Mon enfant après moi [Arte] : la maison où les parents préparent leur disparition

Publié le 24 août 2022 par Franck Seuret
Annie, 74 ans, et sa fille Marie-Madeleine, 33 ans, vont quitter leur maison pour aller vivre dans un foyer qui accueille les parents âgés et leur enfant handicapé. © Arte

Mon enfant après moi, diffusé ce mercredi 24 août sur Arte, suit l’intégration d’Annie, 74 ans, et de Marie-Madeleine, 33 ans, dans un établissement qui accueille des parents âgés et leur fils ou leur fille en situation de handicap. Un documentaire sensible sur la préparation à la disparition mais aussi sur la relation de dépendance respective entre parents et enfants.

« Est-ce que demain matin je serai encore là ? » Annie a 74 ans. Et comme de nombreux parents d’enfants handicapés, elle se pose la question de l’après. Que se passera-t-il lorsqu’elle ne sera plus là pour accompagner sa fille Marie-Madeleine, 33 ans, trisomique, avec laquelle elle vit ? Elle a cherché une place dans un foyer. En vain.

Alors, Annie a décidé d’aller vivre avec sa fille, dans l’un des rares établissements recevant des parents âgés et leur fils ou leur fille en situation de handicap. Elle prépare son déménagement, devant la caméra de Martin Blanchard, le réalisateur du documentaire Mon enfant après moi, diffusé mercredi 24 août sur Arte.

De la grande maison au petit studio

Annie et Marie-Madeleine, sa fille, vont désormais vivre dans deux petits studios contigus. ©Arte

L’arrivée à la maison d’accueil familial du Boistissandeau, en Vendée, est rude. Le petit studio où Annie va désormais vivre, contigu à celui de sa fille, déborde de cartons. Il faut trouver de nouveaux repères, apprendre à vivre en collectivité… « Il faut que ça aille ! », cherche-t-elle à se convaincre.

La garantie de rester sur place après le décès de son parent

Martin Blanchard suit l’intégration progressive d’Annie et de Marie-Madeleine. Il croise leur parcours avec celui d’autres résidents arrivés là auparavant. Comme Odette, 103 ans, et son fils Pascal, 63 ans. Ou bien encore Thierry, 59 ans, dont le père est mort il y a dix ans. Au décès de son parent, l’enfant survivant continue, en effet, à vivre au Boistissandeau. Une garantie qui rassure… et une échéance à laquelle il faut se préparer.

« Ma mère, elle est saoulante »

Pour les professionnels, l’enjeu est d’aider ces enfants adultes à s’autonomiser, à s’affranchir de la tutelle de leurs parents. Ce qui n’est pas une mince affaire, tant leurs vies sont étroitement liées. Annie ne peut ainsi s’empêcher de passer voir sa fille, en pleine séance de relaxation dans la salle multisensorielle du château. « Ma mère, elle est saoulante », maugrée la jeune femme.

Crise d’angoisse avant l’excursion

Armelle, 56 ans, s’inquiète à l’idée d’aller à la plage sans sa mère. © Arte

Armelle, elle, traverse une crise d’angoisse au moment de partir en excursion. Avec des encadrants… mais sans Michelle, sa mère, qui aimerait voir sa fille s’émanciper.

« Ça fait 56 ans qu’elle vit avec moi, raconte cette dernière âgée de 78 ans. D’un seul coup, on lui dit qu’elle va prendre ses décisions toute seule. Elle ne comprend pas. »

« Se rééduquer à souffler »

C’est aussi tout l’intérêt de ce documentaire sensible et émouvant qui interroge la relation de dépendance respective entre parents et enfants. Annie va progressivement « se rééduquer à souffler », comme elle le dit joliment.

« On est habitué à tellement s’occuper de son enfant qu’on ne pense même pas qu’on peut faire confiance aux autres et que cela peut se passer très bien si on ne participe pas à tout, confiera-t-elle, plus tard. Je me rends compte que j’aurais pu m’occuper plus de moi. »

Mon enfant après moi, mercredi 24 août sur Arte à 22 h 30. 57 minutes. Disponible aussi en replay sur arte.tv.

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