Municipales – En situation de handicap, ils sensibilisent les candidats

Publié le 12 mars 2020 par Élise Descamps
À Clermont-Ferrand, sur la place de Jaude, tous les candidats ou leurs représentants sont montés en fauteuil. ©APF France handicap Puy-de-Dôme

Les personnes en situation de handicap ne sont-elles pas les mieux placées pour sensibiliser les candidats aux municipales à leurs envies et besoins dans la ville ? Durant cette campagne, de nombreuses initiatives ont ainsi vu le jour. Focus sur trois d’entre elles.

Mises en situation, en Auvergne

Ces derniers jours les candidats aux municipales à Clermont-Ferrand, Riom, Moulins et Montdore ont mouillé le maillot ! Les délégations APF France handicap du Puy-de-Dôme et de l’Allier les ont tous invités – sauf ceux du Rassemblement national – à s’asseoir dans un fauteuil roulant. Et chaque fois, des adhérents en situation de handicap ont construit le programme.

Ainsi, à Clermont-Ferrand, rendez-vous sur la place la plus fréquentée, la place de Jaude, puis consignes à respecter. Par exemple : aller au tabac, boire un café, s’acheter un vêtement…

À Riom (Puy-de-Dôme) les candidats ont testé le centre-ville en fauteuil. ©APF France handicap Puy-de-Dôme

« Ils sont tous venus. Entre deux consignes, nous discutions réglementation, manipulation du fauteuil, missions des services municipaux… J’ai senti un intérêt sincère de leur part. L’un d’entre eux a failli tomber. L’entendre et le vivre n’a rien à voir. », se réjouit Michèle Quatresous, chargée de l’accessibilité à la délégation.

À Moulins – où l’accessibilité est très en retard – mercredi 11 mars, les candidats se sont carrément vu remettre un scénario : « Vous êtes un nouvel habitant, vous avez perdu votre téléphone, vous devez aller à la police… » Mais voilà, le poste de police n’est pas accessible. Les territoires ruraux n’ont pas été oubliés avec Montdore, bourg touristique de montagne.

Les militants ont enfin filmé chaque candidat qui s’est confié sur cette expérience. Des témoignages mis en ligne sur sa page Facebook.

Débats au foyer, en Seine-Saint-Denis

À Villepinte, des résidents handicapés mentaux et psychiques de deux établissements de Vivre et devenir – Foyer Saint-Louis et Résidence accueil de Luppé – ont reçu, tour à tour, quatre des neuf candidats au cours du dernier mois.

« Ils avaient donc préparé les questions et demandes. Les candidats ne venaient pas présenter un programme, mais les écouter. Les résidents ont compris qu’ils avaient des choses à dire », raconte Viviane Tronel, de Vivre et devenir.

À Villepinte, les candidats ont écouté les résidents des deux établissements Vivre et devenir. ©DR

Parmi les sujets inattendus soulevés : le manque de distributeurs bancaires à proximité ou l’envie d’une fête des voisins. Lors de la venue du candidat LREM, il a proposé d’intégrer un des résidents dans sa liste. L’un d’entre eux a répondu à l’appel. Elies Ouadah sera candidat dimanche sur la liste de Fabrice Scagni. « J’ai toujours voulu faire de la politique. Je suis heureux de porter la voix des personnes handicapées. », commente Elies.

Rencontres et une pétition, en Bretagne

Mais le cadre associatif n’est pas une condition sine qua none à l’action. Habitant de Plougastel-Daoulas, à côté de Brest, Bernard Kerdraon, ayant des difficultés de marche suite à une paralysie cérébrale à la naissance, a interpellé seul les quatre candidats. Fin janvier, il rencontrait chacun d’entre eux durant une bonne heure et leur remettait ses dix propositions pour une presqu’île handi-accueillante.

Twitt de la tête de liste “Ensemble à gauche”, à Plougastel-Daoulas.

Parmi celles-ci, faire d’une école de la commune de 13 000 habitants un véritable exemple d’école inclusive. En demandant le label “école associée de l’Unesco”. Ou encore désigner un.e élu.e délégué.e aux droits et à la citoyenneté des personnes en situation de handicap.

Des idées dans le droit fil de ses travaux de recherche doctorale sur “les indicateurs de l’inclusion des personnes en situation de handicap sur les territoires en Europe”.

À Plougastel-Daoulas, Bernard Kerdraon a été reçu par tous les candidats. ©Alain Prigent

Parallèlement, il est allé aux réunions publiques des candidats et à la rencontre des salariés de plusieurs structures, comme la mairie, pour leur expliquer les difficultés et besoins. Pour associer d’autres habitants à sa démarche, Bernard Kerdraon a lancé une pétition qui a récolté 335 signatures.

« Je suis ravi : les quatre candidats m’ont remis des engagements écrits sur mes propositions. L’un a organisé une soirée débat dédiée au handicap. Des habitants concernés sont également venus vers moi. J’espère constituer un groupe d’habitants experts. »

Comment agir dans sa municipalité ?

Sans aller jusqu’à se présenter aux élections, participer à la vie de sa commune, c’est possible ! Mais comment s’y prendre ? Comment se faire entendre ? C’est le thème du dossier du magazine Faire Face de mars-avril.

 

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