Campagnes électorales : une accessibilité à améliorer

Publié le 7 mars 2022 par Élise Descamps
La taille de l'incrustation des interprètes en LSF dans les vidéos de meetings varie beaucoup selon les candidats. © capture d'écran

Le premier relevé hebdomadaire de l’Observatoire de l’accessibilité des campagnes électorales présidentielle et législatives de 2022 n’est pas glorieux. Tous candidats confondus, un même constat : peut mieux faire.  Ainsi, aucun d’eux n’a encore diffusé profession de foi et programme en version facile à lire et à comprendre. Le Comité national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) va surveiller les progrès.

Seule Anne Hidalgo (PS) indique sur son site de campagne un contact référent sur l’accessibilité. Deux autres candidats à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Fabien Roussel (PC), quant à eux, affichent clairement des informations sur l’accessibilité de leurs meetings. Seul le site d’Emmanuel Macron (LREM) révèle son degré de conformité (partiellement conforme) au RGAA (référentiel général d’amélioration de l’accessibilité). Il explique aussi comment contacter un interlocuteur en cas de défaut d’accessibilité. Pour les autres candidats, aucune information sur le sujet.

Campagnes suivies de près

Les constats établis dans le premier relevé hebdomadaire de l’Observatoire de l’accessibilité des campagnes électorales et des scrutins de 2022, daté du 4 mars, ne sont pas glorieux. Un relevé qui se trouve entre les mains du Comité national consultatif des personnes handicapées (CNCPH). Objectif : suivre les campagnes des candidats à l’élection présidentielle des 10 et 24 avril et aux élections législatives des 12 et 19 juin 2022, comme le prévoit la loi. Et donc voir si elles sont accessibles. Même si, pour l’instant, l’accessibilité physique des meetings et des réunions publiques n’est pas encore recensée.

Ce premier relevé (il sera hebdomadaire) porte, en effet, sur quatre critères : l’affichage sur le site des candidats des informations relatives à l’accessibilité de leur campagne ; l’accessibilité des retransmissions simultanées des meetings et la diffusion d’une version facile à lire et à comprendre (Falc) et en langue des signes française (LSF) de la profession de foi et du programme.

Les prochains relevés évalueront d’autres critères (douze en tout). Notamment, l’accessibilité du clip officiel de campagne, l’utilisation d’un masque transparent (ou l’absence de masque) pour les interventions publiques et audiovisuelles ou encore l’accessibilité des réunions publiques, pour tous les handicaps. Mais sur les quatre items déjà évalués, une chose est sûre : peut mieux faire !


Meeting de Valérie Pécresse du 14 février 2022 à Paris. Pas de sous-titrage simultané et une interprétation en LSF avec incrustation à l’image de taille insuffisante, ne permettant pas de suivre les interventions confortablement. © Capture d’écran

Interprètes en LSF à peine visibles

Pour les retransmissions des meetings sur les réseaux sociaux, seuls Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo rendent systématiquement visibles la transcription simultanée et l’interprétation en langue des signes française (LSF). Pour les autres candidats, c’est plus aléatoire.

La taille dévolue aux interprètes en LSF laisse aussi à désirer. Cela en dépit de la recommandation de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) préconisant un tiers de l’image. À ce sujet, Jean-Luc Mélenchon engrange les bons points. Son choix a été de recourir à une diffusion sur une page Facebook spéciale personnes en situation de handicap.

Falc encore inexistant

Côté profession de foi et programme, aucun des candidats n’a encore diffusé de version en Falc. Ils le devront impérativement. C’est une obligation nouvelle depuis le décret du 31 mars 2021 relatif à l’élection du président de la République. En plus de l’enregistrement sonore et de la version électronique du texte lisible par un lecteur d’écran. Le ministère de l’Intérieur a d’ailleurs réalisé une fiche pratique sur le Falc destinée aux candidats.

Recommandations de l’Observatoire

Au-delà des obligations légales, l’Observatoire recommande une version en LSF de la profession de foi et du programme, en faisant appel aux services de traducteurs qualifiés. À ce jour, aucun candidat ne l’a encore réalisée. Cependant, Anne Hidalgo annonce dans sa charte de l’accessibilité qu’elle le fera.

À partir du 28 mars les chaînes de France Télévisions diffuseront les clips de campagne des candidats. Ceux-ci seront nécessairement accessibles. Mais c’est tard : moins de deux semaines avant le premier tour. Pour que les citoyens – ayant un handicap auditif notamment – puissent avoir accès plus tôt à ces informations, l’Observatoire du CNCPH recommande aux candidats de diffuser en amont d’autres clips en LSF sur leurs propres sites ou réseaux sociaux. Enfin, il ne demande pas que l’intégralité des meetings, par exemple, soient accessibles, mais que l’information sur leur accessibilité soit disponible en amont.

Pour un vote ni biaisé ni influencé

« Notre objectif n’est pas de coincer les candidats ni d’influer sur le choix de qui que ce soit, commente Jérémie Boroy, président du CNCPH. Au contraire nous voulons éviter les choix biaisés, en fonction de l’accessibilité de la campagne d’untel ou untel. » 

Il regrette que l’accessibilité des campagnes ne soit pas une condition à leur remboursement. Mais aussi que la production des supports d’accessibilité ne relève pas de la responsabilité de la puissance publique. Rappelant que les médias doivent également prendre leur part dans l’effort d’accessibilité.

Qui sont les observateurs ?

L’Observatoire de l’accessibilité des campagnes électorales et des scrutins de 2022 repose sur une trentaine des membres du CNCPH, sur la base du bénévolat. Ne pouvant être exhaustif, il observe seulement une partie des outils nationaux (uniquement certaines pages des sites, par exemple) et certains territoires. À savoir : Pas-de-Calais, Loire-Atlantique, Seine-Saint-Denis, Creuse, Paris, La Réunion, Calvados, Marseille et Lyon.

Les personnes non membres du CNCPH peuvent également être observateurs bénévoles. Écrire à electoral@cncph.fr

 

Comment 5 commentaires

En conclusion, moi qui suis handicapée auditive, en fin de compte, et comme chez tous les handicapés qui sont comme moi + ou – ‍♂️, nous nous sentons comme des écartés de la Société et notamment quand, on est en cours en pleine campagne électorale, il s’avère que c’est + ou même – volontairement parfois dans le but de ramasser le + de voix que c’est biaisé. Nous nous sentons discriminés et ne voulons pas être les dindons de la farce en particulier sur le p;an politique !!!

En conclusion, moi qui suis handicapée auditive, en fin de compte, et comme chez tous les handicapés qui sont comme moi + ou – ‍♂️, nous nous sentons comme des écartés de la Société et notamment quand, on est en cours en pleine campagne électorale, il s’avère que c’est + ou même – volontairement parfois dans le but de ramasser le + de voix que c’est biaisé. Nous nous sentons discriminés et ne voulons pas être les dindons de la farce en particulier sur le p;an politique !!!

Quid des millions de personnes handicapés en France ??? Étant Traumatisé-Crânien, GOS 3 (Comas sévère), ancien Consul des SEYCHELLES sur la Réunion 1992-1994. Puis après je suis reparti de l’île pour prendre soin de mon Fils Nathan né à 6 mois 3 semaines, pour ma Grande Fille Camille de 3 ans plus que lui. Mes Enfants sont des êtres merveilleux, malgré moi leur Père qui ai santé chancelante et je m’en sors plutôt bien !!!
Bienveillance et dans la Paix…

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