Santé mentale : la pair-aidance pour cheminer vers un rétablissement

Publié le 15 octobre 2021 par Corinne Manoury
Transmettre une expérience positive, aider à se réapproprier ses droits et à gérer la maladie de concert avec d'autres soignants et intervenants. Tel est le rôle du médiateur de santé pair.

Dimanche 17 octobre s’achèveront les 32e Semaines d’information sur la santé mentale. Avec pour thème, cette année, le respect des droits. Aider les personnes concernées par les troubles psychiques et leurs proches à connaître leurs droits et à les exercer est justement l’une des missions des médiateurs de santé pairs. Explications de Stéphane Cognon* qui s’est formé à cette nouvelle activité.

Stéphane Cognon, médiateur de santé pair, a lui-même connu la maladie psychique. Aujourd’hui, il met son expérience et son savoir au service des autres en les accompagnant vers un rétablissement. © DR

Faire-face.fr : Qu’est-ce qu’un médiateur de santé pair ?

Stéphane Cognon : C’est un ancien usager qui met son expérience de la maladie et d’un parcours de rétablissement au service d’autres personnes ayant des troubles psychiques. Au sein d’une équipe de soins ou d’une association, il co-anime des groupes où l’on apprend à connaître sa maladie, ses traitements… S’il existe de la pair-aidance et des patients experts pour de nombreuses maladies chroniques, ce métier – car c’en est un – est assez récent pour la santé mentale en France.

F-F.fr : Comment vous y êtes-vous formé et où intervenez-vous ?

S.C : J’ai suivi la licence de sciences sociales et sanitaires dédiée, créée par l’université de Bobigny Paris 13. L’originalité de cette formation, financée par l’Agence régionale de santé, est qu’il faut être en poste pour la suivre. Cela permet une pratique sur le terrain en même temps que l’on apprend son métier, et ça évite la précarité.

Psycho-éducation et éducation thérapeutique du patient

Je suis médiateur de santé pair au Groupe hospitalier universitaire Paris. J’y interviens au centre médico-psychologique, à l’hôpital de jour et au C3RP (Centre ressource remédiation cognitive et réhabilitation psychosociale). À l’hôpital, il est essentiellement question des droits du patient. Au C3RP, en revanche, je fais beaucoup d’entretiens d’après diagnostic. Comment les personnes ont-elles reçu l’annonce de la schizophrénie ou de la bipolarité ? Que savent-elles de ces maladies ? Que leur est-il proposé ?

On part des centres d’intérêt de la personne pour l’aider à élaborer son projet de vie, retrouver de la motivation et de la confiance. »

J’ai également une activité libérale. Suite à la parution de mon témoignage*, j’ai en effet été sollicité par des aidants ou des personnes concernées par les troubles psychiques.

F-F.fr : Quel message essayez-vous de faire passer ?

S.C : Que ce qui est important pour le rétablissement de la personne, c’est d’avoir un projet. Et d’atteindre ses objectifs malgré la maladie. C’est loin d’être simple car pour beaucoup, il y a un gros problème de confiance en soi. On part des centres d’intérêt de la personne pour l’aider à élaborer son projet de vie, retrouver de la motivation et de la confiance.

Une prise en charge complémentaire du soin

F-F.fr : Qu’entendez-vous par rétablissement ?

S.C : C’est un processus long et différent de la guérison. On peut encore avoir des symptômes mais on fait avec. On apprend à gérer sa maladie avec une équipe pluridisciplinaire. C’est une notion née de la vision d’usagers, il y a une vingtaine d’années aux États-Unis, dans le but de proposer une autre prise en charge. Quelque chose de complémentaire au soin.

F-F.fr : La question des droits a été au cœur du Sommet mondial de la santé mentale et des Semaines d’information sur la santé mentale . En quoi est-ce important ?

S.C : La maladie, l’hospitalisation fragilisent. Mais ce n’est pas parce qu’on est fragilisé, qu’on n’existe pas. Connaître ses droits et les faire appliquer, cela aide au rétablissement ainsi qu’à trouver ou retrouver sa place dans la communauté.

Par ailleurs, en santé mentale, les proches sont encore trop souvent mis de côté. Pourtant, eux aussi ont des droits et une parole à valoriser.

* Stéphane Cognon est l’auteur de Je reviens d’un long voyage : Candide au pays des schizophrènes, publié aux éditions Frison-Roche en avril 2017.

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