Les pensionnés d’invalidité, parents pauvres du handicap

Publié le 28 avril 2022 par Franck Seuret
Hervé, pensionné d'invalidité, vit en colocation avec un allocataire de l'AAH. Alors qu'ils ont les mêmes ressources, il perçoit une aide au logement d'un montant 100 € moins élevé.

Non, les personnes handicapées ne se résument pas au 1,2 million de titulaires de l’allocation adulte handicapé. Il y aussi 830 000 pensionnés d’invalidité, grands absents du débat public… et qui bénéficient de moins d’aides.

Qui veut réformer les pensions d’invalidité ? Pas Emmanuel Macron, à en croire son programme qui ne mentionne pas une fois cette prestation. Pourtant, à revenus comparables, les pensionnés d’invalidité sont souvent moins bien lotis que les bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé (AAH)*. Le cas d’Hervé** l’illustre jusqu’à la caricature.

Cent euros de moins d’aide au logement

Ce Lillois vit en colocation avec Paul. Les deux célibataires sont en situation de handicap et partagent un appartement thérapeutique, géré par un établissement public de santé mentale. Ils ont le même niveau de ressources : 919,86 €, le montant de l’AAH à taux plein. Pourtant, Hervé bénéficie d’une aide au logement 100 € moins élevée que celle de Paul.

Pourquoi ? Parce que le premier touche une pension d’invalidité de 661 € imposable, complétée par une AAH différentielle de 258,86 € alors que le second, lui, perçoit uniquement l’AAH, non imposable.

Un chèque énergie trois fois moins élevé

De plus, le montant du chèque énergie d’Hervé (98 €) est quasiment trois fois moins élevé que celui de Paul. Il paie 2,5 fois plus cher son abonnement mensuel aux transports en communs de Lille (+ 11 € par mois). Le tarif social dépend, en effet, du quotient familial Caf calculé sur la base des revenus imposables. Enfin, il doit verser une participation financière de 14 € pour bénéficier de la complémentaire santé solidaire (CSS). Paul, lui, n’a rien à verser.

« C’est injuste et totalement aberrant »

« Alors que nous avons le même handicap et les mêmes ressources, je perçois beaucoup moins d’aides que lui, résume Hervé. Tout ça, parce que moi je remplissais les conditions exigées pour toucher une pension, contrairement à lui qui bénéficie donc de l’AAH . C’est injuste et totalement aberrant. »

Une aide pour les enfants de moins de 3 ans

Un sentiment que partage Florian Deygas. En janvier, ce jeune père de famille a perdu le bénéfice de l’allocation de base de 175 € par mois, parce qu’il touche une pension d’invalidité. Cette aide mensuelle sert à financer les dépenses engagées par les parents pour leur enfant de moins de trois ans. Sous réserve que leurs ressources de l’année n-2 soient inférieures à un certain plafond. 35 971 € pour un couple avec deux revenus d’activité.

En 2019, Florian a travaillé. Son épouse aussi. Leurs deux salaires cumulés ne dépassaient pas ce seuil. En 2021, ils ont donc touché l’allocation de base à taux plein.

La pension d’invalidité ajoutée aux ressources

Mais en 2020, Florian a été licencié pour inaptitude, en raison de sa sclérose en plaques. Depuis, il touche une pension d’invalidité que la Caf ne considère pas comme un revenu d’activité. C’est donc un autre plafond qui s’applique : celui des couples avec un seul revenu. Il est certes moins élevé – 27 219 € – mais la Caf prend en compte le montant de la pension. Elle l’ajoute au salaire de son épouse. Résultat : Florian n’a plus droit à l’allocation de base. Un manque à gagner de 2 100 € par an !

« C’est hyper violent »

« C’est hyper violent, commente-t-il. Cela me renvoie à la figure mon inactivité forcée. J’ai subi un licenciement que je ne voulais pas. Et, là, la Caf me pénalise parce que je ne travaille pas mais touche une pension d’invalidité. C’est d’autant plus injuste que la Caf n’intègre pas l’AAH dans le montant des ressources du ménage. »

* En revanche, contrairement à l’AAH, le montant de la pension d’invalidité ne varie pas en fonction des revenus du conjoint.

** Le prénom a été changé.

Pension d’invalidité / AAH

Si vous avez cotisé à la Sécurité sociale, vous pourrez bénéficier d’une pension d’invalidité, sous réserve de remplir certaines conditions : votre capacité de travail ou de revenus est réduite d’au moins 2/3  ; vous étiez immatriculé auprès de la Sécurité sociale depuis au moins 12 mois lorsque l’invalidité est survenue ; vous avez effectué au moins 800 heures de travail salarié, ou cotisé sur un salaire au moins égal à 2 030 fois le Smic horaire, dans les 12 mois précédant l’invalidité.

Si vous ne remplissez pas ces conditions, vous percevrez peut-être l’AAH, attribuée sur d’autres critères.

