Design inclusif : APF France handicap et SEB, c’est bien et au service de tous

Publié le 22 septembre 2020 par Franck Seuret
Designer du groupe SEB, Kenza Drancourt (au centre, de face), lors d’un atelier de création avec des personnes en situation de handicap. Partir de leurs besoins spécifiques permet d’améliorer l’usage de tous. © Franck Seuret

Au bout d’un an de collaboration, le groupe mondial SEB et APF France handicap viennent de publier un guide pour concevoir des objets et services accessibles à tous. De nombreux adhérents de l’association, en région lyonnaise, ont participé à cet ambitieux projet. 

Observation et pointage des blocages, solutions collectives, prototypes et évaluation à domicile. Quatre phases au cœur du Good Design Playbook. © Franck Seuret

« C’est en nous impliquant, et pas seulement en pensant à notre place, que la société deviendra accessible. » Julia Boivin en avait la conviction. Sa participation à l’élaboration du Good Design Playbook, avec d’autres personnes en situation de handicap, l’a encore renforcée. Ce guide des bonnes pratiques de conception pour rendre les objets et les services du quotidien accessibles à toutes et tous vient tout juste de sortir. Après une grosse année de travail.

Le fruit d’un partenariat entre le groupe SEB et APF France handicap, financé par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).

Un leader mondial de 30 marques, une association de 100 000 acteurs

D’un côté, le leader mondial du petit électro-ménager. À la tête d’un portefeuille de trente marques , son siège est basé sur le Grand Lyon. De l’autre, APF France handicap, l’une des plus grandes associations de personnes handicapées. Forte de ses 100 000 salariés, adhérents, bénévoles, élus…répartis sur tout le territoire, notamment la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Les personnes handicapées fortes de leur expertise d’usage

Le Good Design Playbook est un guide de conception conçu pour servir dans d’autres secteurs : l’automobile vs la voiture autonome par exemple. © Franck Seuret

Le groupe SEB et APF France handicap avaient candidaté ensemble dans le cadre de l’appel à projets sur le design social lancé par la CNSA en 2018. En effet, les deux partenaires sont complémentaires. Le premier emploie des designers aux compétences reconnues. Le second peut mobiliser des personnes handicapées.

Expertes de leur quotidien, elles restent ainsi les mieux placées pour imaginer des améliorations sur les usages de tous les jours que les professionnels concrétiseront ensuite. Une personne amputée d’un bras, par exemple, partage les mêmes difficultés qu’une autre s’étant cassé un poignet ou portant un bébé.

De besoins spécifiques à une utilité pour tous

« Partir des besoins qui paraissent les plus spécifiques permet d’améliorer l’expérience de tous », résume Kenza Drancourt, designer du groupe SEB. Pour le groupe international, le design inclusif peut, notamment, être une réponse au vieillissement de la population qui oblige à repenser la manière de concevoir les produits.

Pour APF France handicap, l’accessibilité universelle constitue un combat de longue date. « Aujourd’hui, c’est une urgence, pointe Hervé Delacroix, administrateur de l’association et coordinateur national d’APF Lab handicap et nouvelles technologies. L’impératif du développement durable nous impose de développer des objets pensés pour tous et qui soient donc plus à même de durer. »

Les personnes handicapées co-créatrices

« Le but du Good Design Playbook était de mettre au point un guide de conception utilisable par d’autres, précise Colin Lemaître, en charge de ce projet chez APF France handicap. Pour le concevoir, il nous fallait un cas pratique. Nous avons donc fait plancher des personnes handicapées et des professionnels sur la cuisine, un domaine à la fois convivial et vital. » «

Nous avons utilisé les méthodologies de design centrées sur l’utilisateur, complète Kenza Drancourt. Mais nous avons adapté ces outils pour que les participants en situation de handicap puissent pleinement prendre part aux quatre phases de conception. »

La première, c’est l’observation des utilisateurs. Elle permet de détecter des points de blocage dans les usages du quotidien. Puis vient la phase d’idéation pour imaginer, collectivement, des solutions. Dans la phase de prototypage, les designers sélectionnent quelques-unes des idées pour les matérialiser en produits ou en services. Reste alors à les faire évaluer, à la maison, par des personnes handicapées notamment. « Ce qui m’a plu, c’est d’être devenu acteur du processus de création », se réjouit Jacques Montfollet, un adhérent d’APF France handicap sollicité pour le projet.

Des perspectives dans tous les domaines

« Pour nous, il y a là un véritable enjeu business, souligne Kim Helmbold, le vice-président design du groupe SEB. Notre PDG a d’ailleurs demandé à ce que des gammes complètes, et pas seulement quelques produits, s’appuient sur ce principe d’inclusivité. J’espère que notre exemple va être repris par nos concurrents. »

Hervé Delacroix voit encore plus grand. « L’expertise des personnes handicapées peut s’avérer extrêmement utile dans tous les secteurs. L’automobile de demain, par exemple, ce ne sont pas les conducteurs qui sont les mieux placés pour l’imaginer mais ceux qui, aujourd’hui, se trouvent dans l’incapacité de conduire. Les concepteurs de voiture autonomes l’ont bien compris. Ils nous ont déjà approchés pour travailler avec eux. »

En accès libre

Le Good Design Playbook est disponible sur https://apf-conseil.com/good-design-playbook. Vous y trouverez également des informations complémentaires et des vidéos.

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