Covid-19 : toujours pas de vaccination pour les personnes déficientes intellectuelles

Publié le 9 avril 2021 par Franck Seuret
Les personnes ayant des déficiences intellectuelles font partie des sept types de patients les plus vulnérables au Covid-19 identifiés par l'étude Epi-Phare.

Plus de trois mois après le démarrage de la campagne de vaccination, les personnes ayant des déficiences intellectuelles ne sont toujours pas éligibles au vaccin, sauf si elles vivent en Fam ou en Mas ou sont porteuses de trisomie 21. La Haute Autorité de santé estime manquer de données scientifiques établissant leur surexposition à des formes graves, voire mortelles, de Covid-19.

Pour dix millions de personnes, c’est fait ! Jeudi 8 avril, 15 % des 67 millions de Français avaient reçu leur première dose de vaccin contre le Covid-19.

Vaccination à tous les âges en cas de mucoviscidose

Par ailleurs, les patients atteints de mucoviscidose y sont désormais éligibles, quel que soit leur âge. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, l’a annoncé dans une lettre adressée à Pierre Foucaud, président de Vaincre la Mucoviscidose. Ce dernier l’a rendue publique mercredi 7 avril. Jusqu’alors, seuls les plus de 50 ans avaient droit au vaccin.

Ces malades font partie des sept types de patients les plus vulnérables au Covid-19 identifiés par l’étude Epi-Phare. Désormais, six d’entre elles ont le droit de se faire vacciner sans restriction d’âge.

 

Source : Maladies chroniques, états de santé et risque d’hospitalisation et de décès hospitalier pour Covid-19 lors de la première vague de l’épidémie en France : étude de cohorte de 66 millions de personnes. Réalisée par Epi-phare, groupement d’intérêt scientifique créé par l’Assurance maladie et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Sept fois plus de risques de décéder du Covid-19

Seule une catégorie s’en voit donc encore exclue : les personnes ayant un « retard mental » pour reprendre la dénomination utilisée par Epi-Phare, ce groupement d’intérêt scientifique constitué par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam). L’étude montrait pourtant que ces personnes présentent sept fois plus de risques de décéder du Covid-19 que l’ensemble de la population.

La HAS conseille, le ministre décide

En France, c’est le ministre de la Santé qui définit la politique vaccinale. Mais la Haute Autorité de santé (HAS) contribue à son élaboration à travers ses recommandations et avis.

Dans le cas présent, « elle (la HAS, ndlr) considère qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments scientifiques pour justifier la vaccination des personnes ayant des déficiences intellectuelles », explique le cabinet de Sophie Cluzel.

Résultats pas suffisamment concordants

Dans un courrier adressé à l’association TouPI, qui l’avait saisie, la HAS justifie sa position. Les résultats obtenus par Epi-Phare « ne peuvent constituer à eux seuls, des éléments suffisants pour établir un lien entre la déficience intellectuelle et la survenue de décès associés à la Covid-19 ». La HAS a « tenu compte de l’ensemble des études identifiées sur le sujet ».

Conclusion : « Dans le cadre des déficits intellectuels, elle a jugé que les résultats émanant d’un faible nombre d’études n’étaient pas suffisamment concordants pour conclure à l’existence d’un haut risque établi, au contraire de la trisomie 21. »

Des différences entre pays européens

« Pourtant, dans d’autres pays européens, les personnes avec déficiences intellectuelles sont éligibles à la vaccination contre la Covid-19 », pointe Marion Aubry, la vice-présidente de TouPI. Et de citer les cas de l’Allemagne, du Royaume-Uni, ou bien encore de l’Italie. « Mais ce n’est pas le cas dans tous », rétorque le cabinet de Sophie Cluzel.

Résidents de Fam et Mas vaccinés

Pour l’heure, parmi la population avec déficience intellectuelle, seuls les résidents de Fam et de Mas y ont donc accès. Ainsi que les personnes âgées de 50 ans et plus souffrant d’au moins une comorbidité. Mais pas celles qui vivent en foyer de vie, en IME ou autre. La vie en collectivité reste pourtant un facteur d’exposition au virus.

Clusters dans les foyers

Des clusters sont d’ailleurs régulièrement apparus depuis le début de la crise sanitaire dans des établissements médico-sociaux. Fin mars encore, à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin) dans une structure accueillant des résidents déficients intellectuels. Neuf d’entre eux avaient été hospitalisés, rapporte France Bleu. Dix millions de personnes vaccinées, et eux, et eux, et eux ?

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