Sensibilisation : la campagne nationale sur le handicap est lancée

Lutter contre les préjugés à l’égard des personnes handicapées, voilà l’objectif de la campagne nationale de communication que le Gouvernement a lancé le 18 octobre. Au programme : trois films et dix portraits photographiques publiés dans tous les médias et supports digitaux jusqu’au 4 janvier. Si les associations saluent son existence, elles émettent toutefois des réserves sur le fond du message.

Un repas à la cantine, un rendez-vous amoureux et une soirée festive. Ce sont les thèmes abordés dans les trois vidéos de lutte contre les préjugés liés au handicap. Une campagne annoncée le 11 février 2020 par Emmanuel Macron lors de la dernière conférence nationale du handicap. Elle a commencé le 18 octobre.

Outre ces trois vidéos, réalisées par Yvan Attal, cette présence médiatique s’appuie aussi sur dix portraits de personnes handicapées dans l’exercice de l’une de leurs passions. Elles sont signées de la photographe Sylvie Lancrenon et portent toutes le même message : « Voyons les personnes avant le handicap. »

Une campagne utile

Les personnes photographiées illustrent la multiplicité des situations de handicap : petite taille, déficience visuelle, amputation mais aussi les handicaps invisibles, psychiques par exemple.

Aucune campagne de cette ampleur n’avait jusque-là été organisée. Et d’ailleurs, cela avait fait l’objet d’une observation de l’Onu en 2016 dans son rapport sur les politiques publiques françaises.

De même qu’elle était réclamée de longue date par les associations. « Nous pouvons regretter que cela arrive en fin de mandat mais cette campagne est utile, commente Patrice Tripoteau, directeur général adjoint d’APF France handicap. Il était important que les pouvoirs publics se saisissent de cette nécessité de s’adresser au grand public. Et l’inviter à voir la personne avant le handicap est juste. Il faudrait qu’il existe de telles campagnes régulièrement, que ce ne soit pas un événement. »

Des réserves sur le message véhiculé

La diffusion des photos et des films est prévue jusqu’au 4 janvier dans l’ensemble des médias et sur les réseaux sociaux. Y compris sur les écrans de cinémas durant les vacances de Noël. Objectif : toucher tous les Français, et les jeunes générations plus particulièrement.

Toutefois, le message porté suscite des réserves. Principalement en raison de la passivité des personnes en situation de handicap mises en scène. Et, plus encore, du fait du côté anecdotique des scénettes : « Les situations présentées sont neutres, une soirée, un repas à la cantine. On aurait aimé voir les obstacles que rencontrent les personnes », détaille Patrice Tripoteau.

« Présenter des personnes handicapées en entreprise, à l’école… permet d’éviter de dire que leur taux de chômage reste très élevé. Sans compter que nombre d’enfants handicapés restent exclus de la scolarisation », abonde Arnaud de Broca, président du Collectif Handicaps.

Enfin, les associations regrettent la coïncidence d’un calendrier qui, la même semaine, porte le lancement de cette campagne et renouvelle le refus de déconjugaliser l’allocation adulte handicapé.