Insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap : un dispositif innovant en Saône-et-Loire

Publié le 9 juin 2022 par Élise Descamps
Luckas, 19 ans, est suivi par un nouveau service de la Mutualité française qui le soutient dans son projet professionnel : devenir palefrenier-soigneur. © DR

La Mutualité française de Saône-et-Loire a lancé, en septembre 2021, un service d’appui à l’insertion des jeunes de 16 à 25 ans en situation de handicap. La condition : avoir un projet de vie sociale, de formation ou d’emploi en milieu ordinaire. Du sur-mesure pour ne pas se décourager et réaliser le projet d’avenir auquel ils tiennent. Luckas, 19 ans, bénéficie de ce dispositif depuis sa création. Avec une idée bien claire en tête : devenir palefrenier-soigneur.

« J’ai arrêté l’école en CE2 à cause de mon handicap psychique et je suis allé en institut thérapeutique éducatif et pédagogique, un Itep, de 8 ans à 18 ans. Mais je m’inquiétais pour l’avenir, car je ne voulais pas aller en Ésat. Moi, je voulais un emploi dans un environnement sans handicap », raconte Luckas, 19 ans. Passionné de chevaux, il avait son idée en tête : devenir palefrenier-soigneur. « Mais j’avais peur d’échouer, avec mon niveau scolaire très bas, mes coups de colère et mes angoisses. » 

La Mutualité française, gestionnaire de l’Itep, s’apprête alors à lancer un nouveau service en Saône-et-Loire : le Dispositif d’insertion sociale et professionnelle (Disp). Luckas sera l’un des premiers jeunes à en profiter. Le Disp est un accompagnement à la carte pour les jeunes en situation de handicap de 16 à 25 ans ayant un projet professionnel, de formation ou de vie sociale en milieu ordinaire. Aux manettes, une équipe pluridisciplinaire de dix personnes (psychologue, éducateurs, conseillère en économie sociale et familiale, enseignants spécialisés mis à disposition par l’Éducation nationale…).

Éviter les ruptures de parcours

L’objectif : éviter les ruptures de parcours à 16 ans, l’âge où s’arrête l’obligation scolaire, et à 18 ans, âge de la majorité. Les moyens : des stages en immersion pour trouver sa voie ou simplement travailler sa posture professionnelle. Mais aussi une aide au passage du permis de conduire, à la recherche d’emploi ou de logement… Le dispositif sensibilise aussi des entreprises et collectivités à l’accueil de ces jeunes.

Afin de mûrir son projet, dans le cadre de son accompagnement par le Disp, Luckas a passé une semaine l’été dernier dans une écurie pour découvrir le métier de palefrenier-soigneur. Accompagné en permanence par un éducateur du Disp. « J’étais lent, mon maître de stage me disait d’aller plus vite, ça me mettait la pression, j’étais stressé. » L’aventure aurait pu tourner au fiasco. Donc pause, en accord avec le Disp, et fin du stage le mois suivant. Devant ses progrès, le patron l’a gardé. Luckas a commencé chez lui, en septembre dernier, deux années de CAP. Avec la partie cours au centre de formation des apprentis à Dijon. Et des temps d’appui par le Disp, dans ses locaux de Châlons-sur-Saône, au CFA, dans l’entreprise, ou à distance.

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Soutien scolaire et psychologique

« Je suis content. Sans le Disp je ne me serais pas lancé et j’aurais déjà arrêté. Ma conseillère d’insertion me remotive et parle avec mon patron quand il le faut. J’ai besoin de plus que le suivi par le CFA dont les profs viennent juste voir vite fait comment ça se passe dans l’entreprise. » 

Ce “plus” que lui apporte le Disp, c’est un entretien avec une psychologue chaque lundi matin. « Cela me permet de lâcher tout ce qui m’angoisse avant la semaine, pour pouvoir me concentrer après. » Mais également un soutien scolaire pour avancer malgré ses lacunes, et aussi pour apprendre à emprunter le train, le tram, le bus. Aujourd’hui, cela n’a plus de secret pour lui, et il envisage même de partir travailler en Suisse. Comme Luckas et  47 jeunes actuellement, tout habitant de Saône-et-Loire âgé de 16 à 25 ans et ayant une reconnaissance de son handicap (quel que soit le handicap) peut solliciter l’accompagnement du Disp de la Mutualité française. À condition d’avoir une notification de la MDPH.

Demain leur appartient, le dossier du magazine Faire Face consacré aux jeunes

Le magazine Faire Face de mai-juin 2022 propose un dossier sur l’entrée dans l’âge adulte et donne la parole à de nombreux jeunes en situation de handicap. Retrouvez-y notamment trois pages sur les différentes voies possibles pour accéder à un premier emploi.

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