Pour que handicap et isolement n’aillent plus de pair

Publié le 23 janvier 2023 par Corinne Manoury
Face Expressions Illustrations Emotions Feelings
En 2018, une enquête du Credoc pour la Fondation de France faisait état de 32 % de personnes en situation de handicap ou atteintes de maladie chronique souffrant de solitude. Et aujourd'hui ?

Un Français sur cinq souffrirait de solitude*. Un rapport qui monte à un sur trois** pour les personnes en situation de handicap. Fatigue, problèmes de mobilité, temps consacré aux soins ou aux démarches administratives, stigmatisation renforcent leur isolement et pas seulement en zone rurale. Focus sur trois initiatives qui permettent de recréer du lien en ville.

À Toulouse, l’émulation et l’insertion avec le Café & Co

Deux-cent-cinquante membres et 50 adhérents. À peine trois mois après son inauguration, le 19 octobre 2022, les chiffres de fréquentation du Café & Co ont de quoi réjouir Sébastien Calvo, chargé d’insertion professionnelle à l’Asei et porteur du projet. Ce tiers-lieu, installé à Toulouse dans le quartier Jolimont, est né du constat d’un groupe de travail de jeunes en situation de handicap. Celui d’un fréquent « isolement et manque d’accompagnement professionnel au sortir des institutions ».

Café & Co, avec “Co” pour “co-working”, “cohésion”, “collaboration”, mais aussi “coopération” et “convivialité”, est donc à la fois un café associatif et un espace de formation. Un tiers-lieu animé par des personnes en situation de handicap – dont « la porte d’entrée n’est pas le handicap mais la mixité », précise Sébastien Calvo.

Au café, tenu par des bénévoles et où peuvent avoir lieu des événements, la première consommation, majorée d’un euro, permet de devenir membre. L’adhésion donne ensuite la possibilité d’accéder à l’ensemble de l’offre. C’est-à-dire les activités que proposent les adhérents – arts plastiques, sport ou sorties culturelles –, les formations – au numérique, au code de la route, à la recherche d’emploi, au maintien des acquis scolaires… – et l’atelier de podcast radio. Un outil pour travailler « la présentation, l’expression, la communication, l’écoute et la confiance en soi ».

Un tiers-lieu où chacun peut donc expérimenter, partager ses expériences et ses connaissances, proposer de nouvelles activités correspondant à ses envies ou à ses besoins. Avec pour objectif final de trouver une place en accord avec ses compétences et ses aspirations.

À Paris (et en ligne), une Maison perchée pour les « esprits singuliers »

Monter la communauté qu’ils auraient aimé trouver quand ils ont dû apprendre à vivre avec la maladie. Cette période charnière après une hospitalisation, où trois des quatre fondateurs de La Maison Perchée, bipolaires et schizophrène, se sont sentis bien seuls et démunis. Pour reprendre des études, chercher du travail, parler (ou pas) de leurs troubles psychiques et surtout se reconstruire.

Caroline, Maxime, Victoria et Lucille, fondateurs de La Maison Perchée, en compagnie d’Hana, responsable du programme d’accompagnement La Canopée © Guillaume Sudre

La Maison Perchée, c’est donc « la brique manquante du parcours de soins », selon les mots de Victoria, l’une des fondatrices. Une communauté de jeunes adultes de 18 à 40 ans, dont l’accompagnement est basé sur la pair-aidance.

Elle a vu le jour en ligne en juin 2020, avec la création d’une association et d’une plateforme. Elle va disposer, dès le 7 février prochain, d’un lieu d’accueil et d’un café au cœur de Paris, dans le quartier de République. Histoire de « remettre au centre » ceux qui ont plutôt l’habitude d’être cachés ou de se cacher.

L’espace sera d’ailleurs ouvert à tous les publics le matin, du lundi au vendredi. L’après-midi étant réservé aux adhérents et aux ateliers. « On pourra aussi venir juste pour se poser, boire un café, passer du temps à la bibliothèque », explique Victoria, qui constate avec plaisir qu’un bon nombre de personnes aidées deviennent à leur tour aidantes. Heureuses de rendre ce qu’on leur a donné. La Maison Perchée cherche d’ailleurs toujours des bénévoles.

En Seine-Saint-Denis, le jeu comme outil d’inclusion avec FaSol & Si

Le jeu pour réunir petits et grands. Les collégiens, les retraités, les personnes en situation de handicap, leurs proches et leurs aidants. « Quels que soient sa situation, son milieu, son pays », note Christelle Dubois, directrice de l’association FaSol, pour “Fabriquons la solidarité”.

Implantée depuis une dizaine d’années à Rosny-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, cette association qui s’est fait une spécialité de réemployer le bois, a ouvert en 2021 un tiers-lieu labellisé “autonomie dans mon quartier” par le département.

Géométruc, un jeu de société réalisé par des collégiens de Rosny-sous-Bois et Neuilly-Plaisance (93) © FaSol.

FaSol & Si (services d’inclusions), ce sont des locaux plus accessibles, où il est possible de manœuvrer en fauteuil roulant. Et de l’information, de l’orientation, des ateliers couture, menuiserie, numérique et théâtre… Un lieu d’accueil aussi pour les aides à domicile en pause ou à l’heure du déjeuner, entre deux interventions chez des bénéficiaires.

Il y a, bien sûr, des après-midi de jeux pour tous, de « 10 à 100 ans », les mercredis. Et également des propositions de création de jeux de A à Z, notamment auprès des collégiens. Deux jeux ont ainsi été créés, qui connaissent un certain succès. Et ça ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. Des personnes accompagnées par le Samsah voisin ont fait connaître leur intérêt pour la menuiserie, la couture et le bénévolat.

* Association Astrée, 2022.
** Selon une étude de la Fondation de France, 2018.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de Confidentialité de Google et l'application des Conditions d'Utilisation.