Nicole Ferroni : « Je veux dénoncer des situations absurdes et injustes auxquelles sont confrontées les personnes handicapées. »

Publié le 9 décembre 2020 par Valérie Di Chiappari
« Dans la vie de tous les jours, des personnes de tous les jours se battent, agissent, et ça a du sens d'en parler. » © Radio France/Christophe Abramowitz

Le mercredi sur France Inter, Nicole Ferroni place régulièrement les personnes en situation de handicap au centre de ses chroniques matinales à l’humour acéré. Aujourd’hui, feu sur l’Allocation adulte handicapé, dont elle souligne, encore une fois, certaines incohérences. Mais qu’est-ce qui motive celle qui « espère pouvoir faire un pont entre la réalité et le discours politique ».

Faire-face.fr : En février, vous aviez salué l’adoption par l’Assemblée nationale de la proposition de loi visant à supprimer la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l’AAH. Pourquoi en parler de nouveau ?

Nicole Ferroni : J’avais en effet déjà évoqué ce sujet, à ma façon. En invoquant l’esprit de la Saint-Valentin pour “rendre aux personnes handicapées le choix de l’amour, d’être concubins, deux culs dans un même bain, sans entamer l’autonomie ou leur dignité”. J’avais aussi souligné toute l’absurdité de cette situation qui ajoute, dans les couples, de la dépendance financière à la dépendance tout court.

À l’occasion du débat sur projet de loi de finances 2021 au Sénat, le sujet de l’Allocation adulte handicapé, l’AAH, a été de nouveau abordé. Notamment son financement en cas de décorrélation des revenus du conjoint. L’occasion pour la secrétaire d’État, Sophie Cluzel, de réaffirmer son opposition à cette mesure. Ça valait bien une chronique, non ?

F-f.fr : Lenteur, incohérence administrative, privation de droits… Vous pointez les situations ubuesques, discriminantes, voire inhumaines auxquelles les personnes en situation de handicap doivent faire face. Pourquoi cela vous tient-il à cœur ?

N.F : Longtemps, je n’ai pas osé mêler humour et handicap. C’était tabou, jusqu’à ce qu’un de mes amis, atteint d’infirmité motrice cérébrale, m’apprenne à me moquer… de lui.

Le handicap entraîne déjà de l’isolement, demande de tout prévoir à l’avance, du temps, de l’énergie. Alors, devoir avaler une montagne de paperasses, se retrouver face à des imbroglios administratifs ajoute de la difficulté à la difficulté. Je veux dénoncer toutes ces situations absurdes et injustes auxquelles sont confrontées les personnes handicapées car je les trouve choquantes.

« Écoute, cette histoire-là, elle existe ! »

F-f.fr : Vous mettez aussi en avant des combats individuels comme ceux de Nora Poulain. En quoi est-ce important d’ancrer vos chroniques dans un vécu particulier ?

N.F : Rencontrée à un cours de théâtre, Nora est devenue une amie. La naissance de son fils polyhandicapé, décédé en début d’année, l’a plongée, pendant neuf ans, dans une bataille médicale et administrative au long cours. Ce qu’elle a traversé a alimenté ma réflexion.

Fonder mes chroniques sur de vraies personnes et les situations concrètes qu’elles affrontent, en les nommant, c’est important pour dire : “Écoute, cette histoire-là, elle existe !” Et elle peut être violente et inhumaine : comme le manque de bienveillance dont a fait preuve l’administration après le décès du fils de Nora.

Il s’agit aussi de sortir d’une représentation de la personne handicapée qui oscille trop souvent entre héroïne ou pauvre victime, et rien ou quasi entre les deux. Mais dans la vie de tous les jours, des personnes de tous les jours se battent, agissent et ça a du sens d’en parler.

« Derrière la blague, de l’information. »

F-f.fr : Comment préparez-vous vos chroniques ?

N.F : Comme elles sont liées à l’actualité, je me documente beaucoup, je lis les projets de loi, des articles de presse… et je cite toujours mes sources. C’est un gros travail de fond car derrière la blague, il doit y avoir de l’information. Mon challenge : être rigoureuse et farfelue en même temps.

Une chronique de quelques minutes, c’est un débroussaillage. Cela ne peut pas être exhaustif mais j’espère susciter l’envie de l’auditeur d’aller plus loin. Une déformation sans doute de mon ancien métier de prof.

F-f.fr : Certaines ont-elles déclenché de vives réactions ?

N.F : Des auditeurs ont pu se sentir heurtés. Comme suite à une de mes chroniques pour rendre hommage à Charly Valenza, défenseur de l’assistance sexuelle de la première heure, décédé en 2015. J’ai été traitée de validiste à cette occasion et j’ai découvert ce mot. J’ai été mise dans une case et je n’aime pas les cases. Mais je suis devenue plus attentive au fait que, parfois, je pouvais être blessante… sans le vouloir.

F-f.fr : Et des actions ?

N.F : Mine de rien, je sais que j’ai une forme de pouvoir. Mon billet est très écouté : je passe juste avant la pub (rires). D’ailleurs, le lendemain de ma chronique sur Nora, fin janvier, a démarré la polémique sur le non-prolongement du congé parental suite au décès d’un enfant. [Depuis, le 1er juillet, les règles ont été assouplies, ndlr]. J’espère pouvoir faire un pont entre la réalité et le discours politique.

