Maladie mentale : un documentaire sur l’irresponsabilité pénale

Publié le 9 février 2023 par Élise Descamps
Le documentaire Irresponsables pose le sujet de la prise en charge des meurtriers atteints de troubles psychiques.

Dans certains cas de meurtres, la justice déclare les auteurs irresponsables de leurs actes. Parmi eux, des personnes souffrant de troubles psychiques et notamment de schizophrénie paranoïde. Un documentaire analyse ce sujet sensible, plus complexe qu’il n’y paraît.

« N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes. » L’article 122-1 du Code pénal fonde l’irresponsabilité pénale. En clair : juger les “fous” n’aurait pas de sens.

Le documentaire Irresponsables, du réalisateur Alain Morvan, explore, via trois affaires, la prise en compte de ces meurtriers particuliers par le système judiciaire et de santé.

Des auteurs de crimes en rupture de soins

Les témoignages poignants de familles de victimes et de familles d’auteurs de crimes révèlent la détresse et l’incompréhension immenses face à des actes qui échappent à la raison. Une incompréhension que vivent également leurs auteurs. « J’ai fait ce que les voix m’ont dit de faire. Je n’ai rien pu faire pour l’empêcher. J’ai peur de moi-même», confie Georgio, SDF allemand meurtrier d’une femme de ménage à Metz en 2020. Magistrats, avocats, surveillante, psychiatres, les mettent en perspective. On découvre les services de détention à l’hôpital et les services de santé en prison. On apprend que la plupart des auteurs sont schizophrènes paranoïdes et en rupture de soins au moment des faits.

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Des cas reconnus pénalement irresponsables moins nombreux

Mais aussi que le nombre de cas reconnus comme pénalement irresponsables s’est effondré, notamment au profit de la simple altération du discernement, qui ne dispense pas de condamnation mais l’allège. Ce mouvement devrait s’accentuer. Depuis la loi du 24 janvier 2022 – post affaire Sarah Halimi, tuée en 2017 lors d’une bouffée délirante du meurtrier ayant consommé du cannabis –, l’irresponsabilité pénale ne s’applique plus si un lien est établi avec la consommation de substances psychoactives juste avant les faits « dans le dessein de commettre l’infraction ou une infraction de même nature ou d’en faciliter la commission ».

Des questions multiples

Les questions se bousculent. La personne serait-elle passée à l’acte si elle avait été bien prise en charge d’un point de vue psychiatrique ? Admettre qu’elle est, d’abord, malade, peut-il atténuer la douleur des familles ? La prison peut-elle être un lieu de soins psychiatriques ? Quel accompagnement des familles, celles des victimes et celles des meurtriers ?

Le documentaire a le mérite de ne pas trancher. Une seule certitude : la trop faible prise en charge de la maladie mentale dans notre société.

Documentaire de la société de production Nomades, à visionner sur France 3 Grand Est, jeudi 9 février 2023, à 22h50, puis en replay sur le site de France Télévisions. Suivi d’un débat en plateau.

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