Les travailleurs handicapés surexposés aux risques professionnels

Publié le 10 juin 2024 par Emma Lepic
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Même s'ils sont plutôt moins confrontés au port de charges lourdes, les travailleurs handicapés restent davantage soumis à des bruits intenses (27 %) contre 18 % dans la population active générale. © AdobeStock

Plus d’un salarié handicapé sur deux déclare exécuter des gestes répétitifs et manquer d’opportunités de carrière. Un sur quatre a peur de ne pas retrouver du travail si jamais il perdait le sien. C’est ce que révèle une récente étude du ministère du Travail. Et même s’il baisse, le taux de chômage des personnes en situation de handicap demeure deux fois plus élevé que celui de la population générale.

Manque d’autonomie et de marges de manœuvre, pénibilité physique, intensité du travail, manque de reconnaissance…, sur les huit risques professionnels existants*, les salariés en situation de handicap se trouvent surexposés à sept ! Et plus encore si un problème de santé durable combine ses effets avec le handicap. C’est ce qui ressort d’une récente enquête de la Dares, un organisme public de statistiques piloté par le ministère du Travail.

Les salariés handicapés plus souvent soumis à la pénibilité physique

Ainsi, près d’un sur quatre (24 %) affirme ne pas avoir la liberté d’organiser son travail comme il le souhaite. Ils sont moins d’un sur cinq (18 %) à éprouver ce sentiment tous salariés confondus. Question pénibilité du travail, plus d’un salarié handicapé sur deux exécute des gestes répétitifs (contre quatre sur dix). Et même s’ils sont plutôt moins exposés au port de charges lourdes, ils restent davantage confrontés, par exemple, à des bruits intenses (27 % contre 18 %).

Rien de surprenant donc, autre donnée de l’étude, à ce qu’ils subissent plus d’accidents du travail. En 2019, année de recueil des données, ils ont ainsi été plus fréquemment en arrêt au-delà de trois mois que la population salariée globale.

Peur très marquée de ne pas retrouver de travail

Autres inégalités, le « manque de soutien et de reconnaissance » et « l’instabilité du poste de travail ». Conséquence : moins d’opportunités de carrière. Un salarié handicapé sur deux dit ainsi être mal ou très mal payé et manquer de perspectives professionnelles (36 % et 44 % de la population salariée). De plus, un quart (24%) exprime des craintes pour son emploi dans les douze mois. Et s’il devait passer par case France Travail, un sur deux (49 %) pense peiner à retrouver un emploi.

Les auteurs de l’étude précisent que l’explication de ces risques professionnels aggravés ne tient pas à la sociologie des travailleurs handicapés. Certes, 46 % d’entre eux ont plus de 50 ans (contre 29 %). Oui, ils sont plus fréquemment ouvriers et employés (70 % contre 53 %). Effectivement enfin, ils occupent plus souvent des temps partiels (34 % contre 18 %). Mais les données statistiques ont été corrigées de ces biais, pour garantir une comparaison de populations aux caractéristiques socio-démographiques semblables.

Un taux d’activité toujours en berne

L’étude s’inscrit dans un contexte plus large, dans lequel les personnes handicapées peinent à trouver leur place sur le marché du travail. En effet, fin 2022, leur taux d’activité plafonnait à 38 %, la moitié de celui de la population générale en âge de travailler. De quoi relativiser les effets de la baisse du chômage. À 12 %, actuellement, il diminue, mais demeure deux fois plus élevé que celui de la population générale. Le plein-emploi des personnes handicapées doit encore attendre…

* Et aussi exigences émotionnelles, instabilité du poste, contraintes d’organisation du temps de travail, conflits de valeur, manque de soutien social et de reconnaissance.

[SEEPH 2023] Le taux de chômage des travailleurs handicapés ne baisse pas que pour de bonnes raisons

Comment 1 commentaire

Tellement SOLIDAIRE
J ai été licenciée en 2019 ,refus de télétravail par une Grande Banque en région Bretagne. On m’avait proposé une mutation en région parisienne d’où je venais 6 ans plus tôt après un grave accident vasculaire cérébral qui m’a laissé paralysée tout le côté droit.
Bref cette proposition, je l’ai ressenti comme “LA PORTE ou La Porte !”
Je n’ai pas retrouvé d’emploi à temps partiel 50 % après avec + de 20 ans d’expérience dans le secteur bancaire…

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