Discriminations dans l’emploi : des hostilités au quotidien, des cibles privilégiées

Publié le 2 décembre 2020 par Corinne Manoury
Les femmes en situation de handicap, et celles de moins de 50 ans qui sont perçues comme non-blanches, comptent parmi les personnes les plus discriminées au travail.

Rendu public mardi 1er décembre, le Baromètre des discriminations dans l’emploi s’intéresse, cette année, aux comportements qui s’imbriquent pour conduire à la discrimination. Tout en notant la persistance des “cibles” de stigmatisations, comme les femmes en situation de handicap.

Les motifs évoluent, mais les discriminations persistent. Et ce n’est plus seulement dans les licenciements, les difficultés d’accès à l’emploi ou l’absence de promotion qu’il faut les chercher. Mais aussi et surtout dans le travail au quotidien. Dans les blagues déplacées, par exemple. Celles qui, trop souvent, s’ajoutent à des préjugés et des attitudes de dévalorisation du travail, sous-estimation des compétences ou attribution de tâches inutiles.

Un « continuum d’attitudes hostiles », une « dynamique de la discrimination » qu’a voulu mettre en évidence le 13e Baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi du Défenseur des droits et de l’Organisation internationale du travail. Pour mieux en révéler les conséquences délétères sur les individus.

Les femmes handicapées concentrent les discriminations

« Près de la moitié des personnes victimes de discrimination font état d’un impact négatif sur leur emploi. Qu’il s’agisse de démission, licenciement ou mutation. Mais aussi de dégradations des relations avec leur famille ou leurs amis », note ainsi George Pau-Langevin, nouvelle adjointe du Défenseur des droits en charge de la lutte contre les discriminations. Avant d’ajouter qu’une majorité d’entre elles pense qu’elle pourra de nouveau être discriminée au travail.

De fait, certains motifs de discrimination prennent de l’ampleur. L’apparence physique et l’orientation sexuelle ont ainsi augmenté de 19 à 43% et de 5 à 37% dans le secteur privé entre 2013 et 2020. Mais quelques catégories sociales continuent de concentrer les propos et comportements stigmatisants. Comme les femmes en situation de handicap à 68%, les femmes de moins de 50 ans perçues comme non-blanches (69%) et les hommes homosexuels ou bisexuels (70%).

La maladie grave ou chronique, vecteur de préjugés

Et si l’origine et la couleur de peau sont perçus comme principal critère d’une discrimination – que les actifs jugent fréquente au cours de leur vie -, l’état de santé et le handicap arrivent juste derrière. L’enquête notant par ailleurs que « le fait d’être en situation de handicap ou d’avoir une maladie chronique multiplie par trois le risque d’être victime de discrimination au travail par rapport à un individu blanc, hétérosexuel et en bonne santé ». La maladie grave ou chronique charriant, en outre, son lot de stéréotypes et de préjugés.

Bonne nouvelle cependant, les victimes de discrimination sont de moins en moins réticentes à réagir. En huit ans, le nombre de celles ayant alerté leur direction, un représentant du personnel, un syndicat ou s’étant rapprochées d’un avocat pour entamer une procédure, a doublé.

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