Ressentir la température sur sa main… amputée

Publié le 13 juin 2023 par Olivier Clot-Faybesse
Placé au bout d’une prothèse de doigt, le capteur de température MiniTouch transmet le signal au membre fantôme de la personne amputée. EPFL/Alain Herzog, CC BY SA

Une nouvelle technologie bionique permet à une personne amputée supérieure d’éprouver à nouveau la sensation de chaud ou de froid d’un objet depuis sa main fantôme. Développée à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, en Suisse, cette avancée ouvre de nouvelles possibilités pour des prothèses non invasives.

« Quand je touche mon moignon, je ressens des picotements dans ma main manquante, ma main fantôme. Mais ressentir un changement de température, c’est autre chose, quelque chose d’important… de merveilleux », témoigne Francesca Rossi. Avec 17 autres personnes, cette Italienne vient de participer à une étude menée par l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Hillary Sanctuary, EPFL), en Suisse, et destinée à tester les effets d’un retour sensoriel thermique à même la peau du moignon.

Reconnexion avec la main manquante

Surtout, la technologie développée à l’EPFL lui permet de se sentir “réunie” avec son membre fantôme. « Le retour sensoriel thermique est une sensation agréable, parce que tu ressens intégralement ton membre. Tu ne le ressens plus comme fantôme, il est à nouveau là ! »

Technique non invasive

Le retour sensoriel thermique est dispensé via des électrodes thermiques (dites “thermodes”) placées contre la peau du bras résiduel et un capteur spécifique, appelé MiniTouch, placé, lui, sur l’objet choisi – une tasse, par exemple. « Quand on stimule des points spécifiques sur le bras restant avec du chaud ou du froid, la perception se projette dans la main manquante, souligne le chercheur Solaiman Shokur, codirecteur de l’étude avec Silvestro Micera. On peut donner l’illusion au patient que nous réchauffons ses doigts absents. »

Ainsi les personnes amputées peuvent, comme Francesca Rossi, éprouver le chaud ou le froid d’un objet dans leur membre fantôme. Ou encore distinguer si elles touchent du cuivre, du plastique ou du verre. Point important : les patients perçoivent les sensations thermiques fantômes de la même manière qu’avec leur main valide.

Rendre les prothèses de main plus “vivantes”

Cette projection de sensations thermiques dans le membre fantôme et de retour d’information sensorielle ouvre la voie au développement d’une nouvelle technologie bionique, non invasive. Un premier pas vient donc d’être fait avec la conception, par les chercheurs de l’EPFL, du dispositif portable de retour sensoriel thermique MiniTouch. En effet, ce fin capteur est spécialement conçu pour s’intégrer dans la prothèse d’une personne amputée.

Se plaçant sur un doigt d’une prothèse de main, il détecte les informations sensorielles de l’objet touché, plus spécifiquement la conductivité thermique de l’objet, afin d’aider le porteur à discerner les objets. La prochaine étape concerne le réglage fin des sensations thermiques afin que la prothèse se rapproche encore plus d’une vraie main, ainsi que son intégration dans un dispositif adaptable à chaque patient.

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