Santé et mauvaise perception de soi, des freins à la pratique sportive des personnes handicapées

Publié le 18 novembre 2023 par Claudine Colozzi
L’absence de modèles apparaît aussi comme un frein important. 11,1 % n’ont pas d’exemples d’autres personnes en situation de handicap pratiquant une activité physique.

L’Institut de Santé Parasport Connecté (ISPC-Synergies) et APF France handicap ont dévoilé, vendredi 17 novembre, les résultats de l’enquête nationale “Activité physique, loisir et handicap”. L’accompagnement des personnes en situation de handicap apparaît plus que jamais nécessaire pour lever les nombreux freins persistants à la pratique d’une activité physique.

« Je pensais que l’activité me demanderait trop d’efforts. »  « Je ne me pensais pas capable de faire une activité physique. » Lors d’un colloque organisé au Conseil économique social et environnemental (Cese), le 17 novembre, consacré au parasport santé, l’Institut de Santé Parasport Connecté (ISPC-Synergies) et APF France handicap ont dévoilé en avant-première les résultats d’une enquête nationale initiée en partenariat.

« C’est la première enquête nationale transversale centrée sur l’activité physique de loisir, explique Vincent Carpentier, médecin de médecine physique et de réadaptation (MPR) à l’Institut de Santé Parasport Connecté (ISCP-Synergies). L’idée était de voir ce que la pratique sportive représente dans la vie des personnes en situation de handicap. Et d’identifier les freins qui demeurent. »

L’activité physique : un atout pour la qualité de vie et le lien social

769 personnes en situation de handicap (56,2 % de femmes et 43,3 % d’hommes), sans restriction d’âge (enfants et adultes) ont répondu au questionnaire entre le 20 avril et le 19 juillet 2023. 71 % des répondants sont porteurs d’un handicap physique et 22 %, polyhandicapés. Plus de 90, 9 % vivent à domicile, les autres en établissement médico-social.

Selon 70,4 % des répondants, la pratique d’une activité physique permet d’améliorer leur santé. 59,6 % de satisfaire un besoin de bouger, de faire du sport. 51 % d’avoir des moments de partage avec d’autres personnes. Seuls 11 % d’entre eux sont motivés par un besoin de compétition. « Une grande majorité considère l’activité physique comme un élément de qualité de vie, mais aussi un vecteur essentiel de socialisation », note Vincent Carpentier.

Enfin, plus de la moitié des répondants (57,1 %) a une pratique solitaire ou en autonomie tandis que 24,7 % fréquentent un centre sportif. Et 22,5 % se font accompagner par un coach sportif ou un enseignant en activité physique adaptée (EAPA).

Santé, manque de confiance en soi et absence de modèles : des freins importants

La santé et une mauvaise perception de soi apparaissent comme des freins essentiels à la pratique d’une activité physique. « 25,4% ont déjà renoncé car ils se sentaient fatigués ou avaient peur de se blesser, détaille Vincent Carpentier. 27, 2% avaient mal. Ou encore 19, 5 % n’étaient pas assez en forme ou pensaient que l’activité leur demanderait trop d’efforts. »

De plus, pour la moitié des personnes interrogées, la perception qu’elles ont de leurs capacités à faire du sport influe fortement sur leur engagement dans une activité physique. Ainsi, 24,4 % manquent de motivation. 11, 3 % ne se jugent pas capables de faire une activité physique. 11,6 % ne savent pas comment faire tandis que 7% sont gênées par le regard des autres.

L’absence de modèles apparaît aussi comme un frein important. 11,1 % n’ont pas d’exemples d’autres personnes en situation de handicap pratiquant une activité physique. Le rôle de la famille, tout comme celui des amis, conditionne aussi cette pratique. Moins ils s’impliquent, moins les personnes jugent important d’avoir une activité physique.

Renforcer l’accompagnement des personnes en situation de handicap : une nécessité

Autres freins cités : l’éloignement du lieu de pratique (19 %), le manque de transports adaptés (14,2 %), l’absence d’équipements sportifs adaptés (7,5 %). De même que le coût (18,8 %), l’absence de séances adaptées au handicap (19,9 %) et un manque d’horaires satisfaisants (12,7 %).

On comprend mieux les difficultés à se projeter dans la mise en place d’une activité physique. « Au vu des résultats, on voit bien combien les professionnels de santé, comme les enseignants en activité physique adaptée (APA), ont un rôle clé à jouer, analyse Vincent Carpentier. Dans les messages à faire passer et l’accompagnement pour lever les freins. »

De fait, la nécessité de mieux suivre individuellement les personnes en situation de handicap dans leur décision apparait comme nécessaire. L’Institut de Santé Parasport Connecté (ISPC-Synergies) propose ainsi un parcours intitulé “aller vers” avec une équipe dédiée. Sa mission ? L’accompagnement des personnes en situation de handicap dans leur cadre de vie quotidien, en faisant le lien avec un club de sport identifié. Une initiative qui pourrait inspirer d’autres structures.

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