Le Dextrain Manipulandum, un dispositif pour retrouver la dextérité

Publié le 13 mai 2022 par Olivier Clot-Faybesse
Avec le Dextrain Manipulandum, la force exercée par chacun des doigts est représentée par une jauge de force (colonne). Une cible visuelle indique les doigts à activer pour remplir les jauges correspondantes. © Dextrain

L’instrument de mesure quantitative, Dextrain Manipulandum, évalue la motricité fine : à savoir la dextérité des mains et des doigts. Mais pas seulement. C’est aussi un outil clinique qui permet d’observer l’éventuel bénéfice neurologique des exercices réalisés par les patients. Le cerveau aurait en ce cas une capacité à remodeler ses connexions. Les chercheurs français de l’Inserm suivent cela de très près.

Si la rééducation des membres supérieurs offre de bons résultats, des solutions spécifiques pour retrouver une motricité fine manquent. À la suite d’un AVC, par exemple, un patient sur deux aura, sur le long terme, un déficit du contrôle de ses doigts.

Ce que souligne Isabelle Loubinoux, responsable de l’équipe Inserm iDREAM. « La dextérité est souvent ce qui est le plus difficile à récupérer après l’AVC. » Ainsi, boutonner une chemise ou manipuler un objet ne sera plus, ou très difficilement, possible. Le dispositif Dextrain Manipulandum, lauréat du concours innovation handicap Sofmer, a été pensé pour pallier ce manque.

Mesurer la dextérité

Développé par l’iDREAM en collaboration avec une seconde équipe de l’Inserm*, le Dextrain Manipulandum permet d’évaluer quantitativement la motricité fine. Comment ? Grâce notamment à ses cinq pistons. Un pour chaque composant de la dextérité. À savoir, le contrôle de la force ; l’indépendance des doigts ; la temporalité du mouvement ; la vitesse d’exécution du geste et l’apprentissage de séquences de mouvements.

Connecté à une tablette, le Dextrain Manipulandum détecte et suit ces différents paramètres à partir de consignes données au patient. Ainsi, ce dernier peut observer en direct la traduction quantitative du geste réalisé sur l’instrument.

Localiser les zones affectées du cerveau

Cependant, l’appareil ne sert pas qu’à évaluer. Il s’agit aussi d’un outil clinique destiné à compléter la panoplie des dispositifs de rééducation motrice. « Couplées à l’imagerie cérébrale, précise Påvel Lindberg, neuroscientifique et cofondateur de la start-up Dextrain, les données du Dextrain Manipulandum peuvent nous renseigner sur les structures du cerveau atteintes dans certains déficits moteurs. »

C’est-à-dire localiser les zones affectées (causées ou non par un AVC) mais surtout constater si les exercices apportent un bénéfice neurologique. Car cela démontrerait alors une plasticité cérébrale chez le patient. Soit une tendance du cerveau à remodeler ses connexions pour pallier un déficit.

Stimuler la plasticité neuronale

Les scientifiques espèrent identifier également de nouvelles approches pour relancer et orienter cette plasticité neuronale. Telles que les thérapies médicamenteuses, les greffes de cellules souches, la stimulation transcrânienne non invasive, voire préventive. « Nous cherchons à mesurer et à mieux comprendre les effets neurologiques de la rééducation et des traitements, explique Påvel Lindberg. Mais à l’avenir, avec la neuro-imagerie, nous allons vers une analyse individualisée et prédictive. »

En effet, l’observation de déficits de la dextérité fine pourrait traduire un signe avant-coureur d’une atteinte neurologique, comme la maladie d’Alzheimer. Avec à la clé, la possibilité d’engager soins et rééducation au plus tôt.

* Équipe iDREAM (unité 1214 Inserm/Université Toulouse III) et équipe Accidents vasculaires cérébraux (unité 1266 Inserm/Université Paris Cité, Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris).

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