Municipales – Anita Fatis, ex-championne handisport : « Un peu comme une compétition.»

Publié le 11 mars 2020 par Élise Descamps
En Moselle, Anita Fatis a accepté de participer à la liste du maire sortant, divers droite. © Élise Descamps

Huitième sur la liste du maire sortant de Thionville, en Moselle, le divers droite Pierre Cuny, Anita Fatis aborde sa potentielle élection comme un nouveau défi. La candidate handicapée, ex-championne de natation, est atteinte de la sclérose en plaques.

« J’ai hâte d’y être, c’est une nouvelle aventure pour cinq ans, ça va être super. » Ex-championne de natation handisport, enchaînant les défis (plusieurs treks dans l’Himalaya en 2018 et 2019), Anita Fatis, 56 ans, est dans les starting-blocks… pour les élections municipales. Handicapée, elle candidate en huitième position sur la liste du maire sortant de Thionville (Moselle) Pierre Cuny (ex-LR, désormais DVD).

Suffisamment bien placée pour envisager avec quasi-certitude de siéger dans le prochain conseil municipal de cette ville de 40 000 habitants. Un moment qu’elle attend avec fébrilité.

« Pendant la campagne, on s’entraîne et dimanche, on va nager la course !»

« C’est un peu comme une compétition. Pendant la campagne on s’entraîne, et dimanche, on va nager la course ! » Elle commente ainsi tout sourire son engagement, au local de campagne où elle a passé une bonne partie de ses journées ces dernières semaines.

« Les gens passent, m’encouragent, me soumettent des questions concernant le handicap… Je constate qu’il y a une demande. » Elle qui pensait se consacrer au sport verrait finalement d’un bon œil la délégation au handicap. « C’est là que les gens ont besoin de moi. Du fait que je sois en fauteuil, ils oseront davantage venir me voir. »

Candidate à gauche puis à droite

L’aventure politique avait pourtant mal commencé. « En 2014, le candidat de gauche m’avait proposé d’être sur sa liste. J’avais longuement hésité puis accepté. Nous avons été élus dans l’opposition. » Mais furieuse, elle démissionne après le premier conseil municipal. « Contrairement à ce qu’il m’avait promis, il ne m’a pas laissée libre de mes positions. »

La maire (LR, décédée en cours de mandat, et remplacée par Pierre Cuny) lui offre alors de participer à la Mission handicap. Anita Fatis se rendra à ses réunions durant tout le mandat. Elle se familiarise avec les compétences municipales et les équipes. Et elle lance ses premiers projets, comme le mois du sport, chaque année en octobre, pour les personnes en situation de handicap.

Les 43 membres de la liste de Pierre Cuny, DVD, à Thionville. © DR

Tenir une permanence mensuelle sur le handicap

Naturellement, elle accepte de figurer sur la liste adverse cette fois-ci. « À vrai dire, j’ai toujours eu le cœur à droite. » Mais elle n’est pas encartée. « L’essentiel au plan local, c’est le bon sens, et travailler avec une bonne équipe, or les membres de cette liste sont formidables. »

Se sent-elle comme un faire-valoir ? « Pas du tout ! J’ai participé aux réunions où était élaboré le programme, j’ai donné des idées dans tous les domaines. » Parmi ses projets : tenir une permanence mensuelle sur les questions de handicap ou encore augmenter le montant de l’amende pour stationnement sur place réservée aux personnes handicapées.

Assumer ses problèmes cognitifs

Elle sait déjà qu’elle devra composer avec sa maladie, la sclérose en plaques. « Je n’ai plus de poussées mais je suis fatiguée et j’ai des douleurs au quotidien. Je sais que mes problèmes cognitifs me vaudront de perdre le fil de la conversation, de mal écrire parfois. J’assumerai, j’expliquerai. Le maire sortant est tout à fait au courant et m’a rassurée. »

Pendant neuf ans et jusqu’aux JO de Rio, en 2016, Anita Fatis a pratiqué le sport de haut niveau.© Élise Descamps

Sa force de caractère, Anita la doit à son parcours d’avant la maladie – passée de serveuse à maître d’hôtel en gravissant les échelons de l’hôtellerie – puis à la maladie. « Mon premier combat a été contre les médecins, pour qui mon hémiplégie survenue à 26 ans était psychosomatique. J’avais alors deux enfants en bas âge, je venais de suivre 18 mois de formation. Je n’avais aucune raison de m’inventer une maladie. »

Le sport ? C’est son mari qui l’a poussée à s’y remettre et elle se découvre un talent pour la natation. Neuf années de haut niveau (elle terminera sa carrière aux JO de Rio en 2016) synonymes de bonheur, d’adrénaline, mais aussi de frustration et de rage.

Témoigner de son parcours

En parallèle, elle entraîne le club de natation handisport de Thionville. Elle parcourt aussi la France avec l’association qu’elle a créée début 2018, Activités Sep. Objectif : soutenir les malades et donner des conférences où elle témoigne de son parcours. Comme dans son livre, La maladie m’a emmenée aux jeux.

Elle monte actuellement un projet d’envergure : “une Maison de la Sep” pour la Lorraine. Et elle mène un autre lobbying auprès des autorités, pour l’autorisation et le remboursement de traitements à base de cannabis, comme le Sativex. 

Comment agir dans sa municipalité ?

Sans aller jusqu’à se présenter aux élections, participer à la vie de sa commune, c’est possible ! Mais comment s’y prendre ? Comment se faire entendre ? C’est le thème du dossier du magazine Faire Face de mars-avril.

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