Au festival de Marseille, les jumeaux Clément et Guillaume Papachristou questionnent l’altérité

Publié le 22 octobre 2020 par Claudine Colozzi
Les jumeaux Clément et Guillaume Papachristou partagent l'amour du spectacle vivant. © Baptiste Le Quiniou

Clément et Guillaume Papachristou, âgés de 32 ans, sont jumeaux. Clément est acteur et metteur en scène. Guillaume, atteint d’infirmité motrice cérébrale, pratique le théâtre et la danse en amateur. Dans le spectacle Une tentative presque comme une autre qu’ils ont créé ensemble, ils se servent de leur histoire singulière pour entamer un dialogue avec le public. Après une première en Belgique, le spectacle est présenté les 23 et 24 octobre au festival de Marseille.

Faire-Face.fr : Comment est née l’idée de ce spectacle ?

Clément Papachristou : Tout est parti de l’envie de maintenir le lien entre nous. Nous sommes Marseillais, mais depuis une dizaine d’années, je vis en Belgique. Nous avons en commun d’aimer le spectacle vivant. C’est sur ce terrain que nous avons choisi de nous retrouver. Une manière aussi de renouer avec nos jeux d’enfance. Nous montions déjà des spectacles de théâtre ou des émissions de radio.

Nous nous sommes servis de notre grande complicité pour co-signer la mise en scène, accompagnés bien sûr de toute une équipe artistique. L’idée est de partager un moment avec le public autour de notre histoire singulière de gémellité.

F-F.fr : Parlez-nous de votre frère…

C. P : Guillaume vit à Marseille. Handicapé moteur depuis sa naissance, il se rend quatre jours par semaine dans une maison d’accueil spécialisé (Mas) des quartiers nord pour y recevoir des soins et y réaliser des activités artistiques. Il pratique la danse et le théâtre depuis des années. Quand je lui ai parlé de l’idée de ce spectacle, il a tout de suite été partant.

Comment trouver la bonne distance face à l’autre qui vous ressemble?

F-F.fr : Que raconte Une tentative presque comme une autre ?

C. P : L’idée est de témoigner de la vie de Guillaume en tant que personne en situation de handicap. Mais aussi de parler de ce lien particulier qui existe entre nous. Nous interrogeons la gémellité sur laquelle se greffe le handicap. Comment trouver la bonne distance face à l’autre qui vous ressemble, mais qui reste une personne différente ? Comment ne pas être trop éloigné ou trop proche ?

Nous voulons aussi montrer au public les capacités de nos corps différents. La richesse qui naît de notre différence. Je suis né à côté de ce corps. Nous nous connaissons très bien. Nos sensibilités se répondent.

F-F.fr : Comment le public a-t-il réagi lors des premières représentations ?

C. P : Je crois qu’il y a une appréhension au départ, voire un sentiment de gêne, notamment de ne pouvoir comprendre ce qui dit Guillaume. Mais très vite les spectateurs constatent que son élocution n’est pas un obstacle. Nous partageons un moment tous ensemble joyeux et sensible.

F-F.fr : Que vous a apporté à l’un et à l’autre cette expérience ?

C. P : Être vu comme un homme à part entière, ça n’a pas de prix quand on est en situation de handicap. Sur scène, nous sommes sur le même pied d’égalité. Et Guillaume rayonne ! De mon côté, ces retrouvailles scéniques m’ont permis de m’interroger sur la culpabilité que je pouvais ressentir à m’être éloigné, à être moins présent dans sa vie. Ce spectacle permet de se libérer de beaucoup de poids. Y compris pour le public dans le regard qu’il porte sur le handicap.

Une tentative presque comme une autre de Clément et Guillaume Papachristou est à voir au festival de Marseille les 23 et 24 octobre à 19h (Fiche La belle de mai – La Cartonnerie).

 

 

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