Municipales – Candidat handicapé, Alexandre Ribeiro dit oui à Cenon

Publié le 13 mars 2020 par Franck Seuret
Cenon en commun, la liste menée par Alexandre Ribeiro (au centre), est constituée de militants de La France insoumise, de Gilets jaunes, de syndicalistes et de « citoyens non encartés ».

Alexandre Ribeiro, atteint d’infirmité motrice cérébrale, se présente aux élections municipales à Cenon, en Gironde. Dans cette ville de 25 000 habitants, il a organisé des assemblées citoyennes pour constituer une liste et un programme humaniste, écologiste et démocratique.

« Je veux prendre le pouvoir au lieu de quémander à des politiciens qui n’écoutent que les élites. » Voilà des années qu’Alexandre Ribeiro milite et manifeste. Contre la loi travail, pour le climat, avec les Gilets jaunes… « Mais cela n’est pas très productif », constate-t-il amèrement.

Il a donc décider de changer de braquet. Et « de présenter une liste citoyenne avec des valeurs écologiques, démocratiques et humaines » pour les élections municipales. À Cenon, une ville de 25 000 habitants, attenante à Bordeaux.

« La société condamne tous ceux qui sont hors normes. »

Alexandre Ribeiro s’est activement engagé au sein des Gilets jaunes. © DR

C’est là que vit ce jeune père de famille de 27 ans, qui se déplace en fauteuil roulant électrique et a des difficultés d’élocution. En situation de handicap depuis sa naissance, il connaît d’expérience « l’exclusion à laquelle la société libérale, injuste et brutale, condamne tous ceux qui sont hors normes ».

Les citoyens handicapés bien sûr, mais aussi les travailleurs précaires, les personnes étrangères… « Bien que je sois titulaire d’un BTS comptabilité, je n’ai pas décroché un seul entretien d’embauche en raison de mon handicap », déplore-t-il.

Pour le bien commun et la solidarité

« Notre société est malade, pointe-t-il. Elle est déchirée entre ceux qui arrivent de moins en moins à joindre les deux bouts et ceux qui possèdent 80 % des richesses de ce monde. L’individualisme et le néo-libéralisme croissent de manière aveugle au détriment du bien commun, de la solidarité et du lien humain. »

Sa liste et son programme, Alexandre Ribeiro les a constitués au fil des assemblées citoyennes qu’il a organisées dans sa commune. « Au début, nous étions quatre. Et puis nous avons réussi à faire venir des personnes qui ne voulaient plus entendre parler de politique. » Aujourd’hui, Cenon en commun est constituée de militants de La France insoumise, de Gilets jaunes, de syndicalistes et de « citoyens non encartés ».

30 % de logements sociaux dans chaque nouvel immeuble

Le programme de cette « liste atypique » repose sur « trois valeurs fondamentales ». D’abord, « une place digne dans la société pour tous sans exclusion ». Ce qui suppose notamment de disposer d’un toit. Cenon en commun imposera donc 30 % de logements sociaux dans chaque nouvel immeuble.

Elle défend également « la protection de l’environnement et des animaux » : zéro plastique à la cantine, développement de l’agriculture urbaine, etc. Enfin, elle veut mettre en œuvre « la démocratie horizontale », basée, entre autres, sur des référendums locaux.

Ses problèmes d’élocution sont « un réel frein »

Alexandra Ribeiro est la tête de liste de Cenon en commun. « Mes problèmes d’élocution sont un réel frein dans ma vie de tous les jours. Et plus encore en campagne électorale, reconnaît-il. Mais nous sommes une liste à gouvernance démocratique et participative. Donc les rôles sont vraiment partagés. Mes colistiers se chargent des interviews et des discussions avec les citoyens. Moi, je fais le travail de l’ombre, sur le fond des dossiers. »

Refus d’être mis dans une case

Mais c’est bien lui qui apparaît au premier plan sur les affiches ou dans le clip de campagne ci-dessous. « Ma candidature est un acte politique pour dénoncer les normes de la société, les cases dans lesquelles chacun d’entre nous, handicapé ou pas, devrait rester assigné. On verra bien le 15 mars à 20 h si les gens sont prêt à voir quelqu’un de différent à la tête de la mairie. »

Comment agir dans sa municipalité ?

Sans aller jusqu’à se présenter aux élections, participer à la vie de sa commune, c’est possible ! Mais comment s’y prendre ? Comment se faire entendre ? C’est le thème du dossier du magazine Faire Face de mars-avril.

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Société