Après le décès, une double épreuve pour les aidants

Publié le 5 octobre 2022 par Franck Seuret
« Lorsque la personne aidée meurt, l'aidant dédommagé perd tous ses droits, témoigne Marie-Noëlle Lallement. Du jour au lendemain, la société nous laisse tomber alors qu'on a rempli pendant des années une mission de service public. »

Journée nationale des aidants le 6 octobre – Quand la personne aidée décède, l’aidant doit, bien sûr, faire son deuil. Mais il doit aussi assumer la perte de son statut et des droits qui vont avec. Marie-Noëlle Lallement, dont le fils polyhandicapé de 28 ans est mort en février dernier, témoigne. Elle  revendique une évolution de la législation pour laisser le temps aux parents d’enfants majeurs décédés de se retourner.

Marie-Noëlle Lallement s’est occupée de son fils polyhandicapé, à la maison, durant vingt-huit ans. © DR

« C’est incroyablement brutal. » Le fils de Marie-Noëlle Lallement est décédé en février, à 28 ans. « Yoann était polyhandicapé. On savait donc très bien qu’il était condamné à mourir assez jeune mais cela reste une épreuve extrêmement cruelle. Je ressens d’autant plus vivement son absence que je l’ai accompagné au quotidien, à la maison, depuis sa naissance. »

Sans revenu du jour au lendemain

À la douleur du deuil s’ajoute la perte d’un statut. « Lorsque la personne aidée meurt, l’aidant dédommagé perd tous ses droits. » Du jour au lendemain, Marie-Noëlle Lallement, qui percevait un dédommagement au titre de la prestation de compensation du handicap, s’est retrouvée sans revenu. Et sans possibilité de bénéficier d’une allocation chômage, puisqu’elle n’était pas salariée de son fils.

Un CV peu fourni

« Pour la retraite, jusqu’alors, j’étais affiliée gratuitement à l’assurance vieillesse du parent au foyer. Ça aussi, c’est fini. » En attendant d’avoir atteint l’âge légal de la retraite [62 ans], il va falloir qu’elle trouve du travail. Un sacré défi puisque, à 54 ans, son dernier emploi remonte à ses 26 ans.

« Je pensais que mon expérience d’aidante familiale pourrait intéresser des services d’aide à la personne. Mais j’ai plutôt l’impression que cela leur fait peur. Aucun n’a donné suite à ma candidature alors même qu’ils assurent avoir du mal à recruter. » En attendant, elle assure des remplacements dans un Éhpad, comme agent de service hospitalier.

Des mesures pour les parents d’enfants décédés avant 25 ans, rien après

Elle anime aussi un collectif de familles qui revendique une évolution de la législation. « Le Gouvernement précédent l’a bien fait pour les parents d’enfants décédés avant l’âge de 25 ans », argumente-t-elle.

Depuis début 2022, les prestations familiales, comme l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé, sont en effet maintenues pendant trois mois. De plus, pendant douze mois, la Caf continue à prendre en compte l’enfant décédé pour le calcul du droit au RSA.

« Il ne devrait pas y avoir de limite d’âge » en cas de handicap

« Lorsqu’il s’agit du décès d’un enfant handicapé, il ne devrait pas y avoir de limite d’âge, insiste Marie-Noëlle Lallement. Un enfant qui n’est pas handicapé s’affranchit progressivement de ses parents en grandissant. Yoann, lui, était aussi dépendant de nous à 28 ans qu’à 5 ans. » 

Elle plaide donc a minima pour un maintien du dédommagement pendant trois mois ou, mieux encore, pour la possibilité de bénéficier des allocations chômage. Le temps de se retourner… et de commencer à faire son deuil.

Pas de VAE… pour le moment

Et la validation des acquis de l’expérience (VAE) ? Marie-Noëlle Lallement y avait bien pensé. La VAE permet, en effet, à toute personne ayant au moins trois ans d’expérience d’obtenir un diplôme ou un titre sans suivre aucune formation. « Mais cela ne marche pas pour les aidants familiaux », regrette-t-elle. La donne devrait cependant bientôt changer. Le projet de loi sur le plein-emploi, qu’a présenté le Gouvernement début septembre, prévoit en effet de leur ouvrir le bénéfice de la VAE.

Comment 10 commentaires

Bonjour
Je confirme … beau témoignage
Mais Quelles sont les aides pour les aidants quand les enfants décédés avaient 25 ans ?
Personnellement je n’en ai eu aucune…

Bonjour ma f

Ma fille handicapés est décédé est décédé à 9 ans aucun droit chômage une petit retraite le minimum
Je suis dégoûté

