Vanessa Malet : « Une toute petite chose peut apporter un grand confort »

Vanessa Malet, 32 ans, a dû cesser son activité d’infirmière en oncologie à cause de graves problèmes de dos. Forte de son expérience douloureuse et de celle de ses anciens patients, elle développe Mon Carré Doux. Un dispositif pour limiter les souffrances liées aux frottements sur la peau, causés par les ceintures de sécurité auto, les sacs ou des dispositifs médicaux. Le 8 novembre 2022, elle a remporté le trophée h’up entrepreneurs dans la catégorie créateurs.

« Très jeune, j’ai aidé mes grands-parents dans leur vie quotidienne. À 16 ans, étudiante, je suis allée travailler en maison de retraite. Bref, très tôt, j’ai ressenti un grand attrait pour les relations humaines et le prendre soin. Je ne me suis donc pas posé de questions sur ce que serait mon métier : infirmière.

Une création avec des malades

J’ai été diplômée en 2012. Avec, dès ma troisième année d’études, la volonté d’intervenir en oncologie. Ce que j’ai effectivement fait, au fil des divers postes que j’ai occupés ici et là, à l’hôpital : en pneumologie, en néphrologie… Ensuite, j’ai choisi d’intervenir en libéral. Je gérais plusieurs hospitalisations à domicile. J’avais deux temps plein… J’étais vraiment amoureuse de mon métier, mais mon dos, lui, n’a pas tenu.

J’ai la maladie de Scheuermann, une maladie de croissance qui déforme la colonne vertébrale, diagnostiquée tardivement , en 2012, et mal prise en charge pendant mon adolescence. J’avais des douleurs depuis l’âge de 12 ans mais tout le monde autour de moi s’accordait pour croire qu’avec le sport, je m’en sortirais. Hélas, non.

Aujourd’hui, cette maladie m’empêche de rester infirmière. J’ai subi six opérations et la dernière a beaucoup touché les nerfs sensitifs. Résultat : je ne peux pas m’asseoir, je vis debout ou semi-allongée avec d’énormes déficits musculaires et ne peux plus porter de charges. Je ne supporte plus le contact de vêtements sur mon dos.

Alors, dans mon quotidien, je cherche toujours des outils pour me soulager et vivre. Je sais donc qu’une toute petite chose peut apporter un grand confort. Au fil de mon parcours professionnel, j’ai d’ailleurs recueilli de nombreux témoignages de patients atteints de cancers, gênés par une ceinture de sécurité auto, par bandoulières de sacs, etc. Alors, forte de cette double expérience personnelle, avec la douleur chronique, et professionnelle avec les patients suivis en oncologie, j’ai eu l’idée de concevoir, avec eux, Carré doux.

Un trophée mérité

Le but ? Éviter les frottements et les points d’appui qui causent des douleurs. Le premier prototype est sorti en décembre 2020. J’en ai testé plusieurs auprès de patients avec lesquels j’avais gardé contact. J’ai vraiment créé ce coussin avec eux. Il est au point depuis mai dernier et fabriqué par une entreprise adaptée près de Saint-Étienne. Il se compose de matières biosourcées et recyclées. Il est disponible sur mon site Internet et je démarche les associations pour qu’elles puissent en offrir aux établissements de santé.

Outre les personnes atteintes de cancer, il peut soulager celles qui portent des pacemakers, défibrillateurs ou encore des implants pour insuline ou des implants médullaires. Il apporte aussi du bien-être autour de certaines cicatrices.

J’ai candidaté aux trophées h’up entrepreneurs car, depuis ma première opération, on me met des bâtons dans les roues pour travailler. Je voulais montrer que le handicap n’enlève rien à nos capacités ou à notre potentiel. Cette candidature représentait aussi pour moi une façon d’accepter mon handicap. Parce qu’il n’est pas si simple de vivre en dos nu et de découper tous mes vêtements. Moi je crois que tout le monde a sa place. Et ce trophée renforce ma conviction, autant qu’il me permet de donner davantage de légitimité à mon produit et à ma démarche. »