Pour résumer, la pension d’invalidité est un prestation de Sécurité sociale réservée aux citoyens ayant cotisé. L’AAH, elle, est une aide sociale visant à assurer un filet de sécurité à une personne en situation handicap et de précarité.

Comment 10 commentaires

Merci beaucoup de cet article.
En effet je me dis régulièrement que l on se fiche des pensionnes d invalidité…en tout cas categorie 2…je me dis souvent que j aurais mieux fait de ne jamais essayer de travailler vu mon handicap de naissance…je serai plus a l aise financièrement en n ayant jamais travaille et en beneficiant de l AAH
D autant que j ai ete licencie pour inaptitude apres mise en invalidte d office et sans reelle recherche pour moi d un emploi plus adapte (je n ai jamais eu d emploi adapte)
Comme dit le monsieur dans l article…c est hyper violent et tres injuste..

Mon mari a eu un accident au travail, il a perdu la vue de son œil droit, une dépression , il voit un psychologue ,un psychiatre ,trois autres médecins.Mais le médecin conseille de la sécurité sociale ne veut pas lui donner l’invalidité car il dit qu’il peut travailler.
Ils a toujours mal à la tête , on a arrêter beaucoup de sortie car il ne peut pas,mais comme il reçoit une rente de 500euros ,c’est avec 500euros que l’on peut vivre.
Le médecin du travail a mis mon mari innapte au travail,il a été licencié, et maintenant ils disent que mon mari n’a pas le droit au chômage car il ne peut pas travailler alors que devons nous faire .Aider nous s’il vous plaît

Ce n est déjà pas facile de vivre avec la maladie mais vivre avec la moitie de notre salaire jusqu’à a la retraite sans aucune aide c’est dévalorisant!!! Se sentir exclue de la société aussi et encore une étape a accepter!!! et tout cela avec le silence du gouvernement!!!

Bonjour je suis en invalidité 2ème catégorie et avant.en 1er catégorie je travaillais à mis temps avec neutralisation sur revenus activés 30%caf et avais droit a la prime activité et depuis qie j’ai étais en invalidité piur inaptitude j’ai un statut a part donc mon contrat suspendu et ma pension versé par ma caisse de retraite je précise j’ai 54 ans pas en âge de retraite
Et depuis je perds mes APL et plus de prime activité et je suis une maman célibataire

Et de surcroît, comme il n’y a pas assez de micro économies, réalisées sur le dos des pauvres et surtout des invalides. L’augmentation ridicule, genre 0,1% l’an dernier, est décrétée en avril, mais jamais répercutée avant … octobre au plus tôt. Novembre décembre pour certains pour obtenir juste 3 euros de plus. Erreur de logiciel quand on avait une réponse. C’était en 2018. Déjà sous Macron. Prendre 1 euro à chaque pauvre pour donner des milliards à des ultras riches. Les invalides : VOTEZ !

Bonjour,
Merci de parler de nous car c’est silence totale partout meme les associations .
Pour nous pas de prime de cadeaux ou de respect car nous sommes des accidenté du travail . Triste réalité

Sans oublier que la pension d’invalidité est imposable et qu’il y a 3 taux de CSG/RDS en fonction des situations.
Donc si on ajoute à cela le fait que la revalorisation n’est pas appliquée comme il se doit au 1er avril chaque année, cela devient inadmissible. Et la ministre du handicap, c’est silence radio à ce sujet.
Le SMIC, quand l’augmentation est appliquér c’est dès le 1er jour sinon beaucoup se mettrait en grève. Les handicapés, pardon, personne à mobilité réduite (!), on ne risque pas de se mettre en grève puisqu’on ne peut peut plus (ou peu) travailler.Nous sommes les invisibles, ceux qu’on ne veut pas voir, pas entendre….

Le nouveau ministre Abad , malgré le fait qu’il soit dans la tourmente en ce moment a correspondu avec moi à ce sujet et a contacter la MDPH et La CAF et au conseil général et c est silence radio aussi

Je suis âgé de 75 ans handicapé physique à 80% depuis 1975 mais handicapé depuis ma jeune enfance . J’ai quand-même travailler dans le privé et le publique, je suis retraité, la MDPH m’a accordé une auxiliaire de vie pour quelques heures, je suis obligé de mettre un peu de ma poche pour pouvoir profiter de quelques heures de plus, car j’ai vraiment besoin de plus en plus d’une tierce personne constamment, la MDPCH me règle uniquement les charges de l’URSSAF pour le salaire de ma tierce personne et la CPAM me verse une pension d’invalidité, je suis en fauteuil roulant depuis deux ans, je suis seul, ma tierce personne et devenu ma colocataire pour pouvoir aussi avoir un appartement adapté à mon handicap, le montant de ce loyer en appartement est très honéreux pour moi. Les services sociaux ne m’avez rien trouvé comment logement adapté .
Je n’ai pas droit à une aide au logement , ni à l’AAH pour la simple raison que je perçois une petite retraite pour avoir un peu travaillé, et cela n’est pas cumulable.

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