[Festival Everybody] : De Françoise à Alice, un autre regard sur le handicap mental

Publié le 16 février 2022 par Claudine Colozzi
Selon le chorégraphe Mickaël Phelippeau, le parcours d'Alice Davazoglou « met en lumière le potentiel des personnes en situation de handicap que l’on ignore sans doute par méconnaissance ». © Philippe Savoir

Le festival Everybody, imaginé par Le Carreau du Temple à Paris, interroge la place du corps dans nos sociétés contemporaines. Au programme de la 1ère édition, du 18 au 23 février, des cours et ateliers de pratiques corporelles, des conférences, une exposition d’art contemporain. Et aussi des spectacles de danse. Comme De Françoise à Alice, beau portrait chorégraphique qui confronte deux danseuses, dont l’une porteuse de trisomie 21.

Il y a d’abord ce bras derrière une nuque, ces deux mains enlaçant un dos, cet échange de regards entre deux femmes. Leurs gestes enveloppants, protecteurs, traduisent une complicité de longue date. L’une est valide ; l’autre, porteuse de trisomie 21. Soudain, les deux danseuses s’assoient et s’observent. « Dis-moi comment je suis née », lance soudain la plus jeune. Celle aux cheveux gris débute son histoire. Incontestablement, le point de bascule du portrait chorégraphique intime De Françoise à Alice créé par le chorégraphe Mickaël Phelippeau et programmé dans la première édition du festival Everybody.

Favoriser la pratique de la danse des personnes en situation de handicap mental

Alice et Françoise Davazoglou ont rencontré Mickaël Phelippeau à l’occasion d’un atelier donné au sein de ART21 (Association Regard Trisomie 21). La mère et la fille ont fondé cette association à Laon, dans l’Aisne, en 2013. Objectif  :  favoriser la pratique de la danse des personnes en situation de handicap mental. Que chacun puisse s’exprimer par le mouvement, soit sensibilisé à des spectacles jeune public de qualité, vive une expérience d’ouverture à l’autre…  Les ateliers sont ouverts aux adultes comme aux enfants, y compris valides. Mickaël Phelippeau a eu l’idée de ce dialogue intime entre une mère et sa fille réunies par l’amour de la danse.

Je me sens moi, je suis heureuse quand je danse. »

Alice, 35 ans, a commencé la danse à l’âge de 15 ans. Passionnée, la jeune femme décide en septembre 2019 de quitter son emploi d’agent de nettoyage dans une entreprise de transports. « Je me sens moi, je suis heureuse quand je danse », confie-t-elle. Sur scène, elle déploie une large palette d’émotions.  Il faut la voir exprimer sa colère et sa rage sur du Beth Ditto au milieu de la pièce. Impressionnante !

Titulaire d’un agrément Éducation Nationale pour intervenir dans les écoles, Alice co-anime des ateliers danse en milieu périscolaire et associatif. Françoise, elle, danse depuis plusieurs décennies. Elle mène actuellement un travail de recherche intitulé Danse et condition handicapée : quels pouvoirs d’agir ? La danse a constitué un trait d’union entre les deux femmes.

Une pièce qui parle de filiation, de transmission et d’émancipation

Le travail de création autour de la pièce De Françoise à Alice, suivi de la parution d’un livre (Je suis Alice Davazoglou. Je suis trisomique normale mais ordinaire) ont conforté Alice dans la voie qu’elle s’est choisie. « J’ai envie que les gens apprennent et comprennent qui nous sommes, nous les personnes avec un handicap mental. » Dans les lieux où la pièce a déjà été présentée, l’accueil du public a été unanime. Ce duo traversé par les thèmes de la filiation, de transmission et d’émancipation remue, émeut et fait réfléchir.


De Françoise à Alice
est à voir les 18 et 19 février au Carreau du Temple à Paris.  Autres dates de tournée : le 8 mars à la scène nationale d’Orléans (45), le 21 mars au Klap à Marseille (13), les 24 et 25 mars au Théâtre du Bois de l’Aune à Aix-en-Provence (13), les 3 et 4 mai à la Maison de la culture de Bourges (18).

Atelier de danse avec Françoise et Alice Davazoglou, le 19 février de 10h30 à 12h30.

Un Carreau du Temple accessible

Le Carreau du Temple met en place différents dispositifs pour ouvrir ses espaces au plus grand nombre. Dans le cadre d’un partenariat avec le Centre de Recherche Théâtre et Handicap, devenu Souffleurs de Sens, les personnes déficientes visuelles peuvent accéder aux représentations en sollicitant le service Souffleurs d’Images. Traduction en Langue des signes française par Paris Interprétation de certaines rencontres. Accessibilité des espaces aux personnes à mobilité réduite. Contactez le lieu au préalable pour les conditions d’accueil et bénéficier d’un placement adapté en salle.  Entrée accueil du public, billetterie, salle de spectacle et espaces sportifs : 2 rue Perrée 75003 Paris.

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