhension, de peurs et d’absurdités administratives » Chloé et ses parents ont dû faire tomber.

Stressée de vivre dans cette insécurité financière

Si la jeune fille a pris la parole dans l’espace public depuis quelques jours, c’est pour alerter sur son besoin d’une AVS pour continuer sa scolarité et l’accompagner au quotidien. En effet, les plans d’accompagnement prévus par les universités, qui fonctionnent généralement bien pour la majorité des étudiants en situation de handicap, ne concernent que les aides à l’apprentissage (assistant de communication, aide à la prise de note, aide au travail en bibliothèque…).

Mais pas les aides humaines nécessaires à l’accomplissement d’actes de la vie quotidienne : aide pour manger, boire, aller aux toilettes… Dans ce cas, les étudiants doivent faire une demande à la MDPH pour une prestation de compensation (PCH) individuelle d’aide humaine.

Interrogée par France Bleu Grenoble, la maman de Chloé s’inquiète. « Nous avons dû embaucher Aziza, l’AVS, qui la suit depuis cinq ans, depuis le lycée. C’est 25 000 euros par an. La fondation de Sciences Po nous a aidés pour cette année, il manque encore 10 000 euros. Mais quid de l’année prochaine ?

C’est un stress de vivre dans cette insécurité financière. Il est impensable que Chloé ait fait tous ces efforts pour que ça se termine comme cela ! Et nous, ses parents, on n’a pas les moyens de faire face à une telle dépense. »

Chloé interpelle Brigitte Macron

AFP France handicap demande une évolution du dispositif d’accompagnement dans les études supérieures pour que les besoins en aide humaine soient couverts. Quant à Chloé, elle a choisi d’interpeller Brigitte Macron. «  J’en appelle à vous pour faire bouger les choses, pour moi et tous les étudiants handicapés en galère. Je ne veux pas arrêter mes études en raison des oublis de l’État. »

À lire sur Francebleu.fr

Pour aider Chloé, vous pouvez vous rendre sur la page de sa cagnotte Leetchi.

Comment 3 commentaires

Bravo à Chloé, quel courage ! J’espère que son geste fera réfléchir Madame Cluzel…

Je me permets une remarque: On ne devrait plus dire “AVS” depuis la circulaire de 2017.

Le terme actuel est AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap). Il permet de définir un nouveau cadre de travail. Les AESH font parti des équipes pédagogiques (aides humaines, pédagogiques, éducatives, médicales). L’acronyme AESH permet de renforcer l’appartenance à la communauté éducative ; il permet également de s’inscrire dans un projet professionnel. La loi du 26 juillet 2019 pour une École de la confiance apporte une vraie reconnaissance des conditions d’emploi des AESH (toujours pas au niveau des salaires).

Nous sommes encore loin d’un statut pérenne (pas assez d’heures, manque de reconnaissance, manque de formations) mais nous nous battons pour que cela change. La plupart des AESH, j’en fais partie, on un niveau BAC et + encore. Je suis attristé d’entendre beaucoup de fausses-vérités à propos de notre travail.

philippe, animateur pour enfants et AESH dans le 47 (il n’y a pas que des femmes)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.