Vous avez tout à fait raison. Votre expérience est précieuse et fort utile qd depuis quelques années l’aide auprès des personnes handicapées jeunes ou âgées dépendante, se dégrade par manque d’expérience dans beaucoup de domaines et d’emploi d’aide à la personne, etc… Il est sûr que cette dame devrait être automatiquement pouvoir bénéficier d’1 VAE au plus bas mot, et d’un droit à pouvoir lui laisser le temps de souffler et de se reconvertir, vu le rôle majeur qu’elle a tenue pour facilité la vie à beaucoup de monde.
La difficulté étant aussi l’usure du a un tel niveau d’exigence, de profesionnalisme qu’elle a du mettre en place pour assumer cette activité 365jrs/365 jrs , pdt 28ans, jours et nuits, ce qui est lourd à gérer pendant les 6 premiers mois de l’arrivée d’1 nouveau né et qui là se poursuit non stop pendant 28ans…. Bravo, et Toutes mes plus Sincères Félicitations à Vous Madame , pour votre dévouement bienveillant auprès de votre fils pendant autant d’années, presque sans repis… C’est 1 activité à temps complet, sans prise de congés possible, bien trop souvent. Quand tout va bien , il est souvent possible de trouver des relais à droite et à gauche, mais quand il y a trop de surveillance, de soins lourds, les relais restent trop rares … C’est ainsi que ces mamans s’oublient pour permettre une vie digne à leur enfant qui grandit et meurt dans des conditions lourdes à supporter. Merci de pouvoir soutenir et accompagner ces personnes qui le méritent oh combien…
Nous sommes avec vous. Bon courage et bonne continuation. Cordialement. GTC.
Car tous les sacrifices que vous avez assumé pdt 28ans au titre de maman au début est devenu celui en plus tout en 1 , d’1 Ide, d’1 Aide Soignante , d’1 Aide à Domicile expérimentée, voire d’1 Educatrice, qui a su ecouter son enfant puis ado et adulte, l’accompagner et le soutenir, en s’étant formée seule sur le tas, avec patience, bienveillance, et succès au mieux pour son fils polyhandicapé et mérite bien ce minimum de reconnaissance, pour lui laisser le temps de se retourner de ce changement de situation brutal, souvent très épuisant, amenant aussi le temps à cette personne de vivre dignement après ce deuil déjà si lourd à digérer…

Mais que font les associations représentatives des aidants sur le sujet? Du genre Collectif Je t’Aide et Association Française des Aidants puisqu’elles travaillent dans la co-construction avec le gouvernement d’après Jean-Christophe Combe ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées! Aucune ne s’empare de ce sujet?

Je suis aussi maman d’un fils Yannick, tétraplégique, décédé à l’âge de 40 ans. J’ai donné toute ma vie à mon fils, essayé de travailler grâce à l’aide de mon mari, mais impossible, il avait besoin de moi 24/24. Donc je comprends très bien la situation de toutes ses mamans, ses papas qui ont abandonné leur métier. Je ne regrette rien. Il m’a beaucoup apporté, donné son amour. Toujours souriant et avenant malgré la souffrance. Le département a récupéré une grosse partie de son héritage (argent que nous mettions de côté pour l’achat de matériel très couteux) soit disant pour rembourser les aides accordées (une semaine par an en sortie groupe, taxi pour un accueil 2 fois par semaine, pour un contact avec d’autres personnes et des activités, telles que piscine, etc

Bonjour, je viens vers vous parce que le 7 octobre dernier, ma fille qui était handicapé de naissance est décédé justement j’étais aidant familial de ma propre fille. Justement aujourd’hui j’ai aucun droit je perçois rien quoi faire et je voulais savoir si il y avait pas un autre organisme qui pouvait donner des droits. Merci de m’avoir écouté. Bonne journée

Avoir vécue la même situation que vous et effectivement ce retrouver sans rien et ce débrouiller seul avec notre deuil et sans ressources si vous propose de voir psychologue mais heureusement nous sommes des mères courage

Avoir vécue la même situation que vous et effectivement ce retrouver sans rien et ce débrouiller seul avec notre deuil et sans ressources si vous propose de voir psychologue mais heureusement nous sommes des mères courage pour information ma fille sarra décédé était une fille courageuse de ce battre avec une maladie tres lourdes polyhandicape trisomie 5passociemonosomie3

Bonjour,
en gardant son fils plutôt que de le placer, elle a fait économiser énormément d’argent à l’état,
Quand j’ai entendu qu’une journée dans une ime vaut le salaire d’un mois de l’aidant j’ai était choqué…
Quels différences ? Il fait pourtant les mêmes gestes voir plus,
Au de son fils elle se retrouvent sans aides financières ???
La société ignore du jour au lendemain qu’elle a travaillée et n’a aucune reconnaissance ?
Arrêtons d’ignorer ce besoin d’argent oui je le répète” argent ” qui lui permet de vivre (manger, se loger)
Doit on finir Sdf en tant qu’aidant familiale après le décès de la personne aidée ??
L’état fait l’aveugle …?

Il devrait y avoir une allocation de soutien jusqu’à la retraite selon l’ancienneté

Par exemple si un aidant s’est occupé depuis plus de 15 ans d’un handicapé il est normal de créer une allocation de soutien d’aidant.
Par contre c’est bien différent d’un aidant familial qui n’a consacré moins de 5 ans.

Les associations n’ont encore jamais fait cette démarche pour aider les aidants familiaux

Les associations d’aidant cette maman à besoin de vous !

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