Bilal Hamdad : quand la peinture évoque le handicap

Publié le 23 novembre 2020 par Claudine Colozzi
Bilal Hamdad représente des personnages enfermés dans leur individualité, dans leur isolement. © H Gallery

Parce que la trisomie 21 est peu représentée en peinture, Barbès-Rochechouart, l’œuvre du peintre Bilal Hamdad, interpelle. L’un des trois personnages attire notre attention. Exposée il y a quelques mois à la Galerie H à Paris, cette toile a été achetée par une collectionneuse dont l’une des filles est elle-même en situation de handicap.

« Quand j’ai vu ce tableau, je me suis dit qu’on ne pouvait pas le laisser passer. Il m’a parlé immédiatement. » Marica Battilana se souvient de son coup de cœur pour cette peinture de l’artiste Bilal Hamdad. Il y a quelques mois, un ami en visite à Paris lui envoie la photo de cette toile de 2 m sur 2. Car il est convaincu qu’elle saura émouvoir Marica.

Intitulée Barbès-Rochechouart, elle met en scène trois personnages attendant le métro parisien sur le quai de la ligne 2. Une maman d’origine africaine vêtue d’un boubou coloré, son fils en situation de handicap à ses côtés. Et, un homme qui regarde au loin. Une scène de vie quotidienne. Un instantané volé au réel.

Une peinture inspirée des images de vie quotidienne

« Bilal Hamdad s’inspire d’images restituées de la vie quotidienne. Des photos prises dans la rue, les lieux publics. Ou des portraits d’amis et de personnes de sa connaissance, évoque Hélianthe Bourdeaux-Maurin, directrice de H Gallery à Paris. En les représentant comme les clichés fugaces de fragments de vie, il crée un espace pictural dans lequel il interroge l’idée d’intimité qui se dégage à leur insu. »

Peintre algérien, Bilal Hamdad vit et travaille dans la Capitale. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Sidi Bel Abbès, il poursuit sa formation à l’École des Beaux-Arts de Bourges. Puis à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Trois personnages dans la solitude urbaine. © H Gallery

Des personnages enfermés dans leur isolement

« Il représente les personnages souvent de dos ou allongés, leurs visages partiellement visibles. Et, même lorsqu’ils sont de face, leurs regards sont rarement directs, montrant qu’il leur est impossible de communiquer avec leur environnement. C’est aussi une absence de communication entre eux qui se fait jour dans le tableau, poursuit la galeriste. Comme s’ils étaient enfermés dans leur individualité, dans leur isolement. »

Tous un peu à la marge

Si cette œuvre a ému Marica, c’est sans nul doute pour la représentation du handicap relativement rare dans l’art contemporain. Elle a une fille polyhandicapée âgée de 41 ans. Et elle a décidé d’acheter cette toile pour son autre fille, enseignante-chercheuse à Harvard, très liée à sa sœur. « Avec mon gendre, nous sommes tombés d’accord pour l’offrir à Julie. Sa beauté et ce qu’elle évoquait du handicap nous ont touchés. »

Ainsi, l’œuvre a traversé l’Atlantique. « Quand on est face à ce tableau, on peut facilement se raconter plein d’histoires. Il nous renvoie à la société dans laquelle nous vivons où tout le monde se situe finalement un peu à la marge ».

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