Handicap, l’amour sous condition de ressources : un documentaire édifiant sur Public Sénat

Publié le 31 mai 2021 par Franck Seuret
Jérôme et Sandrine Bethencourt doivent vivre sur le seul salaire d'enseignante de Sandrine, Jérôme étant privé de son droit à l'AAH puisqu'il vit en couple. © DR

Un peu plus de deux semaines avant que l’Assemblée nationale n’examine le projet de loi visant à individualiser l’AAH, la chaîne Public Sénat rediffuse, mardi 1er juin, un documentaire sur le sujet. Handicap, l’amour sous condition de ressources est à voir pour ses témoignages convaincants et l’échange instructif entre les rapporteurs du texte au Sénat et à l’Assemblée nationale.

Depuis 1986, Pierre vit une belle histoire d’amour avec sa compagne. © DR

Officiellement, Pierre est divorcé et habite seul. Officieusement, il vit maritalement et partage son quotidien avec sa femme. Ou plutôt son ex-épouse car les deux amoureux ont réellement divorcé afin qu’il puisse bénéficier de l’allocation adulte handicapé (AAH).

Pour que la Caf ne soupçonne rien, il loue un appartement… où il n’y met jamais les roues, puisqu’il continue d’habiter avec sa compagne. C’est le seul moyen qu’il a trouvé pour conserver « son autonomie financière ».

Des récits éloquents

Engagée dans une relation toxique, Franssie était financièrement dépendante de son compagnon. © DR

Pierre a accepté de témoigner à visage caché dans le documentaire Handicap, l’amour sous condition de ressources, rediffusé mardi 1er juin, à 22 heures sur Public Sénat et déjà disponible en ligne.  Un film de 26 minutes consacré à la conjugalisation de l’AAH et à la dépendance qu’elle entraîne.

Franssie en a fait les frais. La jeune femme, qui était en couple, a vécu une « descente aux enfers ». « Les choses ont dégénéré à partir du moment où cela a été compliqué pour moi de participer financièrement » aux dépenses du ménage, raconte-t-elle.

Documentaire engagé

La documentariste, Samia Dechir, a choisi son camp : celui des partisans de la réforme. Il est vrai que Public Sénat est la chaîne du Sénat. Or ce dernier est en première ligne sur le sujet. Début mars, les sénateurs ont, en effet, adopté un projet de loi individualisant l’AAH. Mais l’Assemblée nationale doit encore donner son feu vert.

Ce qui n’est pas gagné, car le Gouvernement y est farouchement opposé, comme l’évoque Sophie Cluzel. « Notre pacte social est basé sur la solidarité conjugale », rappelle, une fois de plus, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.

Confusion entre aide sociale et protection sociale

Philippe Mouiller et Jeanine Dubié portent le texte au Sénat et à l’Assemblée. © DR

L’argument ne convainc pas Jeanine Dubié, rapporteuse du texte à l’Assemblée. Sophie Cluzel « confond aide sociale [RSA, Aspa…] et protection sociale, explique la députée lors d’un riche échange avec le sénateur Philippe Mouiller qui, lui, a donc porté le texte devant le Sénat. L’AAH, c’est dans le Code de la Sécurité sociale. Or, quand elle renvoie à la solidarité familiale, c’est un principe de l’aide sociale ! »

L’AAH comme la pension d’invalidité

« Tout l’enjeu du débat est là », résume Philippe Mouiller. « Est-ce que l’AAH est un minima social, auquel cas on peut comprendre les arguments de la secrétaire d’État. Ou est-on dans une forme de compensation financière », liée à l’incapacité de travailler ? Comme pour la pension d’invalidité. Dans ce second cas, « il est normal de prendre en compte uniquement les ressources de la personne ».

