Presque : un hymne à la force de l’amitié

Publié le 25 janvier 2022 par Claudine Colozzi
Igor (Alexandre Jollien) : « C'est drôle, avant, je n'avais que des amis de papier, Nietzsche, Spinoza, Descartes. Avec toi, ce n'est pas pareil. J'ai un ami en chair et en os. » © Pan-Européenne

Presque, réalisé et interprété par Bernard Campan et Alexandre Jollien, sort en salles mercredi 26 janvier. Voyage initiatique aux accents de comédie , le film s’inscrit dans la lignée des grands succès populaires où les deux protagonistes, en apparence très différents, apprennent à s’apprivoiser. La réussite du film tient beaucoup à la grâce de ces deux mecs abîmés par la vie qui vont se découvrir au fil de cette amitié improbable.

Après avoir failli l’écraser accidentellement, Louis (Bernard Campan) rencontre Igor (Alexandre Jollien), livreur à vélo en situation de handicap. Par un concours de circonstances, le croque-mort mélancolique et le passionné de philosophie partent en corbillard. Ils conduisent le cercueil d’une vieille dame dans le Sud de la France. Ces jours passés ensemble vont permettre aux deux hommes de se découvrir, de se nourrir de leurs différences. Et, de se libérer de leurs peurs.

« Moi, je n’ai rien besoin de dire pour jeter un froid »

Proche en apparence de films déjà connus où deux personnages que tout oppose finissent par se rapprocher ( Intouchables, La grande vadrouille, La chèvre), Presque parvient à s’en détacher. « Qu’est-ce que vous faites dans la vie ?, demande Igor à Louis. – Généralement quand je le dis, ça jette un froid, lui répond l’entrepreneur en pompes funèbres. – Moi, je n’ai rien besoin de dire pour jeter un froid, » réplique Igor.  Par son humour, par sa manière de contourner une sensiblerie trop appuyée, le film avance ses pions avec finesse. Y compris quand il aborde l’apprentissage de la sexualité pour Igor, une des plus belles scènes du film.

Lire aussi l’interview croisée de Bernard Campan et Alexandre Jollien, réalisateurs de Presque : « On s’humanise grâce à l’Autre »

L’ouverture à l’Autre plutôt que le repli sur soi

Servi par un tandem émouvant et complice, jalonné de clins d’œil à leur amitié, Presque prône l’ouverture à l’Autre plutôt que le repli sur soi. Cet éloge du vivre ensemble et de l’acceptation de la différence explose comme une bulle de légèreté teintée de gravité. Sans jamais donner de leçons. Cette déclinaison contemporaine du Parce que c’était lui ; parce c’était moi a un pouvoir rassérénant qui est la marque des succès populaires.

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L’humour, c’est aussi un moyen pour parler du handicap, pour le libérer de tous les aprioris que l’on peut avoir à son égard, pour ne plus voir seulement le handicap par le tout petit bout de la lorgnette, c’est-à-dire la souffrance, la pitié, le courage… et considérer l’handicapé comme un être différent, ce que nous sommes tous, mais tous unis fraternellement cependant dans une même condition humaine !

Ce livre-documentaire souhaite par le biais de portraits hautement et moralement exemplaires, témoigner de la formidable ” arme de résistance et de (re)construction massive ” que peuvent représenter l’humour et le rire de résistance face aux divers aléas et malheurs de la vie que sont en particulier la Maladie, le handicap, la mort, les souffrances morales, l’oppression politique avec tout ce que cela peut comporter, la bêtise humaine pour ne pas dire la connerie, l’universelle connerie …. !

Il s’agit donc de les présenter tous nos « héros » en situation et sur le terrain ” tout en évoquant leurs différents parcours et divers engagements au travers desquels l’humour, le rire, plus encore l’optimisme nourrissent leur énergie vitale depuis qu’ils l’ont aidé à se relever ; et, partant, de transmettre un message de solidarité en adressant une fraternelle pensée à tous nos frères humains qui sont frappés par le malheur et les souffrances de vie, en tentant et espérant ainsi leur apporter notre petite pierre d’espoir et de réconfort solidaire.

Ce livre témoin souhaite donc au travers du témoignage et du vécu quotidien d’êtres handicapés dont le corps ne les suit plus toujours comme et là où ils le voudraient, nous en présenter quelques uns d’entre eux qui ont choisi d’y aller quand même, non plus avec leurs jambes et leurs bras dont ils ont perdu l’usage mais avec la force de l’humour dans la tête et le cœur !

Parmi ceux-ci, figure emblématique s’il en est une, Lenin Voltaire Moreno, Président de la République d’Equateur depuis 2018, victime d’une agression en 1998 qui le laissa partiellement paralysé et le mit en fauteuil roulant.
Brisé dans sa chair et son cœur par ce drame dont il pensait ne pas pouvoir se relever, il trouva néanmoins dans l’humour et l’autodérision, tout particulièrement, une source d’espoir et de force de revivre et décida de s’engager pleinement, aux côtés de ses frères de souffrance en s’investissant corps et âme pour redonner une place aux personnes handicapées dans la vie, histoire, a-t-il dit, « non pas de rendre leur dignité aux personnes handicapées mais à la société toute entière qui l’avait perdue en les rendant invisibles ».

En 2004, il fonde à Quito la Fondation Eventa qui s’intéresse à l’intelligence émotionnelle et à la promotion de l’HUMOUR sous toutes ses formes, se lance dans d’éperdues recherches sur ses bienfaits en donnant régulièrement des conférences sur ces thèmes en affirmant haut et fort les effets «thérapeutiques et immunologiques» de la bonne humeur.

« l’humour » a-il dit un jour « a un effet thérapeutique, il ne se contente pas d’alimenter l’âme, d’alimenter l’esprit, il alimente également le corps grâce à l’immunité qu’il génère. La joie et la bonne humeur, c’est la poésie qui surgit de l’âme, sans aucune haine »

Film tout à fait réussi qui évite soigneusement les poncifs à propos du handicap. Alexandre Jollien y est épatant dans l’interprétation de quasiment son propre rôle. Il nous balance au passage quelques réflexions philosophiques qui jalonnent déjà ses livres (“le métier d’homme”, “éloge de la faiblesse” notamment).
Dans un autre registre, et même si ce n’est pas le sujet essentiel du film, le rapport au corps des personnes décédées tient une place particulière : des gestes délicats, des réflexions pratiques mais profondes y sont montrés tout naturellement, comme la réalité d’une profession peu connue, en toute proximité de la mort. Cela aussi est nécessaire à montrer.

Je n’ai pas vu le film. J’ai très envie de le voir si mes moyens me le permettent.
Je suis heureuse qu’il existe ce film, merci au realisateur et aux acteurs et a toute l’équipe. C’est un pur bonheur.
Cordialement.

Ce film est à voir, pour tous ! C’est la belle histoire d’une rencontre entre une personne en situation de handicap et une autre prise par son travail, les tracas ordinaires de la vie … C’est riche d’humanité, de tolérance et de chaleur. Notre fils David, tétraplégique suite à un AVC était avec nous, il a adoré ! A voir pour tout public en urgence ! DR – Besançon

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