« Le CDD Tremplin, une chance quand on est éloigné de l’emploi ou qu’on a perdu confiance »

Publié le 16 novembre 2022 par Corinne Manoury
Man jumping over impossible or possible over cliff on sunset bac
Les médecins avaient dit à Vincent qu'il lui serait difficile de retrouver du travail. Et pourtant… © Jigsawstocker sur Freepik

Alors qu’on lui prédisait un avenir sombre, avec les minima sociaux pour seules ressources, Vincent Souply, 27 ans, a su rebondir. Combatif et motivé, il s’est reconverti, naviguant de l’alternance au CDD Tremplin. Aujourd’hui, c’est lui qui accompagne vers l’emploi des personnes qui en sont éloignées. Il témoigne de ce parcours à l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées.

Il suffit parfois d’une rencontre pour conjurer le sort. Sort non pas jeté ici par une méchante fée, mais d’une certaine façon par des médecins.

Au lendemain d’un accident de voiture qui lui a laissé des séquelles – disques cassés, nerf sciatique abîmé… – Vincent Souply s’entend dire qu’il lui sera difficile de retrouver du travail. Qu’il devra « apprendre à vivre au RSA ou aux crochets de sa femme ». Sombre perspective ! Il n’a que 22 ans et est père de deux enfants.

De fait, il est licencié pour inaptitude au poste d’électrotechnicien qu’il occupait. Il tente alors l’intérim. « Je ne considérais pas mon handicap comme un frein et surtout, je voulais travailler », dit-il. Mais il ne tient pas plus de trois semaines à chaque mission, « à cause des douleurs et de la fatigue ». Et passe surtout pour un fainéant.

La médiation pour réduire l’écart entre la personne et l’institution

À cette époque, ses parents sont en instance de divorce. Dans l’entourage de sa mère, un travailleur social lui dit qu’il ferait un excellent médiateur. Ce sont la rencontre et les paroles dont il avait besoin. Il creuse la piste de ce métier qu’il définit comme celui d’un « facilitateur, un créateur de lien qui réduit l’écart entre la personne aidée et l’institution ».

Vincent trouve une formation en alternance et fait ses premiers pas au centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville (Meurthe-et-Moselle). Apprenant notamment l’écoute active et, surtout, à orienter ses interlocuteurs en fonction de leurs besoins et de leurs demandes.

Son titre professionnel obtenu, il intègre en 2020 l’association nancéenne Réciprocité. Une structure de l’insertion par l’activité économique qui propose des services de proximité, comme de la médiation d’accès aux droits. Dans le cadre de son CDD d’insertion, Vincent y bénéficie d’un accompagnement socio-professionnel.

Vers un emploi pérenne avec le CDD Tremplin

C’est ainsi que le conseiller en insertion professionnelle pense à lui pour un poste chez APF Entreprises, à Ludres, en Meurthe-et-Moselle. L’entreprise adaptée et le chantier d’insertion entretenant des liens étroits, notamment pour l’accompagnement vers l’emploi des personnes handicapées.

« C’était une super perspective. Au chantier d’insertion, je ne travaillais que 28 heures par semaine pour 800 euros mensuels. Pas de quoi faire vivre ma famille, explique Vincent. C’était surtout l’occasion de mettre en œuvre mon nouveau projet professionnel : devenir moi-même conseiller en insertion professionnelle. »

Du CDDI, le jeune homme, qui a à présent 27 ans, passe au CDD Tremplin. Un dispositif expérimental, d’une durée de 4 à 24 mois renouvelable, dont l’objectif est l’accompagnement vers le milieu ordinaire. Il continue de se former tout en conseillant ses alter ego en CDD Tremplin sur leur projet professionnel.

Lever tous les freins pour pouvoir travailler

« Ça passe par des enquêtes métier, des mises en situation professionnelle, détaille-t-il. Je les aide à trouver un emploi pérenne avant la fin de leur CDD Tremplin. En levant les freins sociaux, garde d’enfants ou mobilité. Les freins linguistiques aussi, car il y a des personnes étrangères, sourdes, muettes… Ce qui est un frein pour l’un ne l’est pas forcément pour un autre. »

Et de conclure : « C’est une réelle chance d’avoir du travail et d’être accompagné dans le cadre d’un CDD Tremplin quand on est éloigné de l’emploi ou qu’on a perdu confiance. Ce serait bien que ça continue d’exister au-delà de l’expérimentation. Bien aussi qu’il y ait une plus grande porosité entre les structures, comme nous le pratiquons ici, à Ludres. Le CDDI est un outil proche. » Un décloisonnement des champs de de l’insertion et du handicap qu’APF France handicap appelle effectivement de ses vœux dans son dossier sur les “exclus de l’emploi”.

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