Sans-abri et en situation de handicap : « Si on voulait fabriquer des clochards, on ne s’y prendrait pas autrement »

Publié le 1 décembre 2021 par Franck Seuret
Marc, 58 ans, est sans domicile fixe, à Paris. Il a du mal à marcher et se déplace régulièrement en fauteuil roulant. ©Benjamin Laurent.

Une équipe de recherche a interrogé 30 personnes sans-abri, atteintes de déficiences motrices et/ou sensorielles. Elle a mis en évidence qu’elles renonçaient à avoir recours aux dispositifs d’urgence sociale, inadaptés à leurs besoins. Entretien avec Stéphane Rullac, professeur en innovation sociale à la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HETSL, HES-SO).

Faire-face.fr : Quels sont les enseignements de votre étude  ?

Stéphane Rullac a copiloté cette étude. © DR

Stéphane Rullac : Les déficiences motrices et/ou sensorielles constituent un frein à l’accès aux dispositifs d’accueil, d’hébergement et d’insertion (AHI) : centres d’hébergement d’urgence, accueils de jour… Cela peut paraître paradoxal, car le handicap ouvre droit à une priorité à l’entrée. Lorsqu’elles appellent le 115, par exemple, les personnes aveugles ou en fauteuil roulant ont la quasi-certitude d’obtenir un lit. Le problème, c’est que, sauf exception, elles y vivent des expériences particulièrement négatives. Elles finissent donc par renoncer à l’hébergement d’urgence. C’est ce que montre notre étude.

Les quatre étapes-clés d’une trajectoire de non-recours à l’urgence sociale.

F-F.fr : Quelles sont ces “expériences négatives” ?

S.R : Hormis comme critère d’entrée prioritaire, la question des déficiences motrices et/ou sensorielles n’est pas prise en compte dans l’urgence sociale. Les établissements ne sont donc pas systématiquement accessibles : marches, toilettes non adaptées, absence de traducteur en langue des signes, etc.

La personne handicapée n’est pas prise en compte dans sa globalité. »

Mais surtout, il n’y a pas d’accompagnement sur les besoins et les droits spécifiques des personnes handicapées. Les professionnels de l’AHI considèrent que cela relève de leurs collègues du secteur médico-social. La personne handicapée n’est donc pas prise en compte dans sa globalité, avec ses déficiences, mais seulement comme un sans-abri parmi d’autres.

F-F.fr : Quelles en sont les conséquences ?

S.R : L’entrée prioritaire dans l’hébergement d’urgence, au nom d’une déficience, se traduit par une très forte désillusion quand la prise en charge n’intègre plus du tout cette dimension. Alors, les personnes handicapées s’en détournent. Si on voulait fabriquer des clochards, on ne s’y prendrait pas autrement.

Et c’est l’enfer qui leur tombe dessus. »

F-F.fr : Que se passe-t-il alors ?

S.R : Au début du parcours des sans-abri, la rue n’est qu’un passage obligé. Ils y passent la nuit, lorsqu’ils ne trouvent pas de place chez un ami, dans un squat, au 115… Mais lorsqu’ils s’auto-excluent de l’hébergement d’urgence, la rue devient leur quotidien. Et c’est l’enfer qui leur tombe dessus.

Ils finissent par y mourir prématurément, comme tant d’autres. En 2019, un collectif a recensé 659 décès dans la rue de personnes sans chez soi. Elles avaient 50 ans, en moyenne, contre 79 ans en population générale.

Il devrait y avoir un référent handicap dans chaque établissement. »

F-F.fr : Que préconisez-vous ?

S.R : Il faut d’abord intégrer la prise en compte des situations de handicap dans les politiques d’urgence sociale. Un tel socle de légitimation permettra une résonance sur l’ensemble des dispositifs et institutions.

Les secteurs AHI et médico-sociaux ne peuvent plus continuer à travailler chacun dans leur couloir. Ils doivent se rapprocher. Il est également nécessaire que les professionnels de l’urgence sociale renforcent leurs compétences sur les multiples vulnérabilités des personnes sans-abri. De plus, un référent handicap devrait être désigné dans chaque service et établissement de l’urgence sociale.

Il faut aussi prioriser les personnes SDF avec une déficience motrice et/ou sensorielle dans les programmes de logement, inclusif notamment.

Une population méconnue

« Nous ne savons pas combien de personnes handicapées vivent aujourd’hui dans la rue », explique Stéphane Rullac.

Selon l’Insee, en 2012, 10 % des adultes sans-domicile nés en France bénéficiaient de l’allocation adulte handicapé (AAH) et 2 % d’une pension d’invalidité. Mais ce nombre ne donne qu’une vision non-actualisée et parcellaire, car tous les adultes handicapés ne sont pas éligibles à l’AAH. Et les personnes en situation irrégulière non plus.

Selon la Fondation Abbé Pierre, la France compte 300 000 SDF.

 

 

Comment 4 commentaires

mon Dieu! j’y suis pas encore mais à ce rythme sa pourrait venir,à la veille de mes 62 ans ,reconnu travailleur handicapé ,obligé de prendre ma retraite a 62 ans ,pas assez de trimestres cotisés,la carsat vient de m’annoncer le montant de ma retraite par ecrit 301,45 euros,sa suffit juste pour payer mon loyer!!!!pffffff

Bonjour monsieur je m’appelle dramé mamady je suis né le 31/12/1967 en Guinée Conakry je suis arrivé ici en France depuis 1993 je fais la demande de titre de séjour plusieurs fois à la préfecture qui m’à toujours été refusée jusqu’à 2015 que j’avais fait un AVC qui m’avait paralysé le côté gauche ✋ et pied à l’hôpital Claude Bernard bichât que les médecins mont fait un certificat médical que je suis partie à la préfecture il m’ont fait un titre de séjour d’une année jusqu’à en fin 2018 la préfecture à refusée de me le renouveler que je peux rentrer dans mon pays d’origine pour me faire soigner là-bas comme je suis reconnue comme handicapés par la MDPH j’ai ma carte je prends 12 médicament différents chaque jour je suis sans domicile fixe j’étais obligé d’appelé le 115 qui m’ont mis dans une hôtel au troisième étage depuis que je suis arrivé une semaine seulement l’ascenseur ne fonctionne plus ils m’ont dit que si je peux pas rester dé Partir qu’il peut pas réparé l’ascenseur pour moi pour monté c’est compliqué et pour descendre le matin Un autre problème j’ai pas de ressources car la CAF me dis que si ma carte de séjour n’es pas renouveler que j’ai de l’argent là-bas qu’ils peuvent pas me le donner je souffre grave monsieur svp aidez moi j’ai même envie de quitter ce monde là aujourd’hui tellement je suis fatiguée même pour trouvé à mangé c’est un problème je vous remercie de votre compréhension

Bonjour,
61 ans et vivant dans mon véhicule. AAH partielle. Il n’y pas de problème puisqu’il n’y a pas de solution !
Je n’ai pas besoin d’aucune structure puisque j’ai encore de l’autonomie. J’ai vécu la précarité alimentaire et financière.
Je n’ai aucune garantie sur le montant de mon AAH.
Ce n’est pas tous les jours facile, le froid, l’humidité, l’inconfort,…
Je ne vois pas bien ce que je vais devenir

Bonjour je suis MD descroix Sandrine
Je suis connu par mdph
80% j’ai des difficultés physique sourde mal entendante jetend pas trop bien
Je suis sans 2;ans je dors a la rue.on peu me torturé vivante j’entends pas du tout a mon someille j’ai peur aider moi merci

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