Webradio : quand les personnes dys prennent la parole

Publié le 7 octobre 2022 par Pauline Hervé
Les ateliers radio sont une bonne mise en situation. Face au stress de la prise de parole, ils permettent de gagner de la confiance en soi.

Journée nationale des dys le 9 octobre.  Coup de projecteur sur une initiative originale : des ateliers “prise de parole”, sous forme de webradio et de podcast, pour les jeunes et les adultes porteurs de ces troubles. Rencontre avec Jean-Marc Laurent, journaliste à l’origine de ce projet soutenu par la Fédération française des Dys.

Faire-face.fr : Comment ces ateliers destinés aux jeunes et aux adultes porteurs de troubles dys sont-ils nés ?

Jean-Marc Laurent entouré de quatre adolescents qui ont participé à un atelier à Bordeaux. © DR

Jean-Marc Laurent : C’est ma fille qui m’a donné l’idée ! Elle a aujourd’hui 14 ans, et a été diagnostiquée “multi-dys” à 5 ans. J’ai longtemps travaillé en radio. En la voyant tourner autour de mon matériel, jouer avec le micro, je me suis dit qu’il fallait en faire quelque chose. C’est devenu un jeu : parler dans le micro, se réécouter dans le casque, corriger sa prononciation…

J’ai alors suggéré à des associations – Association Avenir Dysphasie France et la Fédération française des Dys – de monter des ateliers de webradio et de podcasts pour les adolescents et adultes porteurs de troubles dys. L’objectif est double : aider à prendre la parole en public et créer du lien entre ces jeunes qui sont souvent assez isolés. Depuis 2021, nous avons déjà pu faire plusieurs ateliers, en région parisienne et en Gironde.

À la fin de chaque atelier, nous créons une émission entière d’une demi-heure à une heure. »

F-f.fr : Comment se déroulent ces ateliers ?

J.-M.L : Chaque atelier se déroule sur six à dix “séances”. Les participants sont intimidés au début : alors on commence donc par créer du lien. C’est aussi pour moi l’occasion d’écouter comment chacun s’exprime. Il y a de très grandes différences, selon les personnes et leur type de handicap – dysphasie, dyspraxie ou dyslexie. Ensuite, nous enchaînons les exercices : savoir respirer, chauffer sa voix, improviser.

On travaille aussi sur des virelangues, ces jeux où l’on doit répéter des groupes de mots difficiles à prononcer. Je découpe tellement l’exercice que certains arrivent à le faire sans difficulté deux ou trois fois. Le but, c’est de leur dire : « Bravo, tu as réussi ! » et de voir la lumière dans leurs yeux. À la fin de chaque atelier, nous créons une émission entière d’une demi-heure à une heure.

Nous avons des retours ultra positifs des familles, et même d’orthophonistes. »

F-f.fr : Quels sont les retours ?

J.-M.L : L’avantage de l’émission radio ou des podcasts, c’est que les participants les partagent avec leur entourage. L’idée, c’est que les proches soient épatés par le résultat, et c’est le cas ! Ainsi, nous avons des retours ultra positifs des familles, et même d’orthophonistes.

À plus long terme, ces ateliers aident à se mettre en situation pour la prise de parole en milieu scolaire ou professionnel. Nous allons continuer, d’autant plus que l’initiative a reçu, en juillet, le trophée Responsable de la Banque de France, ce qui va nous permettre d’en financer d’autres. Mon espoir, c’est aussi de faire essaimer cette idée auprès d’autres professionnels de l’audiovisuel, sensibles aux problématiques des dys.

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