Comment 9 commentaires

Mon époux est handicapé à plus de 80% titulaire de l’Aah . Je m’occupe de mon mari et je ne travaille pas . Je n’ai droit à aucune prestation familiale ni même le Rsa.
Deux enfant à charge 18 et 20 et donc pas d’allocation . À la fin et même avant . Nous avons même plus de quoi nous nourrir.
C’est une honte.

Bjr, l’AAH à renouveler tous les 2 ans pour des pathologies dans guérisons, donc tout recommencer avec les médecins qui râlent, à savoir qu’il y a plus de 8 mois d’attente ds le Nord minimum, donc 1 an tranquille et on s’y remet. Après les médecins me disent d’éviter le stress, tout refaire, attendre à nouveau le bon vouloir de la MDPH, etc… Pas sereine du tout. Et 50 à 70 % pour me faire rater d’autres aides surtout au moment de la retraite. Et comme pour bcp qio ont 1 conjoint salarié, reconnaissance handicapée dvt tribunal donc AAH mais pas le droit car monsieur travaille, pourquoi, comme le RSA on me dit, ah bon, 1 handicap social OK mais pas physique donc qui n’empêche pas de travailler.

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La seule question qui vaille est en fait de se demander comment les associations dans leur globalité peuvent encore accepter de se COMPROMETTRE en continuant de discuter avec cette monstrueuse femme qui passe son temps à faire l’inverse de ce pourquoi elle est très grassement rémunérée, vous aurez bien-sur compris de qui je parle, c’est à dire de Mme CLUZEL…
Il y a quelques jours sur les ondes de France Inter, où cette femme était gentiment invitée à venir déblatérer pendant une heure ses sempiternelles contre-vérités, j’entendais encore quelqu’un qui préside une de ces associations venir la caresser dans le sens du poil, pleine de reconnaissance pour le travail accompli ! On croit rêver, ou plutôt cauchemarder ! Copinage de classe ??? Entre-soi intéressé ??? Franchement, je ne sais quoi en penser…
Quand on constate son attitude et son argumentation complètement odieuse et ubuesque vis à vis du projet de loi en question, je ne comprends pas pourquoi vous n’organisez pas une opposition et un rejet ferme et définitif de toute compromission avec cette bonne femme destructrice des droits sociaux des personnes handicapées !!! :-(((

Copello
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C’est une aberration que Mme Cluzel joue sur les peurs et enferme les personnes handicapées dans la précarité. On a bien compris que son but était de transformer à long terme le handicap en sujet de performance et ainsi créer une nouvelle économie que le gouvernement défend activement sur le dos des plus fragiles. Certaines associations sont évidemment corrompues ou profondément dépassées par les mensonges répétées de cette ministre qui veut sûrement détruire les individus qui ne réussissent pas car apparement c’est une honte de ne pas être dans le système capitalisme dans la société d’aujourd’hui. J’espère que notre pays prendra exemple sur la Belgique pour améliorer des vies car personnellement je n’en peux plus de voir qu’on laisse quelques miettes aux personnes pauvres et invalides et qu’on se moque en même temps de nos incapacités en nous faisant plonger dans la désolation sans trouver une réelle solution au problème. Il faut se poser les bonnes questions pour comprendre la supercherie qui se trouve derrière l’invisible. Pourquoi le plafond n’est-il pas augmenté par exemple au lieu de le laisser à 2200 euros et dire que c’est impossible de changer ça ? Pourquoi la Belgique a pris conscience de ce mal être en débloquant une situation sadique et qui ne pouvait plus durer ? Pourquoi Mme Cluzel fait semblant de ne rien comprendre lorsqu’on lui fait part de ce drame et qu’elle dit aux journalistes le contraire avec des formules toutes préparées en disant qu’elle en a jamais entendu parler ? Pourquoi tant de mépris pour le petit peuple ?!

Je suis bien de cet avis, concernant Mme Cluzet et ses contradictions. Quand on a le pouvoir et l’argent, on peut décider pour les autres facilement, tout en s’assurant une très confortable situation. C’est tout le contraire d’une démocratie. Alors que la société française semble de plus en plus individualiste, on lit à grand renfort de médias, qu’il faut rompre l’isolement (on en voit bien les conséquences -dues aux mesures Covid 19- avec le télétravail, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, etc…). Discours complètement contradictoire, au même titre que celui de déclarer que les personnes handicapées sont des citoyens à part entière, et de s’opposer à la décorrélation des revenus d’un conjoint. L’absurdité de cette position ne fait qu’amplifier la gronda générale. Merci aux associations, Nicole Ferroni et autres, qui oeuvrent sans relâche….

Handicapé je dois me battre contre l’administration pour le moindre problème. Heureusement je suis aidé par une association de Service d’aide à la personne et ma déléguée à la curatelle. Car étant à la retraite il ma fallut me mettre pour vingt ans sou protection juridique afin de m’en sortir et de trouver des aides financières. Dans les hautes sphères ont doit vraiment penser qu’avec 900 € d’A.A.H. on s’en sort.
Dans notre pays les handicapés n’ont que peu de droits et sont les miséreux que l’on ne veut surtout pas voir.
Des logements aux transports, en passant par l’administration et le quotidien, tout est un parcours d’obstacles et un enfer pavé de mauvaises attentions.
Heureusement il y a des Nicole Ferroni pour pointé du doigt l’absurdité de notre société malade de trop de mauvaises règles.

Cluzel c est une vaurienne..elle profite du pognon des handicapés pour se remplir le portefeuille…à gercler ..c est une nuisible de la société

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