Un testing confirme les fortes discriminations à l’embauche en fonction du handicap et de l’origine

Publié le 8 décembre 2020 par Franck Seuret
Pour mesurer les discriminations, des chercheurs ont envoyé cinq CV comparables : quatre incluant un critère possiblement discriminatoire et celui d'un candidat de référence.

Des chercheurs du CNRS ont mené une opération de testing pour mesurer les discriminations à l’embauche. En fonction du handicap mais aussi du sexe, de l’origine et du quartier de résidence. Les candidats maghrébins et déficients auditifs reçoivent le moins de réponses positives.

Le handicap constitue le premier motif de discriminations pour lesquelles le Défenseur des Droits est saisi. Pourtant, c’est l’un des moins étudiés. Les résultats de la récente opération de testing menée par des chercheurs du CNRS s’avèrent donc particulièrement précieux.

Surtout que c’est la première, en France, à mesurer les discriminations selon le handicap en les comparant à d’autres critères.« Les discriminations à l’embauche selon le handicap sont fortes, du même ordre de grandeur que celles selon l’origine  », pointent leurs auteurs, dans le rapport final rendu fin octobre.

Candidats aux postes de responsable administratif et d’aide soignant

Entre octobre 2019 et mars 2020, ils ont répondu à 463 offres d’emploi en Île-de-France. Sur « des professions en tension », présentes à la fois dans la fonction publique et le secteur privé : responsable administratif et aide-soignant.

Pour chacune, ils envoyaient cinq CV tous comparables en termes de diplômes, de parcours professionnel… Ils différaient seulement sur la variable destinée à être testée : le handicap, l’origine, le sexe et la réputation du lieu de résidence. Le cinquième CV était celui du candidat de référence.

CV avec ou sans la RQTH

Le postulant handicapé indiquait être atteint de surdité sévère. Mais précisait qu’il portait un appareil auditif aux deux oreilles, « de sorte que [son] handicap n’altère pas sa pratique professionnelle ».

Une fois sur deux, les testeurs envoyaient un CV dans lequel il précisait avoir la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). « Ce qui peut permettre à une entreprise de bénéficier d’aides financières », ajoutaient-ils.

Sexe et quartier non-discriminants, handicap et origine discriminants

Pour le poste d’aide-soignant, le candidat de référence (une femme) a obtenu un retour positif dans 58,4% des cas. À peine plus qu’un homme et qu’une personne habitant dans un quartier défavorisé.

Mais pour le candidat en situation de handicap, ce taux tombe à 50,5 % (soit 13,5 % de chances en moins). Et même à 44,1 % pour un Nord-Africain.

16,2 % de chances en moins pour le candidat handicapé

Pour le poste de responsable administratif, le candidat de référence (un homme) a décroché une réponse favorable plus d’une fois sur cinq (21 %). C’est paradoxalement quatre points de moins que la femme et l’habitant d’un quartier défavorisé. Mais quatre points de plus que pour les postulants handicapés et maghrébins. Le candidat en situation de handicap a donc 16,2 % de chances en moins que celui de référence.

RQTH, une mention pénalisante

Enfin, celui ayant signalé qu’il bénéficie de la RQTH a un taux de retour positif plus faible que celui ne l’ayant pas précisé. Sans doute les employeurs l’associent-ils à une gravité plus importante du handicap.

« La reconnaissance du handicap, qui ouvre l’accès à des aides pour l’entreprise, n’annule pas les discriminations », concluent les chercheurs.  Ils plaident donc pour « une réforme de la politique publique ». Afin de mieux protéger les travailleurs handicapés.

Des résultats conformes aux précédents

Cette étude confirme les résultats des précédents testings. Comme celui mené, en 2017 et 2019, sur des offres d’emploi de comptable. Le candidat en fauteuil roulant avait 17,3 % de chances en moins d’obtenir une réponse positive.

L’écart était comparable (16,7 % de chances en moins) dans une étude de 2017 portant sur un emploi d’agent d’accueil dans un établissement culturel auquel candidatait une jeune femme en fauteuil roulant.

Comment 5 commentaires

Cette étude confirme tout à fait ce que vit ma fille de 30ans, RQTH, titulaire de 2 masters , bilingue anglais, puis a fait un contrat pro de 2ans au cours duquel elle a obtenu un Mastère de manager RH, -titre RNCP niveau1- ce qui ne l’empêche pas depuis septembre 2018 de voir toutes ses candidatures à des offres d’emploi rejetées même pour des postes d’assistante RH bien en dessous se sa formation.

Bien souvent on ne lui répond même pas et si parfois on la “complimente” pour la richesse de son CV, c’est toujours :Non pour le poste

Les quelques entretiens téléphoniques qu’elle a eu s’achève très rapidement quand est évoqué l’ aménagement de poste….
ALORS OUI en FRANCE aujourd’hui Etre Femme et Handicapée c’est la double peine et la Double Discrmination

Vous parlez des origines maghrébins, que dire des origines juifs qui sont refouler même handicapé, ne trouve pas de travail, en France il y a beaucoup de discriminations

Cela est vrai la plupart ne répondent même pas lorsqu’on dit que l’on est RQTH. Comme s’ils avaient peur et très décourageant pour nous.
On en perd notre confiance et l’impression d’être inutile, d’un côté on veut travailler mais ont ne veut pas de nous et de l’autre ont doit être dépendant de son conjoint ou famille financierement, ce n’est vraiment pas juste.

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