33 à 45 % des allocataires de l’AAH sont pauvres

Publié le 17 octobre 2022 par Franck Seuret
Si le seuil de pauvreté, qui est de 1 128 € par mois, se calcule en prenant en compte l’ensemble des ressources du foyer et la composition du ménage, la pauvreté se mesure aussi en conditions de vie.

33 % des allocataires de l’AAH vivent sous le seuil de pauvreté, fixé à 1 128 € par mois. Mais, selon la Drees, 45 % sont pauvres en conditions de vie, car ils rencontrent des difficultés dans leur quotidien ou sont privés d’éléments du bien-être standard. 

Oui, le montant de l’AAH est bien inférieur au seuil de pauvreté. Le premier s’élève à 956 € quand le second atteint 1 128 € (1). Et pourtant, selon les dernières données disponibles de la Drees, un organisme du service statistique public, seuls 33 % des allocataires vivent sous le seuil de pauvreté.

Pourquoi un tel écart ? Tout simplement parce que le seuil de pauvreté se mesure en prenant en compte l’ensemble des ressources du foyer (salaires, allocations mais pas la prestation de compensation du handicap) et la composition du ménage (pour obtenir le niveau de vie, il faut diviser le total de ces ressources par le nombre de personnes : 1 pour la première personne, 0,5 pour les autres et 0,3 pour tout enfant de moins de 14 ans).

Quand l’aide au logement fait passer au-dessus du seuil de pauvreté

L’aide au logement est aussi considérée comme une ressource. Exemple : Yann perçoit l’AAH à taux plein (956 €) ainsi qu’une aide personnalisée au logement (APL) de 180 €. Son revenu disponible s’élève donc à 1 136 €. Et comme il vit seul, il se retrouve au-dessus du seuil de pauvreté. Une situation très commune : 72 % des allocataires de l’AAH sont célibataires et sans enfant.

Sarah, elle, habite seule avec sa fille de 8 ans. 6 % des allocataires de l’AAH partage cette situation. Elle aussi touche 1 136 € d’AAH et d’APL. Mais sa situation de mère célibataire lui ouvre droit, en plus, à une allocation de soutien familial (ASF) de 123 €. Soit 1 259 € au total, qu’il faut diviser par 1,3 parts (une pour elle ; 0,3 pour sa fille de moins de 14 ans). Leur niveau de vie est donc égal à 968 €. Au-dessous du seuil de pauvreté.

La pauvreté n’est pas uniquement monétaire

Ces deux cas-types permettent de comprendre pourquoi seuls 33 % des allocataires de l’AAH vivent sous le seuil de pauvreté. Mais le taux de pauvreté monétaire « ne recouvre qu’imparfaitement toutes les situations », précise la Drees.

En effet, la pauvreté ne se mesure pas uniquement avec des indicateurs monétaires. Elle s’appréhende aussi à l’aune des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne ou des privations d’éléments du bien-être standard.

Possédez-vous deux paires de chaussures ? Avez-vous un peu d’épargne à disposition ? Ou bien êtes-vous très souvent à découvert ? Autant de questions sur lesquelles se basent les statisticiens pour mesurer la pauvreté en conditions de vie. En se fiant aux réponses reçues, la Drees considère que 45 % des allocataires de l’AAH sont pauvres, quatre fois plus que dans l’ensemble des personnes résidant en France. L’ampleur de la pauvreté dépend donc de l’outil de mesure utilisé.

19,5 % de l’ensemble des personnes handicapées sous le seuil de pauvreté

Enfin, les allocataires de l’AAH ne représentent qu’une partie de la population handicapée. Certains travailleurs en situation de handicap dépassent le niveau de ressources ouvrant droit à l’AAH. D’autres perçoivent une pension d’invalidité ou de retraite d’un montant supérieur. D’autres encore ne remplissent pas les critères ouvrant droit à l’AAH.

Selon la Drees, 19,5 % de l’ensemble des personnes handicapées âgées d’au moins 15 ans(2) vivent sous le seuil de pauvreté. C’est un peu plus que dans l’ensemble de la population française (16,6 %). Mais moins que parmi les seuls allocataires de l’AAH (33 %). Un ultime filet de sécurité.

(1) En 2020.
(2) Une personne est considérée comme étant handicapée si elle déclare « être fortement limitée, depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ».

Comment mesurer la pauvreté en conditions de vie ?

Pour évaluer la pauvreté en conditions de vie, des enquêteurs posent des questions sur quatre grands domaines.

D’abord, les restrictions de consommation : Avez-vous les moyens de maintenir votre logement à bonne température, de payer une semaine de vacances une fois par an… ?  

