Rendez-vous lecture du vendredi

Comment avancer parmi et avec les autres quand on est justement pas comme les autres ? Comment faire pour ne plus redouter le regard qui juge, condamne et stigmatise ? Deux témoignages racontent, chacun à leur façon, le douloureux parcours de la différence.

Cap de se reconstruire

Née polymalformée en raison de la maladie des brides amniotiques^*, Clémence a enchaîné les chirurgies destinées à lui offrir le plus de liberté et d’autonomie possible. Jusqu’à trente interventions ! Elle relate, ici, son long et sinueux parcours chirurgical. Une enfance rythmée par des départs au bloc. Une vie faite de blessures (visage asymétrique traversé de cicatrices, doigts amputés, pied mal vascularisé), au point de s’y perdre, de consumer sa jeunesse, de courir après des petits bonheurs et de se détourner de l’essentiel. Elle s’en rend compte à la suite d’un burn-out salvateur.

En effet, elle prend conscience de ses failles et de ses erreurs, se découvre. Elle apprend à faire confiance et à lâcher prise, à « faire le deuil de ce que l’on ne sera jamais », à ne pas « idéaliser les vies que l’on n’a pas ». Cette crise existentielle lui permet de repartir de zéro, de se reconstruire. Elle prend enfin soin d’elle, s’empare de son destin, en faisant de ses épreuves traversées une force.

C’est cette histoire qu’elle délivre, témoignant combien cette pause introspective a été un « exercice inconfortable mais crucial ». La menant à accepter son corps et son destin. Une histoire en partage, possiblement plus efficace qu’un manuel de développement personnel, pour renouer avec la joie de vivre. Élise Jeanne

* Maladie causée par des parties du fœtus piégées par des fibres de bandes amniotiques dans l’utérus.

♦ Née comme ça, Clémence Bellanger, éd. bōld, 206 p., 17 €.

Rien ne va plus !

« Madame, Monsieur, après bilans, votre fils présente des troubles qui nous laissent penser que, très probablement, il serait… AUTISTE. » L’auteure revient, non sans humour, sur le « TGV 140 » dans lequel cette annonce propulse sa famille. En s’évertuant à « construire un bel autisme », cette maman se perd et néglige l’essentiel. Une « autistite aiguë » la plonge alors dans une introspection sans complaisance. Un récit touchant qui nous invite à changer notre regard sur l’autisme. Céline Roman

♦ Ça va aller ! Daisy @Daisy.dessine, éd. Jouvence, 226 p., 17,90 €.