Neuf années sans ressources en attendant la retraite

Publié le 3 mars 2020 par Franck Seuret
Depuis qu'elle est sans emploi, Daniel Barczyk dépend financièrement de son mari car elle ne rentre dans aucun des dispositifs existants.

Danielle Barczyk, devenue handicapée à 17 ans, est sans emploi depuis qu’elle a 50 ans. Elle n’a plus le droit aux allocations chômage qu’elle a perçues pendant trois années. Ni à une pension d’invalidité. Ni à l’AAH. Ni à la retraite anticipée. Elle attend son 62e anniversaire pour toucher sa pension de retraite.

Vivement la retraite ! Car pour Danielle Barczyk, c’est le seul moyen de pouvoir à nouveau percevoir des revenus. Aujourd’hui, cette Nordiste de 59 ans n’a le droit à rien bien qu’elle ait longtemps travaillé et qu’elle soit reconnue handicapée. Elle se retrouve financièrement dépendante de son mari, retraité.

Accidentée de la route à 17 ans

Retour en 1978. Danielle, alors âgée de 17 ans, est victime d’un accident de la route. Diagnostic : fracture de la colonne vertébrale, sans paralysie. Après le parcours classique hôpital-rééducation, elle démarre une carrière de préparatrice en pharmacie. Sans estimer nécessaire de demander la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) que les séquelles qu’elle a conservées lui auraient valu d’obtenir.

Elle travaille à temps plein d’abord. Puis à temps partiel lorsque son fils, son troisième enfant, est diagnostiqué autiste asperger, à 3 ans, en 2001.

Premier dossier MDPH en 2008

Les années passant, Danielle Barczyk ressent de plus en plus de douleurs. En 2008, elle se décide enfin à déposer un dossier à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Et obtient effectivement la RQTH ainsi qu’un taux d’incapacité de moins de 50 %.

Seulement 10 heures de travail par semaine

En 2010, son fils est exclu, à cause de son autisme, du collège où il était scolarisé. Son mari et elle lui trouvent alors une place dans une classe spécialisée pour les enfants atteints de troubles envahissants du développement. Mais c’est à Dunkerque, à plus de 100 kilomètres de chez eux.

Qu’à celle ne tienne : elle passera quatre jours là-bas avec lui pendant que son mari restera à Lens avec leurs deux filles. Cette nouvelle vie la contraint à réduire encore son temps de travail, à 10 heures hebdomadaire, en fin de semaine.

Au chômage à 50 ans

Mais Danielle fatigue. Et le nouveau propriétaire de la pharmacie s’accommode mal de cette organisation. En 2011, ils négocient donc une rupture conventionnelle. La Nordiste se retrouve alors au chômage. Elle a 50 ans. Et plus guère d’espoir de retrouver un emploi, vu ses déficiences physiques de plus en plus marquées.

En 2015, la MDPH fait d’ailleurs passer son taux d’incapacité dans la tranche des 50 – 79 % qui lui ouvre le bénéfice de l’AAH. Mais elle ne touche rien, car les revenus de son mari dépassent le plafond de ressources.

540 heures au lieu des 600 heures exigées

La pension d’invalidité, alors ? Celle-ci n’est pas dépendante des ressources du conjoint. Et la capacité de travail de Danielle Barczyk est bien réduite des deux tiers. Mais pour pouvoir prétendre à une pension, il faut aussi avoir travaillé au moins 600 heures au cours des 12 mois précédant l’interruption de travail ou la constatation de l’état d’invalidité.

Or, comme elle avait réduit drastiquement ses horaires pour pouvoir accompagner son fils autiste à Dunkerque, elle ne comptabilisait que 540 heures durant l’année.

Reconnaissance officielle de son handicap trop tardive

Et la retraite anticipée pour handicap ? Elle a travaillé suffisamment longtemps pour compter le nombre de trimestres d’assurance requis pour partir entre 55 et 59 ans. Mais elle ne peut justifier qu’elle était handicapée durant cette période. Bien qu’elle ait été victime d’un accident à 17 ans, elle n’a demandé sa RQTH qu’à l’âge de 47 ans… Beaucoup trop tard.

900 € de retraite

Depuis qu’elle a épuisé ses trois années d’allocations chômage, Danielle Barczyk ne touche plus rien. Il ne lui reste donc plus qu’à attendre l’âge légal de départ à la retraite. Soit 62 ans, qu’elle attendra en mai 2023. Elle percevra alors, complémentaire comprise, près de 900 €. « Il faut espérer que le gouvernement ne réintroduise pas l’âge pivot dans sa réforme des retraites, s’inquiète son mari. Sinon, il lui faudra patienter huit mois de plus… sans ressources. »

La dèche pour de nombreux travailleurs handicapés

La situation de Danielle Barczyk n’est malheureusement pas exceptionnelle. De nombreux travailleurs, usés par les années de labeur et/ou un handicap de jeunesse, sont de moins en moins aptes au travail, les années passant. 

Une récente étude de la Drees a montré, qu’entre leurs 50 ans et leur départ à la retraite, à 62 ans bien tassés, les travailleurs handicapés ont peu d’activité professionnelle. Moins de quatre ans en moyenne.

Ils doivent donc passer huit années sans salaire ni pension de retraite. Voire même sans aucune ressource, comme Danielle, s’ils ne remplissent pas les conditions pour percevoir l’AAH ou une pension d’invalidité.

Comment 4 commentaires

J AI 38 ANS HANDICAP LOURD DEPUIS 16 ANS J AI EU L aah DEPUIS 9 ANS SELUMENT POUR UN AN 0 CHAQUE FOIS DONC TOUJOURS FAIRE UNE NOUVELLE DEMANDE CHAQUE ANNEE
Je n aui plus jamais pu me remettre en couple car l éventuelle partenaire perdrait 900e si on se met ensemble .
qui voudrait un conjoint handicapé qui ne touche que 900e et qui devrait assumer cette somme a la place de la CAF si on est en coupler ?????????
C EST LA HONTE DU PAYS
Quand on voit la femme fillion qui a touche pendant 30 ans un salaire d assistante parlementaire en milliers d euros par mois sans JAMAIS travaillé

Bonjour,
Je suis exactement dans la même situation.
Je prépare ma demande de retraite et je pense que je vais avoir des clopinettes.
J’ai travaillé en contrat CES, pas de cotisations chômage.
J’ai travaillé pour une société de vente de produits de loisirs créatifs, très peu de cotisations au vu des ventes possibles à faire….
Un problème de santé grave, plus de sécu au bout d’un an.
Je l’ai appris à l’hôpital quand j’ai dû payer une radiologie en rapport avec mon anévrisme ( bien opéré).
Le médecin traitant a évalué un amoindrissement de mes capacités.
Je n’ai pas de pension.
Depuis 2009, je partage le salaire de mon mari, heureusement pas trop bas.
Mais bon! Je n’ai pas demandé à être malade, je cotisais jusque là.
Pas de considération pour une travailleuse en difficulté.
Merci de m’avoir lu.

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