Les députés LREM restent à convaincre

Selon la députée Jeanine Dubié, les groupes d’opposition, à l’Assemblée, partagent cette analyse. Reste à convaincre les élus de la majorité présidentielle (LREM et Modem). C’est ce que s’emploient à faire les associations de soutien aux personnes en situation de handicap et des collectifs. Comme Le prix de l’amour, dont fait partie Franssie, qui invite les citoyens à contacter leur député pour présenter leurs arguments.

Une urgence pour l’une des témoins

C’est le moment ou jamais. « Plus le temps passe, et plus je vais perdre en autonomie », confie Franssie. La jeune femme a retrouvé l’amour mais ne veut pas vivre en couple avant que la loi ne change. « Le jour de mon mariage, j’aimerais pouvoir marcher et danser un petit peu. Pour moi, le temps, c’est de la vie. »

Comment 7 commentaires

Je comprend pas pourquoi les personnes qui touche l’aah doivent payer la complémentaire cmu est pourquoi l’Aah n’est pas à vie pour se qui on subit cette crise du covid

Encore un reportage à charge avec que une prise en compte sans penser à tout le monde et surtout à tout les cas de figure.

Je tiens à préciser que même veuve ou veuf loi couple doit être aussi régulariser exemple veuve depuis 2008 l’aah accordé le 2017 supprimé le 10 octobre 2020 pour cause de pension de révision et pourtant je suis au chômage
Donc il me reste 250€ pour vivre part moi

Très bon film ! Merci au réalisateur !
Quelqu’un peut encore écouter les élucubrations de cette Cluzel ??? On en peut plus de l’entendre déblatérer ses conneries à celle-la… Elle ne sait plus quoi inventer pour tenter de justifier sa position. Ses arguments sont totalement absurdes !!!

ETANT donné qu’aucune loi ne régit la séparation DE FAIT éffectuée auprés de la CAF qui autorise donc d’un clic à vous séparer aujourd’hui et d’un autre clic de ne plus être séparé demain , SUPPOSONS que la majorité des personnes handicapées vivant en couple prennent cette décision qui OBLIGATOIREMENT lui allouera l’AAH à taux plein de 903,60 euros dés le mois suivant , OUI SUPPOSONS QU’EN PLUS quelques milliers ou dizaines de milliers de ces personnes décident en définitive de quitter le foyer familial et veulent louer un appartement ,la question ” individualisation de l’AAH ” deviendra vite secondaire et perlimpinpin quand cluzel et sa clique se verront confronter à devoir OBLIGATOIREMENT payer en plus de l’AAH à taux plein à ces personnes, de devoir payer le pognon de dingue que couteront les aides aux déménagements , aux logements, aux aides éventuelles suivant l’handicap de ces personnes, aux aides énergies….

LA JE PUIS VOUS ASSURER QUE CELA VA SE BOUGER DANS LA TOUR D’IVOIRE POUR VITE ADOPTER CETTE PROPOSITION DE LOI.

Nous sommes attaqués ,alors sachons utiliser les armes en notre possession.

Masque d’infamie pour ce gouvernement !
C’est le masque de la honte du moyen âge qui désigne les contrevenants aux règles élémentaires de l’ordre social.
Quelles sont les armes en notre possession quand le droit ne s’applique plus, qu’il est contourné, méprisé, avec une politique du « fait
Accompli assortie une fin de non recevoir « ?
De notre expérience vécue, la crise sanitaire – est / à été – l’opportunité d’accélérer l’éviction des plus vulnérables ( dans un silence assourdissant..), ce gouvernement a le pouvoir d’exécuter ses propres règles et ses propres sanctions qui annulent de fait les pouvoirs classiques : législatifs, exécutifs et judiciaires.
Accepter un tel dérèglement, dans un état de droit où la règle ne s’applique plus est un déni de démocratie, ce dérèglement du droit qui se fait à l’insu des français nous dépossède de nos destins individuels et collectifs, l’heure est grave.!
Les droits fondamentaux doivent plus que jamais servir de boussole à l’action publique ,pour continuer à vivre en « climat de civilisation « …

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