Puis les contraintes budgétaires : Est-il difficile de couvrir les dépenses avec vos revenus ? Consacrez-vous plus d’un tiers d’entre eux au remboursement de vos crédits… ?  

Également concernés, les retards de paiement : N’avez-vous pas pu payer à temps vos factures d’électricité ou d’eau à plusieurs reprises ces 12 derniers mois ? Et votre loyer ?

Et enfin, les difficultés de logement : Est-il surpeuplé ? Équipé d’un système de chauffage ?

Un ménage est considéré comme pauvre s’il cumule au moins huit privations ou difficultés parmi les 27 sur lesquelles ils sont interrogés.

Comment 8 commentaires

Cet article est très juste mais il n’évoque pas les moyens des personnes hébergées en foyer médico-social. Dois-je considérer que parce qu’il est hébergé dans un FAM mon fils ne peut pas être considéré comme pauvre alors qu’on ne lui laisse que 30% de son AAH (le reste à vivre) ? Peut-on considérer que ce qui lui reste suffit à payer, ses produits d’hygiène, ses vêtements, des loisirs et des vacances ? Evidemment pas et ce qu’il ne peut pas payer est fourni par la famille, en l’occurence moi-même (retraitée et célibataire), ce qui signifie que la pauvreté de mon fils rejaillit inévitablement sur mes propres conditions de vie d’autant que son manque d’autonomie entraîne des frais de loyer (il touche l’aide au logement mais c’est le foyer qui la reçoit), de voiture etc. qui m’appauvrissent. Au delà du cas personnel, c’est tout un point de vue qui n’est jamais abordé : celui des proches d’une personne handicapée et leur appauvrissement progressif. Il faut bien que quelqu’un paye ! Mais après…

Je suis divorcé et je suis handicapé à moins de 80% ce n’es pas possible pour moi de refaire ma vie avec mes ressources juste l’allocation d’adulte handicapé surtout si elle ne travaille pas et même,donc j’ai pas de vie sociale,condamnée à vivre seul jusqu’à la fin de ma vie à 61 ans

Merci de cet article. C’est simplement dommage que vous aussi, vous oubliez les pensionnés d’invalidité qui eux aussi, reçoivent majoritairement des pensions sous le seuil de pauvreté. La conclusion étant que malades ou handicapés, c’est la pauvreté que la nation vous donnera. A rebours de notre constitution

sous le seuil de pauvreté et reconnu a 79% vous avez plus rien arriver a l âge de la retraite une catastrophe il faudrait expliquer aussi leur mode de calcul parce que 79% et 80% ces une histoire de fric pour éliminer ceux qui sont inferieur 80%

Quand sera publié le décret de deconjugalisation ?
Car la vie devient de plus en plus difficile et s’il faut attendre jusqu’au mois d’octobre de l’année prochaine franchement, la mort pour nous.

Oui c est vraiment lamentabld mais
On oublie trop souvent de parler des gens qui n.ont pas l AAH mais une pension d invalidité et plus précisément de ceux qui ont un handicap de naissance…qui ont fait d enormes efforts pour avoir un diplome et travaille et qu on a mis au rencart pour rentabilite insuffisante…sans enfant…c est pas mieux…peut etre meme pire…je l ignore c est pas une competition de toute facon
Le seul constat c est que la France n est vraiment pas un pays juste en matiere de handicap…et qui ne favorise ni l.integration ni la qualite de vie des personnes en situation de handicap…nous sommes la 5eme roue du carosse et en plus on nous culpabilise sans cesse insidieusement du peu qu on nous donne…meme si on a cotisé des annees pour et qu on s est fait mettre de côté sans chercher a quoi on pouvait servir….on m a refusé 6 travails que je pouvais faire a temps plein ou partiel…et on m a impose je dis bien imposé l.invalidite en me disant que c etait meme pas la peine de faire un recours que je perdrai
Je precise que j ai fait des études superieures et exerce ensuite des fonctions de cadre avec succès dans 2 entreprises…c est mes nouveaux employeurs (l entreprise precedente ou j avais un.bon poste ayant brule malheureusement ) qui n ont rien voulu entendre ni les suivants….
En fait on ne fait plus rien pour le maintien de l emploi des personnes en situation de handicap depuis plus de 10 ans…c est tout l.inverse

RQTH, mais pas d’AAH. Je travaille mais mon état de santé se dégrade, car je m’épuise au travail. Moi la retraite j’en profiterais pas.
Je me bats pour garder mon travail, je me bats pour avoir un logement descend, je me bats contre ma maladie, à 50 ans j’ai le corps d’une femme de 70 ans. Je suis épuisée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.