Clara Sola, un premier film ardent et charnel sur l’émancipation d’une femme

Publié le 1 juin 2022 par Elise Jeanne
L'actrice costaricienne Wendy Chinchilla Araya incarne brillamment Clara, une femme de 40 ans, personnage principal du film Clara Sola de Nathalie Álavarez Mesén.

Clara Sola, premier long métrage de Nathalie Álvarez Mesén, en salles mercredi 1er juin, nous mène tout droit dans un village perdu du Costa Rica. Clara, 40 ans, atteinte d’une grave scoliose, de troubles mentaux et comportementaux, y vit sous l’emprise d’une mère qui a fait de sa déficience une source de revenu.

Dès les premières minutes, nous voilà saisis par des gros plans à la poésie subtile sur une végétation luxuriante, plongée dans la brume, et sur la manière viscérale dont une femme touche cette nature : la taiseuse Clara préfère le monde animal à celui des humains. Considérée et présentée comme une “madone” dont les mains guérisseuses, nées d’une hypothétique vision de la Vierge Marie, auraient le pouvoir de secourir les malades, elle va brûler les normes religieuses et sociales. Se libérer d’une oppression de son corps et de son existence et s’éveiller à la sexualité.

Un conte anticlérical et antipatriarcal

La réalisatrice costaricienne-suédoise, Nathalie Álvarez Mesén revendique ce premier long métrage comme « un appel à la désobéissance, à se guérir grâce à la nature ». Comme aussi une dénonciation des « femmes qui vont dans le sens du patriarcat » sans se poser de questions et reproduisent des schémas « déguisés en traditions ». Schémas qu’elle estime « rétrogrades » et « malsains ».

La singularité du regard et du ton –avec laquelle elle exprime, ici, son point de vue – est campée brillamment par la très belle actrice costaricienne Wendy Chinchilla Araya, une danseuse de formation à la forte intensité corporelle.

Un cinéma du ressenti et de l’immersion mystique

En sus d’un montage élégant et d’une photographie léchée, l’actrice contribue grandement à nous faire vivre une expérience non pas rationnelle et cérébrale mais sensorielle et onirique.

Il en résulte un film inventif et subtil, privilégiant la gestuelle plutôt que les dialogues pour faire comprendre le voyage émotionnel des différents personnages. Près de deux heures magiques et fascinantes.

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